Encouragé par la guerre à l’Est de la RD Congo : le SIDA rivalise d’ardeur avec le Mpox et la COVID
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Par Marcel Tshishiku
La sous-coordination locale du Programme National de Lutte contre le SIDA (PNLS) a enregistré, entre juin et septembre derniers, 1200 personnes vivant avec le VIH (PVV), dans les contrées de Beni-Butembo et Lubero (Nord-Kivu), dans l’Est du territoire de la République Démocratique du Congo.
Citée par radiookapi.net, cette structure a dévoilé ces chiffres dans son récent rapport publié, il y a quelques jours, à Beni.
Le PNLS précise que ces PVV suivent un traitement antirétroviral et que ces statistiques n’incluent que les personnes ayant fait un test de sérologie. Elle souligne que plusieurs autres cas non dépistés circulent encore dans la communauté et que de nombreuses personnes ignorent leur statut sérologique.
Pour le Dr Nicaise Mathe, responsable de la sous-coordination locale du PNLS, à Butembo, le nombre de PVV continue d’augmenter et cette montée des cas dépend en partie de l’insécurité qui prévaut dans cette contrée.
« Nous avons plusieurs structures attaquées, et les patients en suivi se sont dispersés. Nombreux ont fui les zones de conflit pour se réfugier dans les grands centres urbains. Cela a conduit à un afflux de malades dans les familles d’accueil, et, malheureusement, de nombreuses jeunes filles et femmes se sont retrouvées contraintes à la prostitution », le Dr Nicaise Mathe.
Des bombes à retardement
Dans le même ordre d’idées, le Dr Baba Mutuza, médecin-directeur de la clinique « Dieu est Grand » à Beni, affirme que, dans ces zones, la plupart des gens ignorent leur statut sérologique parce qu’ils ne font pas de test de dépistage.
« Est-ce que la plupart des gens connaissent leur statut sérologique ? La réponse est non. Faisons-nous des tests ? Oui. Communiquons-nous les résultats ? Pas toujours. À Beni, il existe des centres de counseling pour annoncer les résultats. Mais, tenez, depuis janvier, nous avons déjà effectué des tests sur près de 700 jeunes âgés de 15 à 25 ans, et plusieurs se sont révélés séropositifs. Ces jeunes sont comme des bombes à retardement », a redouté Dr Mutuza.
En ce qui les concerne, les analystes avisés estiment que, si dans des centres urbano-ruraux, les spécialistes parlent de « bombes à retardement », à plus forte raison dans la ville de Kinshasa, la situation doit être plus que catastrophique.
Ils appellent ainsi le Gouvernement de la République, en général, et son ministre de la Santé, en particulier, à prendre les dispositions qui s’imposent pour relancer la sensibilisation avec la même rigueur qu’à l’époque où le VIH/SIDA faisait bouger le monde et, par ricochet, la RD Congo.
L’objectif est d’amener la population à respecter les mesures de protection contre la « pandémie du siècle », autant que les gestes barrières recommandés contre le Mpox et COVID-19 qui, du reste, souffrent d’un relâchement dangereux.