Blanchiment criminel des ressources naturelles de la RDC : l’ONU exige des sanctions internationales contre les bénéficiaires
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Par TSM
La Cheffe de la Mission des Nations-Unies en République démocratique du Congo (MONUSCO), Bintou Keita, a indiqué que les défis importants subsistent en RDC, où au cours des derniers mois, les rivalités pour l’exploitation et le commerce des ressources naturelles ont encore attisé le conflit dans l’Est du pays. Elle a fait cette déclaration le lundi devant le Conseil de sécurité lors d’un point sur la situation de ce pays.
En Ituri, des profits ont bondi, a-t-elle déploré, avec l’expansion de l’extraction semi-mécanisée de l’or, faisant des groupes armés des entrepreneurs militarisés.
La conséquence est que les dirigeants communautaires et les forces gouvernementales épuisées luttent pour contenir les groupes armés, qui se sont renforcés à la fois militairement et financièrement, dit-elle.
Au Nord-Kivu, elle a déclaré que le M23 a établi un contrôle total sur la production de coltan dans les territoires de Masisi et de Rutshuru, et le commerce dans la région de Rubaya, qui devrait fournir plus de 15% de la production mondiale de tantale, génère environ 300.000 dollars par mois pour le groupe armé.
» Le blanchiment criminel des ressources naturelles de la RDC sorties clandestinement du pays renforce les groupes armés, maintient l’exploitation des populations civiles, dont certaines sont réduites à l’esclavage de facto, et sape les efforts de rétablissement de la paix « , a déclaré Bintou Keita.
La cheffe de la Mission onusienne en RDC a demandé que des sanctions internationales soient imposées à ceux qui profitent de ce commerce criminel, sans lesquelles » la paix restera insaisissable et les civils continueront de souffrir ».
Elle a notamment prévenu que malgré des progrès, la paix n’est pas encore gagnée en RDC, citant les affrontements armés, le trafic de minerais et le fléau de la violence sexiste qui font que les civils nécessitent toujours la protection de la mission de paix des Nations Unies, la MONUSCO.
Elle s’est également félicitée de la réduction considérable des combats depuis l’annonce d’un cessez-le-feu le 30 juillet entre le Rwanda et la RDC.
» Il existe aujourd’hui un cadre actif de dialogue entre la RDC et le Rwanda, et une perspective réelle de paix peut donc être envisagée « , a-t-elle ajouté, tout en mentionnant des progrès dans les processus politiques et budgétaires de la RDC, qui permettront au gouvernement de la Première ministre, Judith Suminwa, de mettre en œuvre son programme.
Selon cette Représentante spéciale du Secrétaire général pour la RDC, la neutralisation des ADF au Nord-Kivu et en Ituri, après le record de 272 civils tués par ce groupe armé en juin dernier, demeure une priorité de la mission de paix des Nations-Unies.
Concernant l’aide humanitaire, Mme Bintou Keita, a signalé que les donateurs ont déjà versé plus d’un milliard de dollars, mais les niveaux records de financement attendus cette année resteront inférieurs aux quelques 2,6 milliards de dollars nécessaires pour secourir les 8,7 millions de personnes les plus vulnérables en 2024.
Elle a signifié notamment que le pays est confronté à d’autres défis. Les 2,4 millions de personnes déplacées, pour beaucoup d’entre elles dans des sites surpeuplés, sont particulièrement vulnérables aux maladies. Et la RDC, qui compte la majorité des cas de Mpox (variole simienne) en Afrique, représente l’épicentre d’une épidémie qui touche déjà 15 pays du continent.
La Représentante spéciale a aussi déploré la montée des tensions politiques et l’inquiétude des partis d’opposition face aux restrictions des libertés, rappelant au gouvernement que la poursuite des réformes, le renforcement de la confiance et de la cohésion nationale constituent des antidotes aux appels à la rébellion armée.
Face aux risques multiples qu’encourt la RDC, Mme Keita a préconisé un soutien aux efforts de paix dans les zones de conflits. Depuis le départ de la MONUSCO de la province du Sud-Kivu, poursuit-elle, l’ONU maintient des mécanismes de protection non armée des civils, mais la cheffe de la mission rappelle la nécessité d’outils permanents de prévention, gestion et résolution des conflits.
La création d’un Centre de coordination et d’opérations conjointes avec les forces armées congolaises (FARDC) à Bunia, en Ituri, a réduit le temps de réaction à une alerte à moins de 15 minutes, et l’intervention conjointe des deux forces il y a dix jours a mis fin à une attaque du groupe armé CODECO.