Procès Corneille Nangaa et consorts : Intéressantes révélations d’Eric Nkuba, un des accusés
Partager
Par YHR
Eric Nkuba, un des accusés dans le procès Corneille Nangaa et consorts, a fait d’intéressantes révélations hier jeudi 25 juillet, lors de sa comparution devant la Cour Militaire. Nkuba a parlé de ses liens avec des figures militaires de la région.
L’homme a admis avoir organisé des réunions à Kigali, mentionnant le Général rwandais Jean-Paul Nyirubutama comme un ami et partenaire de sécurité civil. « Kigali n’était que le point de rencontre. On avait des amis à l’étranger, mais à Kigali, c’est moi qui organisais tout. »
Le lien le plus notable est celui avec le Général Muhoozi Kainerugaba, fils du président ougandais Yoweri Museveni. Nkuba a expliqué que lors de leurs séjours en Ouganda, ils logeaient dans les appartements de Muhoozi.
Ces révélations sont intervenues dans un contexte de vives réactions, suite à un rapport récent d’experts de l’ONU, affirmant que des membres des services de renseignements ougandais ont apportés « un soutien actif au M23 dans l’Est de la RDC. »
Le premier jour du procès
La Cour Militaire de Kinshasa/Gombe, siégeant en audience foraine à la prison militaire de Ndolo, avait débuté le mercredi 24 juillet avec l’examen de l’affaire Corneille Nangaa, ancien président de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) et dirigeant politique du mouvement politico-militaire Alliance Fleuve Congo (AFC), et de 24 autres prévenus, poursuivis pour crimes de guerre, participation à un mouvement insurrectionnel et trahison. Après l’identification des prévenus et les premières questions, la Cour avait poursuivi l’affaire hier jeudi 25 juillet, pour permettre aux avocats de la défense d’accéder aux différentes pièces.
Une remise de huit jours rejetée
Réagissant à la demande de la défense, qui sollicitait une remise de huit jours, le premier président de la Cour militaire Kinshasa/Gombe, Jean-Robert Efomi Lonteyandjoko, a attiré l’attention des avocats de la défense sur la gravité de la situation sécuritaire dans l’Est de la République Démocratique du Congo. Pour le magistrat, ce procès a un caractère « pédagogique ».
« Il y a une précision de taille. Parler du mémoire unique à ce stade, aucun argument ne pourrait justifier cela parce qu’une question de fond vient d’être posée; le prévenu a répondu. Comprenez que la procédure est claire. Vous aimez bien parler de mémoire unique mais dès lors que des questions de fond sont abordées ça n’en vaut pas la peine. Éric Nkuba (prévenu) vient de répondre à une question de fond. Il a reconnu sans ambages son appartenance au mouvement Alliance Fleuve Congo. Aller jusqu’ à la huitaine ne sera pas possible », a détaillé le premier président de la Cour militaire.
Et de poursuivre : « Qu’à cela ne tienne, parce qu’il s’agit des droits de la défense, nul n’ignore que les droits de la défense sont sacrés et il y a un principe qui caractérise les juridictions militaires. C’est la célérité. Vous savez ce qui se passe à l’Est du pays. Ce procès a un caractère pédagogique et la Cour au départ était claire. Elle accède à votre requête tendant à solliciter une courte remise. Nous allons nous retrouver ce jeudi à 11 heures ici ».
Urgence ,vu la situation sécuritaire à l’Est du pays
Pour sa part le ministère public, le Lieutenant-colonel Alpha Limbaya Mombenzi a suivi le premier président dans son raisonnement, insistant auprès des avocats de la défense sur le caractère urgent de ce procès, face à la détérioration de la situation sécuritaire dans l’Est de la RD Congo.
« Il y a une urgence dans cette affaire. La situation qui se passe à l’Est de la République Démocratique du Congo, c’est une situation urgente. Au moment où nous parlons, des congolais sont en train d’être tués. Nous vous avons illustré certains cas. Les congolais sont en train d’être tués, massacrés et il y en a qui font des kilomètres à pied pour fuir les affres, les actes graves commis par l’AFC/M23″, a soutenu le Lieutenant-Colonel Limbaya Mombenzi.
Le ministre de la Justice a qualifié le procès d’ « historique », insistant sur l’accélération de l’instruction pré-juridictionnelle. La Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH) a déployé une mission d’observation judiciaire pour veiller au respect des droits de toutes les parties. Paul Nsapu Mukulu, président de cette institution d’appui à la démocratie, a souligné l’importance de garantir un procès équitable et transparent.
Un haut responsable de l’AFC a critiqué le procès, le qualifiant de « blague » et affirmant que Nangaa ne serait pas représenté. D’après lui, ce procès vise à détourner l’attention des négociations de Kampala, initiées par l’AFC.
Un conglomérat de mouvements politico-militaires
« L’Alliance du Fleuve Congo » (AFC) a été créée en décembre 2023 depuis le Kenya, où Corneille Nangaa yobeluo vit en exil.L’alliance compte parmi ses alliés des mouvements politico-militaires divers et variés, comme le Mouvement du 23Mars(M23), soutenu par le Rwanda.Nangaa cite dans ses rangs le groupe Zaïre, qui selon l’ONU, a continué ces dernières années à se transformer en groupe armé, avec un réseau de trafic d’armes. On compte aussi le groupe Twirwaneho (défendons nous en langue Banyamulenge), dont le chef, Michel Rukunda, est un miliraire de l’armée nationale congolaise mutiné en 2019. Les experts estiment que cet ancien militaire a transformé le groupe en une force de combat militairement coordonnée, représentée et financée au niveau international, même si le groupe figure sur la liste des sanctions de l’Union Européenne.