Lutte contre le changement climatique : la collaboration des Etats recommandée
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Par Marcel Tshishiku
Selon une enquête d’opinion réalisée à l’échelle mondiale par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), 80 pour cent des personnes dans le monde souhaitent voir leurs pays mettent de côté leurs divergences géopolitiques et qu’ils collaborent dans la lutte contre le changement climatique. L’ampleur de ce consensus est d’autant plus frappante dans le contexte mondial actuel d’intensification des conflits et d’escalade du nationalisme.
A en croire un communiqué mis à la disposition de la presse par le bureau du PNUD à Kinshasa, cette enquête a été menée en collaboration avec l’Université d’Oxford au Royaume-Uni et GeoPoll. Elle précise que plus de 75?000 personnes de 77 pays et parlant 87 langues différentes ont répondu à 15 questions sur le changement climatique.
« Le Vote populaire pour le climat sonne haut et clair. Les citoyens du monde entier souhaitent que leurs dirigeants surmontent leurs divergences et qu’ils agissent dès maintenant dans le cadre d’actions audacieuses contre la crise climatique? », a déclaré l’Administrateur du PNUD, Achim Steiner cité par le communiqué. « Les résultats de l’enquête, dont la couverture est inégalée, révèlent un niveau de consensus qui est véritablement remarquable. Nous exhortons les dirigeants et les responsables politiques à en prendre note, particulièrement dans le cadre des préparatifs en vue du prochain cycle de révision de leurs engagements climatiques, ou contributions déterminées au niveau national (CDN) en vertu de l’Accord de Paris « , a poursuivi la source.
Une action climatique renforcée
L’enquête a montré l’existence d’un soutien en faveur d’une action climatique renforcée dans 20 des pays qui émettent le plus de gaz à effet de serre au monde, avec des majorités allant de 66 pour cent aux États-Unis et en Russie, à 67 pour cent en Allemagne, 73 pour cent en Chine, 77 pour cent en Afrique du Sud et en Inde, 85 pour cent au Brésil, 88 pour cent en Iran et jusqu’à 93 pour cent en Italie.
Dans cinq de ces pays (l’Australie, le Canada, la France, l’Allemagne et les États-Unis), le soutien des femmes en faveur d’un renforcement des engagements de leur pays était supérieur de 10 à 17 points de pourcentage à celui des hommes. L’écart le plus grand était en Allemagne, où la tendance à souhaiter une action climatique renforcée était plus importante de 17 points de pourcentage chez les femmes par rapport aux hommes (respectivement 75 pour cent contre 58 pour cent).
Au-delà d’un appel général à une action climatique plus ambitieuse, l’enquête montre qu’une majorité de la population mondiale, soit 72 pour cent, est favorable à un abandon rapide des énergies fossiles. C’est également le cas des pays comptant parmi les 10 plus gros producteurs de pétrole, de charbon ou de gaz, ceux dont les populations affichaient le plus fort soutien étant le Nigeria et la Türkiye (89 pour cent), la Chine (80 pour cent), l’Allemagne (76 pour cent), l’Arabie saoudite (75 pour cent), l’Australie (69 pour cent) et les États-Unis (54 pour cent). Seulement 7 pour cent des personnes interrogées dans tous les pays ont déclaré que leur pays ne devrait pas du tout effectuer cette transition.
L’anxiété climatique
En moyenne dans l’ensemble des neuf petits États insulaires en développement (PEID) couverts par l’enquête, jusqu’à 71 pour cent des populations ont confié être plus inquiètes que l’an dernier au sujet du changement climatique. 69 pour cent des personnes dans le monde ont indiqué que leurs décisions importantes (par exemple, leur lieu de vie ou de travail) étaient influencées par le changement climatique. La proportion de ces personnes était plus élevée dans les pays les moins avancés (PMA) (74 pour cent), mais nettement inférieure en Europe occidentale et du Nord (52 pour cent) ainsi qu’en Amérique du Nord (42 pour cent). L’équipe de l’Université d’Oxford a principalement participé au traitement des données et à la production de statistiques. Les résultats de l’enquête ont été compilés et traités par des experts de l’Université d’Oxford spécialisés dans la recherche par enquête, qui ont pondéré l’échantillon afin qu’il soit représentatif des profils démographiques en termes d’âge, de genre et d’éducation dans les pays couverts par l’enquête.
Plus de 10 pour cent (9?321 personnes interrogées) du total de l’échantillon comprenaient des personnes qui n’avaient jamais fréquenté l’école. Sur ces personnes, 1?241 étaient des femmes de plus de 60 ans qui n’avaient jamais été à l’école.
Les estimations précitées concernant des pays spécifiques comportent des marges d’erreur qui ne dépassent pas ± 3 points de pourcentage. La marge d’erreur pour les PEID et certaines régions est de ± 1, et elle est même inférieure dans les régions étendues et les estimations mondiales. Les chiffres mondiaux, régionaux et au niveau des PMA sont des estimations globales, ce qui est possible compte tenu des hauts niveaux de couverture démographique dans ces regroupements. Les chiffres correspondant aux PEID représentent une moyenne pondérée par la population couvrant les neuf PEID inclus dans l’enquête.