Ne Muanda Nsemi inhumé dans son village natal de « Sukumalongo » au Kongo Central
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Par Thony Kambila
Après la levée du corps, le samedi 02 mars dernier à la morgue de l’hôpital du Cinquantenaire, situé dans la commune de Kasa-vubu, à Kinshasa, le corps de Ne Muanda Nsemi, le leader du mouvement politico-religieux dénommé Bundu Dia Mayala (BDK), avait pris la direction de sa province d’origine, le Kongo Central, où il a été enterré hier mardi 04 mars, dans l’intimité. Toutes les questions relatives à ces obsèques ont été évoquées le vendredi 1er mars, lors d’une réunion organisée à l’hôtel de ville de Kinshasa, entre le gouverneur Gentiny Ngobila Mbaka et les adeptes de cette organisation.
Après d’intenses débats, suivis d’une concertation familiale, toutes les parties avaient enfin convenu que l’ancien député national soit inhumé dans son village natal de Sukumalongo, territoire de Luwozi, au Kongo Central. Si le gouverneur Gentiny Ngobila avait suggéré aux adeptes de Bundu Dia Mayala que leur leader soit enterré dans sa province natale, c’était une façon de bien immortaliser le combat que ce dernier a mené en faveur du développement de sa province.
À tous ceux qui souhaitaient que Ne Muanda Nsemi soit inhumé dans sa résidence à Kinshasa, l’autorité urbaine leur avait fait comprendre qu’il y avait plusieurs contraintes qui ne pouvaient pas permettre cela. Notamment du point de vue sanitaire, sécuritaire et légal. C’est ainsi qu’après la levée du corps de la morgue de l’hôpital du Cinquantenaire, le cortège avait pris la route, passant par différentes villes comme Kasangulu, Kisantu, Mbanza-Ngungu, Kimpese, Kimbemba, Manianga, Luozi et Nkundi jusque au village Sukumalongo, où un mausolée a été construit pour accueillir la dépouille mortelle.
Personnage énigmatique
Il sied de rappeler que l’ancien député national et chef du mouvement politico-mystique de Bundu dia Kongo(BDK), personnage énigmatique et tumultueux de l’espace public congolais, Zacharie Badiengila, alias » Ne Muanda Nsemi » s’était éteint le 18 octobre 2023, à l’âge de 77 ans, au centre hospitalier Nganda, à Kinshasa, où il était en soins intensifs. Depuis qu’il avait été victime d’un AVC en juillet 2023, son état de santé était considéré comme préoccupant. Deux fois élu député national(en 2026 dans le territoire de Luozi, au Kongo Central et en 2011 à Kinshasa, ce chimiste de formation restera une personnalité atypique, mêlant spiritualité (il se définissait comme héritier du prophète Simon Kimbangu) et revendications politiques, lesquelles reposaient essentiellement sur un séparatisme identitaire. Il avait d’ailleurs plusieurs fois réclamé l’autonomie du Kongo Central.
Ses discours extrémistes lui avaient plusieurs fois valu les foudres du pouvoir. Comme dans les années 2000, quand, furieux de perdre l’élection au vice-Gouvernorat de la province, alors qu’il comptait parmi les favoris, Ne Muanda Nsemi appelle ses partisans à la révolte. Entre le 31 janvier et le 3 février 2007, de violents affrontements éclatent entre ses adeptes et les forces de l’ordre, venues perquisitionner un bâtiment des BDK au Kongo Central. Plus d’une centaine de personnes (adeptes ou simples passants) seront tuées, selon le rapport de Human Rigths Watch.