Dégradation de la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC : l’ONU alerte Kinshasa !
Partager
Le sujet a été au centre d’un long entretien, mardi, entre le Président Félix Antoine Tshisekedi et Jean-Pierre Lacroix, Secrétaire général adjoint de l’ONU en charge des Opérations de maintien de la paix SADC
Le Secrétaire Général adjoint de l’ONU en charge des Opérations de paix, Jean-Pierre Lacroix, vient de clôturer une visite d’une semaine en République Démocratique du Congo. Visite qui lui a permis de palper du doigt la situation sécuritaire préoccupante qui persiste dans la partie orientale du territoire de la RDC. Jean-Pierre Lacroix s’est d’abord rendu dans l’Est du pays, en proie à des conflits armés. Il est passé notamment par Beni et Goma, dans le Nord-Kivu, mais aussi à Bukavu, dans la province voisine du Sud-Kivu. Le numéro 2 de l’ONU a clôturé cette visite à Kinshasa où le diplomate onusien a rencontré, mardi 6 février, le Président de la RDC, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, puis le Premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde.
Le but de sa rencontre avec le Chef de l’État était surtout d’alerter encore une fois sur la situation sécuritaire dans l’Est du pays et sur le conflit avec le M23, un mouvement armé soutenu militairement par le Rwanda. » Message entendu ! Nous sommes déterminés, du côté de l’ONU, à faire en sorte que la communauté internationale, le Conseil de sécurité, soient alertés des dangers de cette situation « , a-t-il déclaré.
Soutien accru à la force de la SADC
Le diplomate onusien est aussi revenu sur les opérations communes entre la MONUSCO et les forces armées congolaises pour, non seulement sécuriser Goma, mais aussi apporter un soutien accru à la force sous régionale de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) en cours de déploiement.
» La décision sur ce point dépend du Conseil de sécurité des Nations Unies auquel nous allons faire des recommandations et des suggestions afin qu’un mandat plus large soit donné à la MONUSCO pour apporter davantage de soutien à cette force importante. J’ai eu d’ailleurs l’occasion de m’entretenir avec le commandant de la force de la SADC lorsque j’étais à Goma « , a poursuivi Jean-Pierre Lacroix.
Enfin, la question du retrait de la MONUSCO a été abordée. Cette force onusienne a commencé à se désengager du Sud-Kivu. Ce désengagement doit se terminer fin avril pour cette province. » Nous avons le souci commun que le désengagement se fasse de manière ordonnée et raisonnable pour que les objectifs soient atteints « , a tenu à rappeler Jean-Pierre Lacroix à la sortie de son entretien avec le Président congolais.
Poursuite des combats près de Sake
Des sources concordantes signalent que des combats entre les rebelles du M23 et l’Armée de la RDC ainsi que les milices locales se sont poursuivis ce mercredi 7 février sur l’axe Nenero-Kihuli-Malehe, des collines surplombant la cité de Saké, dans le groupement Kamuronza, en territoire de Masisi. Le chef de groupement de Kamuronza à Sake parle d’une situation confuse dans la cité et dresse le bilan de trois blessés par balles tirées par les terroristes du M23 parmi les civils. Selon lui, les envahisseurs soutenus par l’Armée rwandaise occupent toujours Shasha et une partie de Kirotshe, sur l’axe Sake-Minova.
Selon d’autres sources locales, ces affrontements se déroulent à moins de 10 km de la cité de Sake. Les terroristes du M23 appuyés par le Rwanda ont lancé des attaques sur les positions des milices locales dans la zone de Kagoma et vers la localité de Murambi/Neenero, non loin de Sake.
Afflux des déplacés non assistés à Goma
De nouvelles vagues de déplacés fuyant les combats non loin de Saké sont arrivées mercredi 7 février dans la matinée à Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, a constaté le reporter de Radio Okapi.
Entretemps, sur place à Sake, les acteurs locaux et coutumiers s’inquiètent de la détérioration de la situation humanitaire avec l’avancée des terroristes du M23 vers cette cité. Ils attirent l’attention sur la situation humanitaire déjà précaire avec l’arrivée d’autres déplacés il y a quatre jours et qui n’ont ni nourriture, ni eau.
Ces acteurs coutumiers affirment que ces milliers de familles viennent des agglomérations de Shasha, Kirotshe, Mwambaliro, Buhunga, Kituva où des combats se sont intensifiés ces derniers jours. Ils rapportent aussi que les précédents déplacés vivaient déjà péniblement et sans aucune assistance depuis leur arrivée à Saké il y a quatre mois. Ils sont hébergés actuellement dans quatre sites, notamment dans le camp Maman Zaina, Mayusa, Kizimbo et Tchabiringa.
Des sources concordantes à Saké, soutiennent aussi qu’à la suite des mauvaises conditions de vie, les maladies hydriques frappent déjà un bon nombre de personnes qui sont pris en charge tant soit peu par l’ONG MSF.