Carnage à Goma: le gouverneur militaire du Nord-Kivu rappelé à Kinshasa pour consultation
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Six militaires congolais jugés en flagrance à Goma
Par YHR
Le gouverneur militaire du Nord-Kivu, le Lieutenant-Général Constant Ndima kongba, a été rappelé à Kinshasa pour consultation, après les incidents ayant coûté la vie à une cinquantaine de civils le mercredi 30 août dernier à Goma. L’annonce a été faite tard dans la nuit du lundi à ce mardi 5 septembre par le ministre de l’Intérieur, de la Sécurité et des Affaires coutumières, Peter Kazadi Kankonde. L’homme mène une délégation gouvernementale, dans le cadre des enquêtes sur le drame.
Une délégation gouvernementale sur place
Également, en plus de l’arrestation du colonel Mike Mikombe, commandant de la Garde Républicaine (GR), ainsi que du commandant Bawili, du 19ème régiment, les autorités congolaises ont décidé de suspendre et de rappeler à Kinshasa deux responsables de la Police Nationale Congolaise (PNC) à Goma.
Il s’agit de José Bongo Wifema, commandant en charge des opérations et du commissaire supérieur Martin Luna Kimanga, commandant en charge des renseignements de la police dans le chef-lieu de la province du Nord-Kivu. Les autorités ont aussi décidé de prendre en charge les obsèques des victimes et de libérer les militants des mouvements citoyens arrêtés en marge de la situation de ces derniers jours à Goma.
Poursuivis pour « crime contre l’humanité, violation des consignes »
Par ailleurs, le procès de six militaires congolais, dont deux officiers supérieurs, arrêtés après la répression de la manifestation, a débuté hier mardi à Goma. L’audience a commencé en début d’après-midi devant la Cour militaire du Nord-Kivu, siégeant dans une salle, pleine à craquer, du camp militaire Katindo de Goma, a constaté un journaliste de l’AFP. Les accusés comprennent, outre le colonel Mikombe et le lieutenant-colonel Bawili, quatre soldats de 2ème classe. Jugés en « flagrance », ils sont poursuivis notamment pour « crime contre l’humanité, violation des consignes », a déclaré en début d’audience l’auditeur supérieur du Nord-Kivu, le colonel Michel Kachil, représentant le Ministère public.
D’après le Magistrat militaire, 56 personnes ont été tuées mercredi dernier lors d’une opération militaire lancée pour empêcher une manifestation prévue par la secte mystico-religieuse dite Wazalendo contre la présence dans la région de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la Stabilisation en République Démocratique du Congo. (MONUSCO) et de l’East African Community (EAC), accusées d’inefficacité dans la lutte contre les groupes armés. L’opération avait été conduite en particulier dans le temple et les locaux de la radio de cette secte. Un document interne de l’armée avait rapidement fait état de 48 morts et 75 blessés, avant que le Gouvernement ne communique un bilan de 43 morts et 56 blessés.
Rétropédalage
Pourtant, au lendemain des faits, le ministère de la Communication et médias avait défendu l’action des forces de sécurité. « Les manifestants ont mené des actions qui ont porté atteinte à l’ordre public, et qui ont causé la mort par lapidation d’un élément de la police, entraînant ainsi une intervention des forces de l’ordre pour restaurer la quiétude et la sérénité dans la ville », avait déclaré le ministre de la Communication et médias, Patrick Muyaya Katembwe, dans un communiqué.