La proposition de loi sur la fixation de la dot et la pénalisation de la polygamie suscite le débat
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Par Tantia Sakata
La proposition de loi relative à la modification du code de la famille de député national du Mouvement de Libération du Congo (MLC), Daniel Mbau Sukisa a été déclarée recevable au cours de la plénière du 8 mai à l’assemblée nationale. Ce projet de loi concerne également la fixation de la dot à 500$, les fiançailles, la polygamie et autres. Lors des débats, la reconnaissance de la polygamie, au profit de l’homme, et la question sur la fixation de la dot ont suscité des réactions au sein de l’hémicycle de palais du peuple.
En ce qui concerne la reconnaissance de la polygamie dans le code de la famille, la députée nationale Geneviève Inagosi Bulo Ibambi Kassongo a, au nom de l’égalité entre l’homme et la femme, plaidé aussi pour la légifération de la polyandrie. » Je me dis parce que l’homme et la femme sont égaux devant la loi, si nous légiférons ici pour introduire la polygamie dans le code de la famille, introduisons en même temps la polyandrie. C’est le droit des femmes », a-t-elle répliqué.
Selon un député national, il n’est pas question de pénaliser la polygamie qui est un phénomène normal ou encore un problème de régulation des sociétés. L’homme a justifié son besoin de ne pas ériger la polygamie en infraction par le simple fait que les femmes étant plus nombreuses que les hommes, ces derniers peuvent épouser plus d’une femme. Le parlementaire s’est même vanté du fait qu’il n’y a pas assez de taux de suicide parmi les femmes à cause de la polygamie. Cependant, ce député, dont l’intervention est devenue virale sur les réseaux sociaux, rejette la polyandrie qui, selon lui, est la seule chose condamnée par toutes les coutumes congolaises.
A l’en croire, on ne peut pas pénaliser la polygamie, c’est cela le nœud du problème. Car malgré que la société tolère l’infidèle du mari, l’épouse n’a jamais supporté cette situation de son plein gré. La rivalité entre deux femmes est toujours sujette à des querelles et des disputes sans fin.
Par ailleurs, cette proposition de loi fixant la dot à 500 dollars américains, a notamment soulevé des discussions aussi bien à l’assemblée nationale qu’au sein de l’opinion publique. Face à la presse, la députée nationale Christelle Vuanga est contre la fixation du montant de la dot. Elle a estimé que « la femme a une valeur et non un prix ».
Présidente de la Commission genre, enfant et famille à l’Assemblée nationale, cette élue de la circonscription électorale de la Funa pense que la femme sera tout simplement marchandisée. « La femme n’a pas de prix, elle a une valeur. Il revient à chaque homme de donner de la valeur à sa femme par rapport à ses moyens financiers « , a déclaré la députée nationale Vuanga.
Elle est d’avis que cela ne dépend que de l’homme qui estime épouser son épouse à moindre prix soit à un coût élevé, avant de souligner » qu’on ne peut pas se réveiller est fixer le montant de la dot « .
Réagissant dans un tweet, Daniel Mbau a écrit que » son projet de loi répond aux préoccupations sociales de notre population et réglemente les questions fondamentales relatives à la succession, au mariage, aux fiançailles, aux régimes matrimoniaux, successions, libéralités et droit international privé « . Même au sein de l’opinion nationale, la fixation de la dot reste un sujet à polémique dans une ville où le mixage des coutumes lui a enlevé son caractère symbolique.
Plusieurs parents profitent de mariage de leur fille pour se constituer » un fonds de commerce « , imposant un montant exorbitant sans parfois tenir compte de la possibilité du fiancé. Comme qui dirait la dot est à prendre ou à laisser à Kinshasa alors que la situation socio-économique de plusieurs jeunes garçons ne les permet pas d’honorer toutes les exigences liées au mariage.
C’est ainsi que l’on assiste à la recrudescence de l’union libre, en attendant que l’homme puisse réunir tous les moyens financiers afin d’honorer son épouse. Malheureusement, il y a des cas où certains hommes ne versent pas toujours la dot jusqu’à la mort de sa bien-aimée. C’est en ce moment que la famille de la femme profite de la circonstance pour imposer au monsieur de payer la dot bien avant l’organisation des obsèques. Triste réalité !
Notons que cette proposition de loi de Daniel Mbau fixe la dot à 500 dollars américains pour les milieux urbains et 200 dollars américains pour les milieux ruraux. Elle compte formaliser les fiançailles en un engagement solennel, assorti des droits et obligations. Il sera notamment question de pénaliser la polygamie et renforcer les valeurs chrétiennes.
Pour rappel, cette proposition de loi est envoyée à la commission sociale et culturelle pour un examen approfondi. Ensuite interviendra l’adoption article par article puis envoyer au Sénat pour la seconde lecture, avant d’être promulguée par le Chef de l’Etat.