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Accord-cadre d’Addis-Abeba :violation déplorée, revitalisation recommandée

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Accord-cadre d’Addis-Abeba :violation déplorée, revitalisation recommandée

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Par Carroll Madiya

Le Président de la République, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, a déploré une fois de plus la violation de l’accord cadre d’Addis-Abeba par le Rwanda via le Mouvement du 23 Mars (M23) et appelle à son évaluation. Il l’a fait lors du XIème sommet des Chefs d’Etats signataires de l’Accord d’Addis-Abeba pour la paix, la sécurité et la coopération pour la RDCongo et la région tenu à Bujumbura, au Burundi, du 2 au 6 mai.

Cette rencontre a été marquée par la présence du Secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, du Président de l’Union africaine Moussa Faki Mahamat et des Présidents burundais, congolais, sud-africain et ougandais, mais sans le Rwandais Paul Kagame et le Kényan William Ruto.  » Relancer cet accord dont les résultats ne sont pas à la hauteur des attentes », a été le mot d’ordre de ce sommet où le Président Tshisekedi a passé, le samedi 06 Mai, le témoin à son homologue Evariste Ndayishimiye à la tête du Mécanisme Régional de Suivi de cet accord.

Dans son discours à cette occasion, Félix Tshisekedi a, une fois de plus, dénoncé la violation de l’accord cadre d’Addis-Abeba par certains États signataires dont le Rwanda, en soutenant les groupes armés notamment le M23, déstabilisant ainsi la partie orientale de son pays, la RDC.  » Il y a de cela une décennie, la signature de cet accord cadre à Addis-Abeba augurait le lendemain meilleur et radieux pour le peuple de notre région.

Nos États souscrivaient et décidaient de faire du respect de la souveraineté et de l’intégrité territorial des pays voisins, de la non ingérence dans les Affaires intérieures des uns et des autres, de l’interdiction de fournir une assistance aux groupes armés ni à des personnes impliquées dans les crimes de guerre et contre l’humanité ou des crimes d’agression et de la facilitation de l’administration de la justice grâce à l’entraide et à la coopération judiciaire dans la région, la pierre angulaire de notre action collective nous, autres États, géographiquement localisés dans cette région des Grands lacs africains. À la lumière des objectifs consacrés par cet accord historique, d’aucuns auraient préféré que soit célébrée ce jour avec faste, les acquis de notre engagement collectif pour une région des Grands Lacs complètement pacifiée. Hélas ! « , s’est-il exprimé.

Et de poursuivre :

 » C’est avec une profonde amertume et une grande désolation que nous constatons 10 années après l’entrée en vigueur de cet accord, la rupture de ce pacte collectif par un État signataire, je citais la République du Rwanda, qui sous couvert du mouvement terroriste du M23, pourtant défait et qu’il a ressuscité s’est donné la liberté d’agresser et d’envahir une partie de la province du Nord-Kivu en République Démocratique du Congo. Et ceci, en totale violation de l’engagement régional N°3 de l’accord cadre dont il est signataire, de même que les chartes des Nations-Unies et de l’Union Africaine dont il est partie prenante, le tout sur fond d’exploitation illégale de nos ressources naturelles « .

Alerte et recommandation

Face à cette situation, le Chef de l’Etat, a rappelé la nécessité de revisiter l’accord Cadre d’Addis-Abeba. Il estime que 10 ans après et face à l’altitude d’un des pays voisins, il est temps de parcourir le chemin déjà parcouru.  » Cette attitude délibérée et plus d’une fois réitérée par un État signataire ne nous impose un choix tout autre que la revitalisation de cet accord tels que l’a notamment recommandé le Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine lors de la 1140ème session, le 17 février dernier en marge du 26e sommet de l’Union Africaine.

Le contexte de la tenue de ce sommet nous commande donc de procéder à une évaluation lucide de ce qui aurait pu être fait, c’est-à-dire entreprendre une réflexion approfondie sur le chemin parcouru dès lors que pour nos peuples et les miens en particulier, nous sommes encore à la croisée des chemins. Ainsi donc, l’évaluation de l’état de mise en œuvre de nos engagements respectifs dans le cadre de l’accord cadre ne saurait être un exercice limitée au seul pays de la région. Celui-ci devrait sans nul doute également requérir l’implication d’autres partenaires ainsi que celles des institutions garantes » a recommandé le Président de la République.

Le 24 février dernier, l’Accord-cadre d’Addis-Abeba a totalisé 10 ans depuis sa signature par 11 États et quatre institutions internationales et régionales à savoir l’Organisation des NationsUnies (ONU), l’Union Africaine (UA), la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL) et la Communauté de Développement de l’Afrique Australe (SADC). Cet accord porte sur la paix, la sécurité et la coopération en RDCongo et dans la région et avait suscité l’espoir de lendemains meilleurs après des décennies de conflits, d’instabilité, d’exploitation et de souffrance dans la partie orientale de la RDC.

10 ans après sa signature, force est de constater que la situation a empiré. Ce 10ème anniversaire coïncide avec une nouvelle agression de la RDC par son voisin le Rwanda via la rébellion du M23 dans le Nord-Kivu. De bonne foi, la RDC a exécuté les engagements lui assignés dans l’accord-cadre tandis que d’autres n’ont pas joué franc jeu.