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Devoir de mémoire: s’il était encore en vie, Étienne Tshisekedi aurait 90 ans aujourd’hui

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Devoir de mémoire: s’il était encore en vie, Étienne Tshisekedi aurait 90 ans aujourd’hui

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Par GKM

S’il était encore vivant, Étienne Tshisekedi wa Mulumba, père biologique du président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, aurait totalisé 90 ans ce mercredi 14 décembre 2022. D’ailleurs, de son vivant, son parti politique l’Udps tenait toujours ses congrès le 14 décembre.

Né à Luluabourg, aujourd’hui Kananga, chef-lieu de la province du Kasaï Central, le 14 décembre 1932, feu Etienne Tshisekedi wa Mulumba était une grande figure de la politique congolaise. Cet originaire du territoire de Kabeya Kamwanga s’est fait remarquer pour sa fermeté vis-à-vis du régime Mobutu qu’il qualifiait de dictatorial. Le même combat s’est poursuivi sous l’ère Kabila père et fils, jusqu’à sa mort le 1er février 2017.

Icône de la politique congolaise

Alors étudiant à la Faculté de Droit, feu Etienne Tshisekedi wa Mulumba fut promu conseiller au parti politique Mouvement National Congolais (MNC).

De septembre 1960 à février 1961, le sphinx de Limete était commissaire général adjoint à la Justice dans le collège des commissaires généraux. Il s’agit d’ un gouvernement des technocrates mis en place, après le départ massif et brusque des Belges et après le coup d’état militaire du 14 septembre 1960 de Mobutu, en vue d’assurer le fonctionnement normal de l’appareil de l’État, en attendant que les hommes politiques s’entendent.

De 1961 à 1965, il fut recteur de L’École Nationale de Droit et d’Administration (ENDA). Le Lider maximo fut, en 1964, commissaire aux comptes à la Banque Nationale du Congo (BCC). De 1965 à 1968, il fut élu député national (PANACO/CONACO) dans la circonscription électorale de Kabinda.

Il fut également ministre de l’Intérieur, ministre de la Justice, ministre d’État chargé du Plan, de la Recherche scientifique, de l’Aménagement du territoire et de la Coordination de la planification. La divergence entre feu Etienne Tshisekedi wa Mulumba et le président Joseph Mobutu a été constatée le 4 juin 1969 quand le « Guide » a ordonné notamment le massacre des étudiants de Lovanium. Étienne Tshisekedi fut écarté définitivement du gouvernement.

Pour l’éloigner des actions politiques, le président Mobutu nomme Étienne Tshisekedi ambassadeur au Maroc.
Il fut aussi membre du Conseil d’administration de l’UNAZA (Université Nationale du Zaïre)et Président du Conseil d’administration de la compagnie Air-Zaïre .

Élu, puis plusieurs fois réélu président de la section zaïroise de l’Association Internationale des Parlementaires de Langue Française « AIPLF », feu Étienne Tshisekedi a participé à plusieurs conférences internationales et effectué plusieurs voyages à travers le monde : Europe, USA, Canada, Japon, Corée. Chine, pays africains…

Début de calvaire

D’une manière générale, de 1979 à 1999, la vie d’Étienne Tshisekedi wa Mulumba a été faite d’arrestations, de tortures, brimades, pressions, bannissements, relégations et d’assignations à résidences. Cette situation a été vécue avec son épouse, ses enfants dont le chef de l’État Félix-Antoine Tshisekedi, ainsi que plusieurs de ses amis politiques.

Le leader charismatique de l’opposition fut cosignataire de la lettre au président Mobutu, dénonçant les violations des Droits de l’homme à l’occasion des massacres des creuseurs artisanaux à Katekelay, au Kasaï Oriental. Mais aussi, cosignataire de la « lettre ouverte au président Mobutu », lettre signée par 13 parlementaires et pour laquelle ses amis et lui-même ont été arrêtés, déchus de leurs mandats parlementaires et jetés en prison.

Étienne Tshisekedi fut emprisonné à Kisangani d’abord, dans la Province Orientale, puis relégué dans son territoire d’origine de Kabeya Kamwanga, dans la province du Kasai-Oriental.

Le 15 février 1982, Étienne Tshisekedi wa Mulumba décida, avec ses collègues, de procéder à la création de l’Union pour la démocratie et le progrès social (Udps). Cette étape fut suivie d’arrestation des fondateurs de ce parti dont certains ont été condamnés à 15 ans de prison ferme.

Etienne Tshisekedi wa Mulumba fut envoyé dans la prison de Belingo, territoire d’Oshwe. Après sa libération, l’homme a connu une relégation en novembre 1983 dans son village d’origine de Mupompa, avec son épouse et ses enfants. Il a également connu une relégation dans le territoire d’lsangi, dans l’ancienne Province Orientale.

Le père biologique de l’actuel chef de l’état a subi des arrestations en octobre 1985 et a été condamné à 18 mois de prison ferme à la prison centrale de Makala, dans la ville de Kinshasa, pour « outrage au chef de l’Etat ». Libéré en février 1986, il fut arrêté en juin 1986 et a connu une relégation dans son village d’origine Mopompa au Kasai-Oriental.

Après une tournée d’information politique en Europe, aux Etats-Unis d’Amérique et au Canada,revenant de ce périple, feu Étienne Tshisekedi wa Mulumba fut brutalement interpellé et molesté à l’aéroport de Ndjili. Son seul crime est d’avoir porté la cravate au cou.
Le 17 janvier 1988, il a, une fois de plus, connu une arrestation et une détention à la prison centrale de Makala pour avoir organisé et animé un meeting au Pont Kasa-Vubu, dans la ville de Kinshasa, en commémoration du 27ème anniversaire de l’assassinat du premier ministre congolais Patrice-Emery Lumumba. Il a été libéré le 11 mars 1988.

Un mois après sa libération, le sphinx fut relégué, le 8 avril 1988, à Dungu d’abord, à Monga ensuite, dans la Province Orientale où il s’est retrouvé, pendant 5 mois, totalement coupé du monde. Après sa libération le 22 septembre 1988, le 1er mars 1989, Étienne Tshisekedi wa Mulumba fut assigné à résidence dans son domicile pendant près de 14 mois, privé du droit de recevoir toute visite, et de sortir de sa résidence.

Élu premier ministre chef du Gouvernement par la Conférence Nationale Souveraine avec 72 % des suffrages exprimés aux bulletins secrets le 15 août 1992; le gouvernement Tshisekedi avait été empêché par feu Mobutu, de fonctionner, après trois mois de gestion.
Lorsque la guerre éclata dans la partie Est du pays entre le régime Afdl de Kinshasa et ses anciens compagnons regroupés au sein du RCD, dans un appel solennel, pathétique et patriotique, Étienne Tshisekedi wa Mulumba invita toutes les parties belligérantes à arrêter la guerre et à privilégier la recherche d’une solution politique et diplomatique négociée à la crise congolaise.

Dans son mémorandum adressé à la communauté internationale (ONU, UE, OUA), au président Laurent-Désiré Kabila et aux pays voisins, le leader charismatique estimait que l’origine de cette deuxième guerre civile résidait dans le manque de démocratie et dans la mauvaise gouvernance du pays par le régime Kabila; et que la solution ne pouvait être que politique et diplomatique, issue des négociations politiques entre les représentants du pouvoir de Kinshasa, de l’opposition armée et de l’opposition interne. Il a même fait la proposition d’ un plan de paix concret en ce sens.

L’ Accord de paix qui a été signé à Lusaka entre toutes les parties en conflit, fut calqué au plan de paix proposé par le Lider Maximo.
Une solution politique et diplomatique négociée fut préconisée comme seul schéma incontournable pour ramener la paix et bâtir un nouvel ordre politique en RDC. Rappelons que le lider maximo est mort le 1er février 2017 à Bruxelles, en Belgique, à l’âge de 84 ans, de suite de l’embolie pulmonaire.