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Le manque de financement étouffe les ambitions politiques des femmes en RDC

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Le manque de financement étouffe les ambitions politiques des femmes en RDC

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Par TSM

En RDC, le manque de moyens financiers étouffe les ambitions politiques des femmes.  Certaines femmes, bien que figurant sur les listes des candidats présentés par des partis politiques, rencontrent des difficultés pour se déplacer et rencontrer leurs bases électorales lors des élections. Cette situation est souvent  parmi les causes à la base du faible taux de représentativité des femmes dans les institutions politiques du pays.

C’est le cas de Solange Riziki qui n’a pas pu déposer sa candidature aux élections législatives de 2018 faute de moyens financiers. «Malgré mes ambitions, je n’étais pas en mesure de postuler à la circonscription électorale de Béni territoire (en province du Nord-Kivu) par manque d’argent», révèle-t-elle, en signalant  qu’elle connaît  plusieurs autres femmes qui ont connu la même situation.

« Je connais  beaucoup de femmes qui  se sont rétractées lors des élections passées parce que les responsables des partis politiques ont exigé que seuls, ceux ayant les moyens financiers,  postulent. Ce sont souvent les hommes qui passent  et cela fait que nous nous retrouvons hors la course », explique Mme Riziki avec un pincement au cœur.

« Il  y a certaines de mes amies qui se sont retrouvées dans le cas où elles devraient vendre leurs biens pour battre campagne.  Malheureusement, elles n’ont pas été élues. Elles disent de ne plus postuler parce qu’en dépensant le peu qu’elles avaient, la famille a été appauvrie et en souffre », regrette Riziki.

Riziki n’est pas la seule femme à des ambitions politiques ayant connue un obstacle lié au manque des moyens financiers en République démocratique du Congo. Candidate malheureuse à la députation nationale de 2018 dans la circonscription électorale de Mweka dans la province du Kasaï-central,  Honorine-Christine Bokashanga dit avoir été  obligée de puiser dans l’économie familiale pour assurer sa campagne électorale.

« Malgré cela, les moyens financiers étaient insuffisants, et j’étais confrontée au problème de déplacement  parce qu’il fallait parcourir plusieurs kilomètres pour atteindre une autre base bien que mes électeurs m’attendaient à ces côtés là.  J’étais à ma deuxième participation aux élections », révèle Honorine.

« Sans compter la prise en charge des témoins, les frais de séjour, le spot publicitaire, l’impression des effigies, etc. Les difficultés sur terrain sont réelles pour les femmes.  Le manque de ressources financières constitue un frein. Les hommes nous ont devancés en politique en n’ayant plus de moyens », explique-t-elle.

« Même si mon regroupement politique AMK a payé la caution pour les candidats, il me revenait d’assurer ma propre campagne électorale. Avec tout ce que nous avons comme situation de pauvreté, la population suit facilement la campagne électorale des candidats qui ont de l’argent parce qu’il y a à boire et à manger », regrette-t-elle.

Lors des élections de 2018, des femmes congolaises avaient participé activement comme candidates. D’autres avaient manqué de moyens pour déposer leurs candidatures.  Actuellement il y a 12% des femmes à l’Assemblée nationale et 20% au Sénat, selon le rapport 2020 de l’Union interparlementaire, une organisation mondiale des parlements nationaux.

Cette question est soulevée par plusieurs femmes lors des échanges avec les organisations de la société civile. Pour elles, au-delà de pesanteurs socioculturelles, les moyens financiers constituent un très grand obstacle. Il faut signaler aussi que plusieurs congolaises évoluent dans l’informelle juste pour la survie de leur famille et ne possèdent pas assez de ressources pour financer une campagne électorale avec tout ce qu’il y a comme dépenses (affiches, couverture médiatique, prise en charge des témoins…).

En ce qui concerne la Présidente interfédérale de la ville de Kinshasa du parti politique Ligue des Démocrates Congolais (LIDEC), Anne-Marie Makombo, les moyens financiers qui handicapent cruellement constituent un motif de découragement pour les femmes. « La manière dont les élections se passent en ce moment en RDC, si vous n’avez pas d’argent, vous serez dans l’impossibilité de battre campagne», s’inquiète-t-elle.

« Aussi, il est inadmissible que la caution demandée aux candidats soit très chère pour que la Commission électorale nationale indépendante (CENI) puisse accepter toute candidature », s’indigne-t-elle.Pour une chance égale, elle soutient l’initiation de loi pouvant bien guider la campagne électorale, en interdisant aux candidats d’offrir des cadeaux aux électeurs.

«  Le jour où le peuple congolais comprendra que pour élire un député, il ne faut pas s’attendre à des présents de la part d’un futur député, nous aurons la chance d’avoir beaucoup de femmes élues », déclare Anne-Marie Makombo.

Par ailleurs, la loi de 2008 sur le financement public des partis politiques reste encore non appliquée. Son application allait augmenter la participation des femmes aux élections puisque les partis politiques doivent tenir compte de la parité homme-femme lors de l’établissement des listes électorales pour obtenir la subvention.

Selon l’article 3 alinéa 5 de cette loi pour bénéficier des subventions de l’Etat, tout parti politique doit, entre autre, «tenir compte compte de la parité homme-femme dans l’établissement des listes électorales» . « Il faut que le gouvernement commence à financer les partis politiques de sorte que toutes les femmes retenues sur la liste soient financées pour bien mener leur campagne», plaide Mme Bokashanga.

L’article 8 de la même loi stipule que l’Etat participe à posteriori au financement des campagnes électorales des partis politiques.