Qui est Christian Tshiwewe Songesha ?
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Le Président Félix Tshisekedi vient de confier le commandement des Forces armées de la République démocratique du Congo (Fardc) au général Christian Tshiwewe, en remplacement du général Célestin Mbala.
Qui est cet homme fort porté à la tête des Fardc ?
Rendant public le changement à la tête de sa sécurité personnelle (Garde Républicaine autrement appelé Mura), un certain 22 avril, la mise à l’écart du général Gaston Hugues Ilunga par le Président Tshisekedi avait surpris tout le monde. Numéro 1 de la sécurité de Joseph Kabila placé sous sanctions par l’Union européenne, le général Gaston Hugues dirigeait depuis 2014 cette unité des forces armées chargée d’assurer la sécurité du président et de sa famille. Étonnant, Félix Tshisekedi a pris le risque de le remplacer par son adjoint, Christian Tshiwewe, âgé de 51 ans. Dans son entourage, il est présenté comme un homme réservé, confiant, loyal, et surtout très efficace.
Du commandant de la GR au poste de Chef d’état major des Fardc, Christian Tshiwewe a gravi tous les échelons.
Né le 27 octobre 1968 à Lubumbashi, dans l’actuelle province du Haut-Katanga, Christian Tshiwewe Songesha est originaire de la province de Lualaba. À 30 ans, en 1998, il est parmi les premiers officiers rangers formés au Soudan après le départ de Mobutu, chassé du pouvoir par Laurent-Désiré Kabila. De 1999 à 2000, il suit les cours de commandement d’état major « Mura » à Likasi, dans l’actuelle province du Haut-Katanga, et recevra le brevet d’état major pour son cursus réalisé en Angola.
De retour en RDC, il est parmi les brillants étudiants qui participent au cours de commandant brigade, au centre supérieur militaire à Kinshasa, entre 2003 et 2004. Formé à l’antiterrorisme par des Israéliens en Angola, Christian Tshiwewe Songesha fera également ses classes au sein de la deuxième promotion Kabila du collège des Hautes études militaires et stratégies de défense de Kinshasa.
En parallèle, il gravit patiemment les échelons de la hiérarchie militaire. Désigné commandant de la 10ème brigade Mura à Kinshasa en 2003, il est nommé commandant du 13ème régiment de la Garde républicaine à Lubumbashi, de 2007 à 2011. De retour à Kinshasa dès 2011, il est désigné commandant second en charge des opérations et renseignements de la GR de 2014 à 2020, jusqu’à sa nomination par le président Félix Tshisekedi au grade de chef d’état-major des Forces armées de la RDC.
Loyauté et redevabilité: secrets de sa réussite à la tête de la GR
Parmi les premiers éléments qui l’ont fait remarquer, l’on note son efficacité dans la gestion de l’itinéraire du Président de la République, principalement dans la ville de Kinshasa. « C’est en planifiant les déplacements du Président de la République, principalement dans la ville de Kinshasa, que Félix Tshisekedi l’a remarqué. La confiance a grandi au fil des jours et des semaines. Et même au sein de la famille biologique du président, il a des soutiens », assure une source de l’entourage du Président.
À en croire d’autres sources dans les coulisses de la Présidence, l’enjeu pour Félix Tshisekedi était de confier sa sécurité entre les mains d’une personne en qui il aura totalement confiance. Une preuve de plus franchie par Christian Tshiwewe quand il a prouvé qu’il était capable d’être loyal vis-à-vis de Félix Tshisekedi autant qu’il l’était à Joseph Kabila pendant une période critique du régime entre 2014 et 2020, assumant alors la responsabilité des opérations et des renseignements de la GR.
Nouvelles responsabilités, nouveaux défis
Désormais à la tête de l’armée congolaise, Christian Tshiwewe aura du pain sur la planche. Parmi les défis phares qu’il devra relever, l’on note la reconquête de Bunagana en proie à l’insécurité causée par le M23 depuis déjà trois mois. En outre, Christian Tshiwewe devrait faciliter le travail de la réforme des forces armées entamé par Félix Tshisekedi. L’une des réformes phares consiste en la mise en place effective de la loi de la programmation militaire adoptée lors de la 62ème réunion du Conseil des ministres.
Cette loi consiste à fixer des échéances financières pluriannuelles (2022-2025) qui déterminent une ligne des crédits devant servir au financement de la logistique, équipements et développement des forces armées. Depuis son arrivée au pouvoir, Félix Tshisekedi tente de reprendre la main sur l’armée, plusieurs généraux nommés par son prédécesseur ont été écartés.
Depuis le début des années 2020, bien des cadres militaires ont fait l’objet d’auditions. Ce fut notamment le cas du général Delphin Kahimbi, Chef des renseignements militaires, décédé dans des circonstances encore non élucidées qui font l’objet d’une enquête, ou encore du général Muhindo Akili Mundos.
Ces mises à l’écart interviennent dans un contexte de rapprochement entre Kinshasa et Washington, qui fait pression pour obtenir le départ de tous les généraux sous sanctions européennes ou américaines. Par contre, le nouveau chef d’état-major, Christian Tshiwewe a les mains sans tâche aux yeux des partenaires internationaux et les organisations de la société civile.
(Source : Jeune Afrique)