Province du Sud-Kivu: la communauté twa séquestrée dans le parc national de Kahuzi-Biega
Partager
Par GKM
L’ONG Minority Rights Group (MRG) citée par nos confrères de Deutsche well soutient que des gardes du parc national de Kahuzi-Biega et des soldats de l’armée congolaise seraient responsables de violences contre les Batwa, communauté basée dans les collines de ce site classé au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1980, et dont le plus important donateur est le gouvernement fédéral allemand. Kahuzi Biega abrite les derniers gorilles de plaines de l’Est ainsi que le peuple indigène Batwa.
Mais depuis 2019, cette minorité fait l’objet d’attaques ciblées.
L’ONG Minority Rights Group (MRG) dit avoir enquêté sur ces violences et a publié le 6 avril un rapport de près de 100 pages qui met en cause les gardes du parc et des soldats de l’armée congolaise. Batwa.
Des allégations rejetées
Le directeur du parc, De-Dieu Bya’ombe Balongelwa, mis en cause, nie ces accusations. Dans une réponse écrite adressée à la DW, il soutient qu’il n’y a jamais eu de violences ciblées dans le parc. Il n’a donc jamais ordonné de telles attaques. De plus, l’homme estime être victime d’un complot visant à se débarrasser de lui en tant que directeur du parc.
Du côté des donateurs, on fait aussi état de violences, alors que la Reconstruction Loan Corporation (KfW) finance des projets dans six réserves naturelles au Congo dont le parc national de Kahuzi-Biega, pour le compte du ministère fédéral de la Coopération économique et du Développement (BMZ) et en étroite collaboration avec la Société allemande de coopération internationale (GIZ).
Au total, 66 millions d’euros ont été versés depuis 2008 selon la KfW. Selon l’ONG Minorit yRights Group, les donateurs ont été informés des attaques contre les Batwa dès 2019. « Ces donateurs internationaux du parc ont été informés à plusieurs reprises que leur soutien financier et matériel entraînait des abus massifs contre les civils », selon Robert Flummerfelt, auteur du rapport du Minority Rights Group. « Les preuves découvertes au cours de cette enquête indiquent clairement qu’ils étaient complices d’exactions susceptibles de constituer des crimes contre l’humanité », ajoute-t-il.
Les donateurs ont également financé la formation paramilitaire des gardes du parc. De l’avis de Flummerfelt, cela viole l’embargo sur les armes de l’ONU contre la République démocratique du Congo, puisque le Conseil de Sécurité de l’ONU n’a pas été informé au préalable.
Face à cette situation confuse, le ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ) demande l’ouverture d’une enquête.