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Insécurité alimentaire aigüe: la RDC demeure le premier pays au monde

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Insécurité alimentaire aigüe: la RDC demeure le premier pays au monde

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Par GKM

Le Bureau de Coordination des Affaires Humanitaires des Nations Unies (OCHA) indique, dans un rapport annuel, que la RDC demeure le premier pays au monde au regard du nombre de personnes en insécurité alimentaire aigüe, avec 27 millions de personnes affectées. L’agence onusienne précise que les personnes en phase de crise et d’urgence (phase de l’IPC 3 ou plus) se trouvent principalement dans les régions affectées par des conflits et mouvements de population et des épidémies.

A en croire OCHA, près de 4,2 millions de personnes souffrent de la malnutrition aigüe, dont 2,4 millions d’enfants de moins de cinq ans. Le taux de prévalence de la malnutrition aigüe globale s’élève à 6,5% et celui de la malnutrition chronique à 42%, indique OCHA.
Sur un total de 21 maladies à potentiel épidémique sous surveillance en RDC, 6 ont été épidémiques en 2021 (contre 5 en 2020) : le choléra, la rougeole, la COVID-19, la maladie à virus Ebola (MVE), la poliomyélite et le paludisme.

Le Bureau de coordination des affaires humanitaires des nations unies signale que l’accès limité à l’eau potable, à l’hygiène et à l’assainissement et la faible couverture vaccinale dans le pays favorise la propagation des épidémies. Les risques de contamination sont particulièrement accrus dans les zones de déplacement du fait des conditions de vie précaires, de la promiscuité et du manque d’accès aux services de base.

Ces épidémies entraînent une morbidité et une mortalité accrue chez les populations vulnérables et ont aussi un impact notable sur la situation socio-économique des ménages, renforçant les problématiques humanitaires déjà existantes, comme l’insécurité alimentaire ou la malnutrition.

Covid-19, un frein

Entre le début de l’épidémie de COVID-19 en mars 2020 et le 31 octobre 2021, 57 588 cas ont été confirmés dont 1 098 décès au sein de 264 zones de santé. Toutes les 26 provinces du pays sont désormais touchées. Depuis 2020, les restrictions imposées en réponse à la pandémie de COVID-19 continuent d’exercer un effet sur l’économie locale et sur les niveaux de vulnérabilité des populations.

En 2021, les conséquences de la pandémie se répercutent sur la capacité de la population à accéder aux biens de première nécessité, plus particulièrement dans un contexte où les difficultés d’approvisionnement, en particulier en zones frontalières, risquent d’entraîner une hausse des prix lorsque les activités des ménages n’ont pas totalement repris.

Depuis octobre 2021, une résurgence de la maladie à virus Ebola (MVE) a été déclarée dans la province du Nord-Kivu. Bien que la propagation de la maladie reste encore limitée à 8 cas confirmés (et 3 probablesMVE rajoute à la complexité de la situation humanitaire dans la zone déjà hautement volatile du nord de la province.

Par ailleurs, l’accès humanitaire à l’ensemble des populations dans le besoin demeure une problématique majeure en RDC. Les opérations des acteurs humanitaires restent limitées ou entravées en raison de l’insécurité, du manque d’infrastructures et de l’enclavement de certaines zones du pays ainsi que d’obstacles administratifs. La persistance des violences affectant les acteurs humanitaires reste préoccupante.

De janvier à octobre 2021, 260 incidents de sécurité affectant directement des personnels et biens humanitaires ont été rapportés, 7 travailleurs humanitaires ont été tués, 26 blessés et 23 enlevés. Le Nord-Kivu et l’Ituri sont les provinces les plus affectées. Dans ces régions en particulier, l’insécurité et les difficultés de transport perturbent également les efforts des populations affectées à accéder aux peu de services essentiels disponibles.

Trop de mouvement des populations en 2021

OCHA note également que la RDC demeure l’une des crises humanitaires les plus complexes et prolongées au monde. Si la situation est restée relativement stable ou s’est améliorée dans certaines régions en 2021, les conflits armés et les catastrophes naturelles continuent de provoquer des mouvements de population importants dans l’est du pays ainsi que de nombreux incidents de protection, en particulier dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri où l’état de siège a été instauré en mai 2021. La RDC abrite l’un des nombres les plus élevés de personnes déplacées au monde et le plus nombreux sur le continent africain.

Le pays compte 5,5 millions de personnes déplacées internes, quelques 1,2 million de personnes retournées et 517 140 personnes réfugiées et demandeurs d’asile des pays voisins. En 2021 seulement, il est estimé que 1,5 million de personnes se sont déplacées en raison principalement d’attaques, d’affrontements armés ou de conflits fonciers et intercommunautaires. Un certain nombre de ces personnes ont dû se déplacer plusieurs fois du fait de la persistance des violences.

Les conflits, les épidémies et les désastres naturels continuent de peser fortement sur les conditions de vie, sur le niveau élevé de pauvreté au sein de la population, sur les faibles infrastructures publiques et services sociaux ainsi que sur les dynamiques de conflits intercommunautaires autour des ressources naturelles et minières. Les problématiques structurelles demeurent, comme l’accès limité des populations à des services de base de qualité, l’insuffisance de politiques publiques de développement et de protection sociale à l’attention des plus vulnérables, ainsi que de profondes inégalités de genre.

De janvier à octobre 2021, 49 661 cas de violations de droits humains ont été enregistrés traduisant une détérioration continue de la situation sécuritaire dans les provinces en conflit en particulier de l’Ituri, du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et du Tanganyika. La tendance des cas de violations rapportés est à la hausse par rapport à l’année dernière.

Les violences basées sur le genre (VBG) et les violations graves contre les droits de l’enfant restent également des problématiques majeures. Entre janvier et septembre 2021, 74 275 cas de VBG ont été notifiés, soit une augmentation de 73 pour cent par rapport à la même période en 2020.

Les femmes et les filles sont majoritairement touchées (94 pour cent des cas). Pendant cette même période, 1540 violations graves des droits des enfants en temps de conflit armé ont été documentées ce qui continue de montrer que les enfants sont particulièrement affectés par ces conflits.