Assemblée nationale, de Mabunda à Mboso : la majorité parlementaire accomplit sa mission
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Par Marcel Tshishiku
L’Assemblée nationale a finalement gagné le pari de la mise en place du bureau de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), avec Denis Kadima comme président. La Représentation nationale s’est acquittée de cette tâche après un travail des Titans, dans un contexte où l’ancienne Majorité parlementaire cherchait à tout prix à bloquer toutes les actions visant à jeter les bases du bien-être des Congolais.
En effet, le président de l’Assemblée nationale, Christophe Mboso N’kodia Pwanga, a lancé, le 2 décembre 2021, un « dernier appel » à l’opposition politique lui demandant d’envoyer ses délégués au bureau de la CENI. « La dernière prestation de serment par les membres de la CENI a inauguré la reprise formelle du nouveau cycle électoral dont l’aboutissement sera la tenue des échéances électorales de 2023.
Autant nous avons ensemble adopté la loi organique de la CENI et par consensus, nous sommes convenus du partage des postes au sein de cette institution citoyenne, autant nous devons ensemble participer aux opérations préparatoires des élections à venir jusqu’à l’aboutissement de ce processus que nous voulons démocratique, inclusif, libre, transparent et apaisé.
Pour ce faire, je lance un dernier et vibrant appel à nos compatriotes qui sont dans l’opposition à rejoindre ce train électoral (…) Votre bureau va procéder à la publication d’un nouveau calendrier pour permettre à l’opposition de présenter ses candidatures aux 3 postes vacants », avait déclaré Christophe Mboso.
Mise en place du bureau de la CENI
Effectivement, ce nouveau calendrier a été publié. L’appel de Christophe Mboso a trouvé une réponse favorable auprès du Front commun pour le Congo (FCC) et alliés. Le député national Didi Manara, président du groupe parlementaire PPRD (Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie), y a répondu favorablement.
Cependant, l’aile extrémiste du FCC et alliés représentée par les caciques de la « kabilie », notamment le secrétaire permanent Emmanuel Ramazani Shadari, a évoqué la « haute trahison » pour prétendre défenestrer Didi Manara et confier le poste de président du groupe parlementaire à François Nzekuye, estimant que le FCC ne participera à la CENI que si les membres du bureau sont désignés par consensus.
Tout compte fait, Didi Manara a envoyé une liste de 3 personnes au Bureau de la chambre basse. Ces personnes sont notamment Didi Manara, lui-même (PPRD) proposé au poste de 2ème vice-président ; Ida Kitwa (PPRD), questeur, et Nelly Mwinga (ACO), membre du bureau de la CENI. Ces 3 noms ont été entérinés par l’Assemblée nationale. Le bureau de la CENI affiche désormais complet à la grande satisfaction de l’opinion qui voit désormais le chemin vers les élections de 2023 balisé.
Pétition contre le bureau Mabunda
Le FCC, plateforme politique chère à l’ex-Président Joseph Kabila, passe une période de vache maigre depuis la rupture de sa coalition avec le CACH (Cap pour le changement), ayant porté le Président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo à la Magistrature suprême.
C’est dans ce contexte qu’initiée par l’actuel Chef, l’Union sacrée de la Nation a réussi à renverser la configuration politique au sein du Parlement. La majorité parlementaire a basculé en sa faveur et lui a permis d’entreprendre des actions visant à contrôler la direction de l’Assemblée nationale.
En définitive, l’Assemblée nationale a valablement réceptionné la pétition des députés demandant la destitution de son Bureau dirigé par Jeanine Mabunda. Sans surprise, Christophe Mboso N’Kodia Pwanga a été élu président du Bureau définitif de l’Assemblée nationale avec 389 voix. L’élection a été organisée mercredi 3 février 2021.
Le doyen d’âge de la chambre basse du Parlement fut co-fondateur du Parti démocrate et social chrétien (PDSC) en 1990 ; membre et secrétaire exécutif du regroupement politique Alliance des Bâtisseurs pour un Congo Émergent (ABCE), anciennement membre du FC.
Les confessions religieuses divisées
Mardi 27 juillet, 6 confessions religieuses sur 8 qui composent la Plateforme des confessions religieuses de RD-Congo ont choisi, au siège de la Commission d’intégrité et médiation électorale (CIME), leur candidat pour la présidence de la Commission électorale indépendante, en la personne de Denis Kadima.
Ces confessions religieuses (les Églises de réveil, les orthodoxes, les musulmans, les kimbanguistes, l’Armée du salut, et les églises indépendantes) ont procédé au vote, en l’absence de l’Église catholique et de l’Église de Christ au Congo (ECC) qui tenaient au consensus, comme mode désignation et soupçonnaient Denis Kadima d’être proche du Président Félix Tshisekedi.
Dans une interview accordée à La Croix Africa en décembre 2020, l’archevêque de Kinshasa, le cardinal Fridolin Ambongo avait déclaré : « Certains responsables de confessions religieuses, moyennant de l’argent, se sont réunis pour faire une déclaration qui prétendait que six confessions religieuses contre deux [Églises catholique et protestante] avaient trouvé un candidat pour la présidence de la Commission électorale ».
Le Bureau de l’Assemblée nationale avait entériné le choix du Groupe de 6 confessions, en dépit de la protestation des Eglises catholiques et protestants, appuyées par les partis de l’opposition politique.
L’Eglise catholique se ressaisit
Ce mouvement de protestation s’est finalement essoufflé lorsque les présidents de chacune des chambres du Parlement, le Premier ministre Sama Lukonde, et un délégué du Président Félix Tshisekedi vont convaincre le Cardinal Fridolin Ambongo de placer l’Eglise au milieu du village, au lieu de la mêler dans des querelles politiciennes.
A ce jour, l’optimisme est permis pour les analystes qui soutiennent que le train de la démocratie est déjà en marche et que plus rien n’empêche la tenue, en 2023, des élections crédibles, transparentes et paisibles.