A travers le rapport du BCNUDH: l’ONU s’alarme contre les atrocités commises à Masisi et Lubero
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Selon le porte-parole du Haut commissariat des Nations Unies aux Droits de l’homme, ces violations et atteintes prennent leur source dans les conflits intercommunautaires liés au foncier, à l’exploitation des ressources naturelles…
Par GKM
« La situation dans les territoires de Masisi et de Lubero, dans la province du Nord-Kivu, au nord-est de la République démocratique du Congo, est très préoccupante », a alerté vendredi 12 novembre 2021 le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme.
Selon les services de la Haut-Commissaire Michelle Bachelet, les violations aux droits humains ont été à la hausse au premier semestre de cette année de l’ordre de 2% dans le territoire de Lubero et 47% dans le territoire de Masisi.
Ces violations et atteintes prennent leur source dans les conflits intercommunautaires liés au foncier, à l’exploitation des ressources naturelles et à la faiblesse, voire l’absence, des services étatiques dans ces régions. « Les conflits fonciers entre différentes communautés ont conduit à des violences intercommunautaires, qui ont à leur tour alimenté l’émergence de groupes armés », a déclaré lors d’un point de presse régulier de l’ONU à Genève, Elisabeth Throssell, porte-parole de la Haut-Commissaire.
Selon les services de Michelle Bachelet, ces groupes ont pu prendre le contrôle quasi total de Masisi et Lubero, où la présence de l’État est négligeable et où peu de forces de sécurité sont déployées. Selon un rapport publié ce vendredi par le Bureau conjoint des Nations Unies pour les droits de l’homme en RDC (BCNUDH), les groupes armés ont perpétré plus de 2.300 abus des droits de l’homme et violations du droit international humanitaire à Masisi et Lubero au cours des 10 premiers mois de l’année, en hausse par rapport aux 800 enregistrés en 2020 et plus de 750 en 2019.
Les abus attribués aux groupes armés enregistrés en 2021 comprennent, entre autres, 480 exécutions sommaires, plus de 1.400 personnes blessées après avoir été attaquées et plus de 350 victimes de violences sexuelles. Les groupes armés ont maintenu leur présence sur des parties importantes de ces deux territoires, détériorant la situation sur place.
Selon l’ONU, le nombre de violations et d’abus signalés à Masisi et Lubero n’a cessé d’augmenter depuis 2015. Actuellement, plus de la moitié des violations et abus de droits humains enregistrés dans la province du Nord-Kivu ont lieu dans ces deux territoires.
D’une manière générale, les groupes armés ont continué leurs activités sur de grandes zones, notamment des attaques contre des villages et commettant ainsi de nombreuses atteintes aux droits de l’homme.
Les forces de sécurité accusées de 966 violations à Masisi et Lubero En vue d’améliorer la situation dans ces deux territoires, l’ONU recommande le rétablissement de l’autorité de l’Etat, la résolution des sources profondes des conflits entre communautés, la mise en œuvre rapide des mécanismes de désarmement, démobilisation et de réinsertion communautaire et les mécanismes de justice transitionnelle.
Par ailleurs, les forces de sécurité sont accusées de 966 violations des droits de l’homme à Masisi et Lubero, soit une augmentation significative par rapport aux 387 enregistrées en 2020 et 183 en 2019. 111 civils victimes d’exécutions extrajudiciaires
Les violations attribuées aux forces de sécurité enregistrées cette année comprennent 111 civils victimes d’exécutions extrajudiciaires, 542 personnes blessées et 58 victimes de violences sexuelles.
A ce sujet, l’ONU demande aux autorités de veiller à ce que le personnel de sécurité déployé sur les deux territoires pour faire face aux groupes armés soit correctement formé afin d’éviter que des violations des droits de l’homme ne se produisent.
Plus globalement, l’ONU préconise la mise en place d’enquêtes rapides, impartiales, indépendantes et efficaces sur toutes les violations des droits de l’homme et les abus, afin que les responsables répondent de leurs actes.