Conséquence des attaques de Tchanzu et Runyonyi par les présumés M23: afflux vertigineux de réfugiés congolais en Ouganda
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Le HCR répertorie déjà 11.000 civils en errance au pays de Kaguta Yoweri Museveni dont la majorité est femme et enfant
Par GKM
Au moins 11.000 civils congolais se sont réfugiés en Ouganda en un jour, fuyant les violences dans l’est de la République démocratique du Congo, a annoncé mardi 9 novembre le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés. » Une recrudescence des combats dans l’est de la RDC a forcé au moins 11.000 personnes à fuir la frontière ougandaise depuis dimanche soir « , a déclaré lors d’un point de presse à Genève, ShabiaMantoo, porte-parole de l’Agence de l’ONU pour les réfugiés (HCR).
Il s’agit de l’afflux de réfugiés le plus important en une seule journée dans le pays depuis plus d’un an. Selon le HCR, la vaste majorité des personnes ayant fui en Ouganda sont des femmes et des enfants. Les provinces congolaises du Nord-Kivu et de l’Ituri sont placées depuis le 6 mai en état de siège pour lutter contre des groupes armés qui terrorisent les populations civiles.
Pour rappel, des hommes armés non identifiés ont attaqué, dans la nuit de dimanche à lundi, plusieurs sites militaires de Bunagana, une zone située à 80km de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, à l’est de la RDC. » Les combats entre les milices et les forces armées congolaises se déroulent dans le territoire de Rutshuru au Nord-Kivu « , a précisé Mme Mantoo.
Des combats se déroulaient dans les villages de Binja, Kinyarugwe et Chanzu. Selon le HCR, quelque 8.000 personnes ont traversé la frontière à Bunagana et 3.000 autres au poste frontière de Kibaya, dans le district de Kisoro, qui borde la frontière côté Ouganda. Ces deux villes sont situées à environ 500 km au sud-ouest de la capitale ougandaise, Kampala. » Les nouveaux arrivants ont indiqué au personnel du HCR que des combats se déroulaient dans les villages de Binja, Kinyarugwe et Chanzu.
De nombreuses personnes sont arrivées avec des ustensiles de cuisine, des matelas, des vêtements et du bétail, rassemblés à la hâte lors de leur fuite « , a ajouté la porte-parole du HCR, relevant que » certains semblent retourner dans des zones reculées à proximité de la frontière « .
L’hospitalité du gouvernement ougandais
Les frontières de l’Ouganda sont en principe fermées aux demandeurs d’asile en raison des restrictions liées au nouveau coronavirus, mais le gouvernement a fait une exception humanitaire afin de permettre aux personnes de fuir les violences.
» L’Ouganda a accordé un passage sûr aux personnes en quête de sécurité « , a expliqué Mme Mantoo, félicitant Kampala d’avoir autorisé les personnes cherchant refuge à entrer dans le pays.
Le HCR et le Bureau du Premier ministre ougandais, qui gère plusieurs installations de transit pour les demandeurs d’asile le long de la frontière congolaise, répondent à l’urgence en coordination avec les autorités locales et de district. Le HCR a déjà relocalisé environ 500 demandeurs d’asile dans le centre de transit de Nyakabande, qui peut accueillir jusqu’à 1.500 personnes.
À Nyakabande, les demandeurs d’asile sont soumis à un dépistage de la Covid-19 et sont enregistrés. Ils reçoivent de l’eau, de la nourriture, des abris collectifs et d’autres articles tels que des couvertures. Un système est en place pour identifier et suivre rapidement les personnes ayant besoin d’une aide d’urgence.
Néanmoins face à cet afflux important, le HCR craint que les capacités et les services locaux ne soient bientôt dépassés et demandent des ressources urgentes pour répondre aux besoins des nouveaux arrivants. » Jusqu’à présent cette année, le HCR n’a reçu que 45 % du financement de ses opérations en Ouganda, un pays qui accueille plus de réfugiés que tout autre pays d’Afrique « , a conclu Mme Mantoo, rappelant que seuls trois pays au monde accueillent plus de réfugiés.