Guerre du poulet surgelé à Kinshasa: gouvernement et importateurs à couteaux tirés sur le prix des produits de première nécessité
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Par YHR
Le Gouvernement et les importateurs sont à couteaux tirés à propos du prix des produits de première nécessité, en général et singulièrement du poulet surgelé. La décision avait été prise fin juin, en conseil des ministres. Le prix des cartons de 10 kg de poulets devait divisés par deux, voire plus.
Pourtant, si les prix n’ont pas baissé, ils ont même augmenté. Le carton est passé de 42.000 francs congolais (21 dollars), à 56.000 (28 dollars). Les autorités affirment avoir constaté après enquête que les importateurs pratiquaient des prix trop élevés, surtout au regard d’une situation socio-économique aggravée par la pandémie de la Covid-19. Les côtes de porc et autres poissons chinchards (mpiodi) étaient eux aussi concernés, avec une baisse moindre.
Les gros importateurs pointés du doigt
Certains incriminent les gros importateurs, pour la plupart indiens ou encore libanais, qui ont le monopole du marché, de faire de la rétention de produits, les rendant plus rares et donc plus chers. Ils sont aussi accusés de très fortement sous-évaluer la valeur des cargaisons importées et de fonctionner dans un système opaque et corrompu. Ils se défendent en arguant que si le prix de vente au consommateur se base sur la valeur réelle des produits, les tarifs que les autorités veulent imposer sont inapplicables, que c’est de la vente à perte.
Maître Derick Tshibangu, président de l’Organisation de Défense des Consommateurs (ODC) du Congo, va plus loin appelant les consommateurs à la résistance et à la dénonciation des « commerçants véreux ».
Après des semaines d’impasse, le Gouvernement a fait savoir qu’il se donne un mois et demi pour « inonder » le marché de surgelés. Il compte s’approvisionner directement auprès des exportateurs pour ensuite redistribuer les produits aux chambres froides congolaises, explique le service de communication du ministère de l’Economie.
Un problème de fond posé
Michel Bisa Kibul, professeur de sciences politiques et gouvernance, estime quant à lui que l’approche du Gouvernement, au-delà des discussions mal engagées sur la fixation des prix, pose un problème de fond. « Son souci devrait être d’avoir de bons produits locaux », de soutenir l’agro-industrie congolaise plutôt que d’inonder le marché « de produits surgelés à bas prix ». Un gâchis, selon lui, alors que la RD Congo dispose de 80 millions de terre arable et de nombreux cours d’eau, regorgeant de poissons.