Mort de Jean-Paul Belmondo, un des derniers monstres sacrés du cinéma français
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Par YHR
La star incontournable du cinéma français jusque dans les années 1990, Jean-Paul Belmondo, est mort hier lundi 6 septembre à son domicile parisien. De la Nouvelle vague aux films commerciaux, l’homme a traversé près d’un demi-siècle de l’histoire du septième art hexagonal.
Avec sa disparition, c’est une page du cinéma français qui se tourne. Une page noircie des plus grands noms du septième art hexagonal : Bourvil, Jean Gabin, Lino Ventura, Alain Delon, Bernard Blier, Catherine Deneuve, Françoise Dorléac, Claudia Cardinale, Anna Karina, aux côtés desquels il joua ; Jean-Luc Godard, François Truffaut, Jean-Pierre Melville, Georges Lautner, Henri Verneuil, Alain Resnais, Philipe de Broca, Claude Sautet, Claude Lelouch, avec qui il tourna.
Fils d’un sculpteur et d’une artiste-peintre
Né le 9 avril 1933 dans la très chic Neuilly-sur-Seine, Jean-Paul Belmondo a grandi au sein d’une famille d’artistes. Son père, Paul Belmondo, sculpteur reconnu, et sa mère, Sarah Rainaud-Richard, artiste-peintre, peinent toutefois à intéresser leur fils aux choses de l’art. Quant aux études… Le jeune homme est plus intéressé par la boxe. Envoyé à l’âge de 16 ans en Auvergne pour guérir une infection pulmonaire, il prend la décision de se consacrer au théâtre.
Le jeune homme suit les cours de Raymond Girard , malgré l’ avis défavorable du sociétaire de la prestigieuse Comédie-Française André Brunot . Il débute au théâtre en 1950. Pendant six mois, Girard va l’aider à préparer le concours du Conservatoire national supérieur d’art dramatique, où l’apprenti comédien est recalé, mais admis en tant qu’auditeur libre en 1951.
En janvier 1952, Belmondo repasse l’examen d’entrée mais échoue de nouveau. C’est seulement en octobre 1952 qu’il est enfin admis. Après quatre années passées au Conservatoire aux côtés, entre autres, d’acteurs qui deviendront des grands comme Jean-Pierre Marielle, Jean Rochefort, Bruno Cremer, » Bebel » débute une carrière sur les planches.
L’immense Pierre Dux, dont il est l’élève, déclare un jour » qu’avec la tête qu’il a, il ne pourrait jamais prendre une femme dans ses bras, car cela ne serait pas crédible « il faut dire qu’avec son cassé de boxeur et son corps râblé, Belmondo ne correspond pas au jeune premier des planches ou du grand écran. Il commence à obtenir de petits rôles au cinéma. Jean-Luc Godard le repère et le fait tourner dans » À bout de souffle « .
Adapté à tous les genres
Jean-Paul Belmondo enchaîne les rôles sur grand écran. Nouvelle Vague (Jean-Luc Godard, Claude Chabrol), cinéma italien (Vittorio De Sica), polar (Jean-Pierre Melville) ou encore films d’aventures (Philippe de Broca)… l’acteur s’adapte à tous les genres cinématographiques. Figure de proue de cette nouvelle génération de comédiens beaux gosses – statut qu’il se dispute avec Alain Delon -, l’acteur va alors se frotter à la vieille garde.
En 1962, le réalisateur Henri Verneuil s’attache ses services pour affronter la légende Jean Gabin dans « Un singe en hiver », adaptation devenue culte d’un roman d’Antoine Blondin. Sept ans plus tard, c’est aux côtés de Bourvil qu’il interprète un brigand à la petite semaine dans ce qui restera comme son plus grand succès au box-office, » Le Cerveau « , de Gérard Oury (plus de 5,5 millions d’entrées).
Connu pour exécuter lui-même ses cascades, c’est après s’être blessé en exécutant une cascade sur le tournage de » Hold-up « , que l’homme abandonne progressivement les plateaux de cinéma pour les théâtres, où il campe des personnages mythiques du répertoire français, tel Cyrano de Bergerac dans le costume duquel il partira en tournée internationale. En 1988, alors qu’il fête ses 30 ans de carrière, Jean-Paul Belmondo reçoit le César du meilleur acteur pour son rôle dans » Itinéraire d’un enfant gâté « .
Victime d’un AVC
Le 8 août 2001, alors qu’il se trouve en vacances en Corse, chez feu son ami Guy Bedos , l’acteur est victime d’un accident vasculaire cérébral. Il en garde comme séquelle notamment une paralysie faciale du côté droit qui va nécessiter une longue rééducation.
Régulièrement, il retrouve toutefois la scène. Non pas pour y jouer mais pour y être honoré. Comme en 2011 au Festival de Cannes où il se voit décerner une Palme d’honneur. Ou en 2013 au Festival Lumière de Lyon où quelque 4 500 personnes l’acclament lors d’une cérémonie d’hommage.