Par DMK

L’ancien Premier ministre devenu sénateur, Augustin Matata Ponyo, va devoir comparaitre devant la Cour Constitutionnelle dans l’affaire du présumé détournement des fonds destinés à l’indemnisation de 300 victimes de la zaïrianisation de triste mémoire. Ainsi en a décidé le Bureau du Sénat au terme d’une réunion extraordinaire tenue le lundi 5 juillet 2021, sous la direction du Président de la Chambre Haute du Parlement, Modeste Bahati Lukwebo, et au cours de laquelle le sénateur Matata Ponyo a été auditionné.

Une source proche du cabinet du Président de la Chambre Haute indique qu’avant de tenir cette réunion, le Bureau du Sénat a préalablement entendu le Procureur Général près la Cour Constitutionnelle sur le contenu de son Réquisitoire sollicitant des poursuites à l’endroit du sénateur Matata au sujet de cette affaire où près de 144 millions de dollars US devaient être débloqués pour indemniser les victimes de la zaïrianisation. C’est donc après ces préalables que le Bureau du Sénat s’est finalement décidé de mettre le sénateur Matata Ponyo à la disposition de la justice.

Il s’agit de la Décision N° 006/CAB/PDT/SENAT/MBL/HFM/EBD/2021 portant autorisation.des poursuites et levée des immunités parlementaires du sénateur Augustin Matata Ponyo Mapon. Le Bureau du Sénat dit s’être référé à certaines dispositions de la Constitution, notamment l’article 166 alinéa 1er, ainsi que les articles 217 et 218 du Règlement Intérieur de la Chambre Haute du Parlement.

Cette décision, apprend-on, a été votée à l’unanimité par les sept membres qui composent le Bureau du Sénat. Et aussitôt approuvée, la décision a été transmise le même jour au cabinet du Procureur Général près la Cour Constitutionnelle.
L’affaire porte sur le détournement d’importants fonds débloqués par le trésor public à l’époque où Augustin Matata Ponyo était Premier ministre, sous le régime de Joseph Kabila, pour indemniser 300 victimes de la zaïrianisation.

A en croire certaines sources, la sortie de ces fonds ou d’une bonne partie se serait faite sans transparence et sans que l’Office de Gestion de la Dette Publique ait été associé à cette opération. L’ex -Premier ministre doit donc prouver que les fonds débloqués ont été bel et bien versés aux victimes concernées. Le procès attendu promet d’être riche en révélations, afin de permettre, on l’espère, de tirer définitivement au clair cette affaire.

Le Bureau du Sénat affirme avoir respecté les textes

Face à certaines réactions tentant de remettre en sa décision, le Bureau du Sénat est vite monté au créneau pour souligner que l’autorisation accordée à la Cour Constitutionnelle pour poursuivre le sénateur Matata Ponyo est conforme au Règlement Intérieur du Sénat. Car, l’article 218 du règlement intérieur stipule que  » En dehors de la Session, le Bureau du Sénat statue sur la demande de levée des immunités parlementaires d’un sénateur ».

En ce qui concerne le cas Matata Ponyo, le Bureau précise que lors de son audition dans la salle de banquet du Palais du Peuple, celui-ci était assisté de son avocat conseil , Me Michel Shebele et a eu droit à la parole lui accordée par les six membres du Bureau présents à Kinshasa, sous la conduite du Président Modeste Bahati.
Il reste donc au sénateur Matata Ponyo de prouver son innocence devant la justice.