Massacres de Yumbi: Gentiny Ngobila dans le viseur de la Cour de Cassation !
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Dans une communication faite hier lundi aux élus de la capitale, le président de l’Assemblée Provinciale de Kinshasa reconnait avoir été saisi à ce sujet par la justice
Par DMK
Depuis l’avènement du régime Félix Tshisekedi, la République Démocratique du Congo veut servir d’exemple en matière de lutte contre l’impunité. Pour en donner encore la preuve, la justice congolaise, à travers la Cour de Cassation, vient de saisir l’Assemblée Provinciale de Kinshasa pour obtenir l’autorisation d’engager des poursuites contre le Gouverneur de la ville province de Kinshasa, monsieur Gentiny Ngobila Mbaka. Le sujet a fait l’objet d’une communication faite par le président de cet organe délibérant, le pasteur Godé Mpoyi, au cours de la plénière tenue hier lundi 31 mai.
A en croire le président de l’Assemblée Provinciale de Kinshasa, la démarche de la Cour de Cassation s’inscrit dans le cadre du dossier opposant le Gouverneur Ngobila au Conseil d’Etat de la République démocratique du Congo. Tout porte à croire que le dossier pour lequel le Gouverneur Ngobila est poursuivi soit lié à son implication présumée dans les massacres interethniques survenus le 16 et 18 décembre 2018 à Yumbi, dans la province du Maï-Ndombe, à l’époque où l’actuel chef de l’exécutif de la ville province de Kinshasa était Gouverneur de cette province.
Pour rappel, ces affrontements avaient opposé les communautés Batende aux Banunu et occasionné la mort atroce de plusieurs centaines de personnes appartenant pour la plupart à la communauté Banunu. A en croire, le RENADHOC, plate-forme regroupant plus de 750 ONG œuvrant la défense des droits de l’homme, les massacres de Yumbi avaient fait 890 personnes tuées et une centaine de blessés, majoritairement de la communauté Banunu.
On avait également déploré l’incendie et la destruction de plus de 1500 maisons, de 9 centres de santé, 20 écoles et 3 marchés qui ont été saccagés et pillés.
Ces violences avaient également engendré un déplacement massif d’au-moins 16.000 habitants du territoire de Yumbi, dont beaucoup avaient trouvé refuge au Congo voisin, précisément à Makotimpoko, et sur les îlots du fleuve Congo.
Justice réclamée
Dans un plaidoyer retentissant mené par les ONG membres du RENADHOC et maintes fois relayé par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’homme, ces organisations n’ont cessé de réclamer une enquête approfondie sur ces violences meurtrières, afin que les auteurs de ces massacres et leurs commanditaires répondent de leurs actes devant la justice.
Après plusieurs mois de tergiversations sur cette grave affaire, les réclamations des ONG ont fini par trouver un écho favorable dans le chef de nouveaux dirigeants de la RDC, avec l’ouverture du procès de l’affaire Yumbi à la Haute Cour Militaire, depuis le mardi 25 mai 2021.
La prochaine audience, apprend-on, aura lieu le 6 juillet prochain à la haute Cour Militaire (HCM) siégeant en chambre foraine à la prison militaire de Ndolo, en espérant que le droit sera enfin dit sur ces massacres susceptibles d’être considérés comme des crimes contre l’humanité. La partie défendant les droits des victimes de ces affrontements espèrent que ce procès sera juste et équitable, afin que les auteurs et commanditaires de ces massacres soient sanctionnés de manière exemplaire.
L’implication des autorités politico-administratives établie
En tant que Gouverneur de la province de Mai-Ndombe et membre influent de la communauté Batende au moment des faits, Gentiny Ngobila Mbaka va sans doute devoir s’expliquer sur les accusations portées contre lui. Si son implication se confirmait au cours de ce procès, l’actuel chef de l’exécutif provincial de Kinshasa risque de se voir condamné à de lourdes peines.
Il est important de rappeler aussi le rapport détaillé fait en son temps par la commission d’enquête dite » Commission Yumbi » dirigée par l’ex-ministre des Droits Humains, Mme Marie Ange Mushobekwa. Rapport qui avait clairement établi l’implication des autorités politico-administratives de la province du Maï-Ndombe dans les massacres de Yumbi.
Le rapport de la mission d’enquête spéciale des Nations Unies sur les violences intercommunautaires des 16 et 18 décembre 2018 dans le territoire de Yumbi a été également clair sur l’implication des autorités politico administratives du Maï-Ndombe dans ces tueries.
Les actes de violences commis au cours des attaques de Yumbi pouvant constituer des crimes contre l’humanité, si certains éléments constitutifs sont établis, il est probable que l’ex-Gouverneur du Maï-Ndombe, devenu aujourd’hui Gouverneur de la ville province de Kinshasa, ne sorte pas indemne du procès qui reprend le 06 juillet prochain à la prison militaire de Ndolo. Les jours de Gentiny Ngobila à l’Hôtel de ville de Kinshasa seraient désormais comptés.