Après l’annonce fracassante d’une prochaine révision des contrats miniers: Les lobbies miniers risquent de se coaliser contre la RDC
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Par N.T.
Le 12 mai 2021 à Lubumbashi et le 13 mai 2021 à Kolwezi, le Chef de l’Etat congolais, Félix Antoine Tshisekedi a, lors des meetings populaires qu’il a tenus dans ces villes minières, prononcé un discours très nationaliste et très agressif à l’égard des multinationales européennes, américaines et asiatiques qui exploitent les minerais en RDC en général et dans l’ex-province du Katanga en particulier.
A Kolwezi, chef-lieu de la province minière du Lualaba issu du démembrement de l’ancienne province du Katanga, il a annoncé clairement son intention de réviser les contrats miniers qui lient la RDC à ces multinationales. » Il est temps que le pays réajuste ses contrats avec les miniers dans l’optique de sceller des partenariats gagnants-gagnants « , a-t-il dit à la foule en liesse.
» Il n’est pas normal que ceux avec qui le pays a signé des contrats d’exploitation s’enrichissent pendant que nos populations demeurent pauvres « , a-t-il affirmé. A l’étape de Lubumbashi, capitale du Haut-Katanga, une autre province minière issue elle aussi du démembrement de l’ex-Katanga, il a tenu 24 heures auparavant le même discours nationaliste. » Ceux qui exploitent nos minerais s’enrichissent pendant que, nous les propriétaires, nous nous appauvrissons.
C’est fini. Je vais à Kolwezi pour discuter avec les miniers parce que je veux voir clair. Je veux que la RDC se développe. Ce n’est pas normal que ce sol qui permet aux autres de s’enrichir manque les écoles, les hôpitaux, les routes, et que sa population soit dans la misère. Ce n’est pas normal. Je voudrais connaitre ceux qui maintiennent la RDC dans la pauvreté. Et j’entends voir s’ils vont continuer à faire leur salle besogne « , a encore lancé le Président de la RDC.
Le Haut Katanga et le Lualaba sont des provinces du Sud-est de la RDC très riches en minerais stratégiques utilisés dans les technologies de pointe. Il s’agit notamment du cobalt et du cuivre. La question que des observateurs avertis se posent est celle savoir si les puissants lobbies miniers européens, américains et asiatiques qui saignent à blanc la RDC vont céder aux pressions de l’actuel Chef de l’Etat congolais qui tient à ce que ces firmes minières versent plus d’argent dans les caisses de l’Etat qu’ils ne le font actuellement.
Il s’agit des lobbies capitalistes puissants et solidaires quand il s’agit de défendre leurs intérêts. Ils ont une certaine capacité de résistance face aux pays en voie de développement qui font pression sur eux. Ils détiennent les capitaux et les technologies d’exploitation et de transformation des minerais que les pays à revenu faible n’ont pas. Pendant le règne du dictateur Mobutu, le Zaïre (actuellement République démocratique du Congo) produisait entre 400.000 et 600.000 tonnes de cuivre par an à travers la société d’Etat Gecamines.
Actuellement, le pays produit plus d’un million de tonnes de cuivre par an à travers des opérateurs miniers privés qui exploitent des concessions qui appartenaient jadis à la Gecamines et qui ont été bradées par l’Etat congolais. C’est ainsi que ce pays qui produit de grandes quantités de minerais stratégiques se retrouvent avec un maigre budget annuel de plus ou moins 7 milliards de dollars us alors que son voisin, l’Angola, a un budget autour de 40 milliards de dollars.