Félix Tshisekedi veut ainsi rendre hommage à cet émancipateur du peuple congolais, qui a contribué à désaliéner l’homme noir
Par YHR

La journée 06 avril déclarée chômée et payée. C’est du moins le souhait émis par le président de la république, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo hier mardi 6 avril à Nkamba, dans la province du Kongo Central. Dans son allocution, le chef de l’Etat a rappelé que « Papa Simon Kimbangu est demeuré fidèle à ses convictions, malgré un emprisonnement pendant plus de 30 années ».

Dans son allocution il a aussi insisté sur le fait que « le prophète n’a jamais changé de discours ni changé sa foi, au-delà des sévices.., ce qui ne peut en aucun cas faire l’objet de notre ignorance », saluant « la mémoire d’un compatriote », méritant d’être conservé et protégé pour les générations futures.

« Dieu lui confia la mission de libérer l’homme noir du joug colonial », a affirmé le locataire du Palais de la Nation. Se référant à « Bolingo, Mibeko, Misala » (Amour, Lois, Travail), devise de l’Église kimbanguiste, l’intervenant a ajouté « Bomoko » (Unité), allusion sans doute à la division des descendants du prophète en deux églises distinctes et opposées. Sa descente à Nkamba-Jérusalem lui a aussi permis d’inaugurer le musée érigé pour l’occasion.

Une route impraticable

Arrivé à l’aérodrome de Nkamba, le chef de l’Etat a dû parcourir 7 km d’une route quasiment impraticable. De nombreuses personnes ayant fait le déplacement de la ville sainte se sont aussi plaintes sur les réseaux sociaux de l’état déplorable de la route. Sans voies de communications adéquates, le musée risque de n’être visité que par des fidèles motivés, alors qu’il a vocation à recevoir outre les Kimbanguistes, des touristes d’autres confessions religieuses voire des chercheurs.

Le numéro un rd congolais s’exprimait à l’occasion du centenaire de l’Eglise de Jésus-Christ sur la terre par son Envoyé Spécial Simon Kimbangu (E.J.C.S.K).Le chef de l’Etat a expliqué qu’il demanderait aux élus de l’Assemblée nationale et du Sénat de voter une loi en ce sens. Ce souhait est bien tombé dans les oreilles des présidents des chambres parlementaires, le sénateur Modeste Bahati Lukwebo et le député Christophe Mboso Nkodia Puanga ayant aussi fait le déplacement de Nkamba, une cité située à 75 km de Mbanza –Ngungu dans le district des Cataractes au Kongo-Central

Cette décision, si elle va jusqu’au bout, va assurer une popularité inégalée au Président de la République auprès de la communauté kimbanguiste, atout non négligeable à deux ans des prochaines échéances électorales. Par ailleurs Simon Kimbangu (1887-1951), est considéré comme un émancipateur du peuple congolais, qui a contribué à désaliéner l’homme noir, en pleine période coloniale.

Une épopée

L’épopée de Kimbangu commence quand la nouvelle de guérisons miraculeuses que le jeune homme fait se répand à Nkamba et ses alentours. Ces événements attirent l’attention du commissaire de district Léon Morel. Le 6 juin 1921, à la tête d’une colonne de la Force publique, le fonctionnaire colonial se rend à Nkamba pour arrêter Simon Kimbangu. La tentative échoue. Néanmoins, plusieurs dirigeants du mouvement sont arrêtés et emmenés à Thysville, l’actuelle Mbanza-Ngungu. Les soldats ayant tiré à balles réelles, on relève un mort et plusieurs blessés.

En septembre 1921, Simon Kimbangu se rend spontanément aux autorités coloniales. Celles-ci décident de le traduire devant un conseil de guerre plutôt que devant un tribunal civil, le privant d’un avocat et de toute possibilité d’appel. Au bout de trois jours d’un procès biaisé, il est condamné à mort suite à un jugement qui avoue clairement que le pouvoir colonial redoute que ses activités puissent « conduire à la grande révolte1 ».

32 millions de fidèles dans le monde

Alors que chacun s’attend à une exécution aussi rapide qu’exemplaire, le Roi Albert décide de commuer sa peine en détention à perpétuité. Les autorités coloniales vont donc transférer Kimbangu à la prison d’Élisabethville (Lubumbashi) au Katanga, à des milliers de kilomètres de sa famille et de son lieu de résidence. Il y restera enfermé jusqu’à sa mort le 12 octobre 1951.

L’exil et la mort en détention de Simon Kimbangu n’aura pas empêché son message d’être perçu par ses fidèles. Aujourd’hui, l’Église kimbanguiste revendique quelques 32 millions de fidèles à travers le monde, dont dix millions rien qu’en RD Congo.
Il y a aussi plusieurs mouvements religieux d’essence kimbanguiste à travers la RDC. La valorisation de Simon Kimbangu aura aussi un impact positif auprès de tous ceux-là.