Lutte contre l’impunité: Ouverture du procès contre deux miliciens accusés de crimes internationaux au Kasaï central
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Par GKM
Le premier procès porté par TRIAL International s’est ouvert le mercredi 10 mars 2021 au Kasaï-central. Cette affaire oppose l’organisation Genevoise de lutte contre l’impunité aux deux miliciens accusés de crimes internationaux. Il s’agit d’un message clair envoyé à l’endroit des auteurs des crimes internationaux. Malgré que la route est encore longue, la justice peut triompher, explique Trial International dans un communiqué.
En effet, au printemps 2017, plusieurs villages dans le territoire de Kazumba, au Kasaï central, avaient été attaqués par une milice liée à l’insurrection armée de Kamuina Nsapu. Meurtres, pillages et tortures ont été commis contre des centaines de civils, en représailles à leur refus de collaborer avec ce groupe armé dont le commandant, Nsumbu Katende, est jugé pour crimes de guerre et de terrorisme. Un autre milicien sous ses ordres est également sur le banc des accusés.
« Nous devons sortir de la vision fataliste que les violences au Kasaï sont vouées à rester impunies », déclare Guy Mushiata, coordinateur national de TRIAL International en République démocratique du Congo (RDC). « La justice congolaise a déjà prouvé dans d’autres provinces que les seigneurs de guerre ne sont pas au-dessus des lois. C’est aujourd’hui au Kasaï que nous voulons faire changer les mentalités et contribuer à rétablir l’état de droit. », renchérit-il.
Des crimes en masse commis au Kasaï
La province du Kasaï est tristement célèbre pour le violent conflit qui a opposé, de 2016 en 2019, l’insurrection armée de Kamuina Nsapu et le gouvernement de Kinshasa. La population civile, prise en étau entre les innombrables factions armées, a subi des crimes de masse dont la plupart sont encore impunis.
En mars 2017, le Kasaï a fait la Une du monde entier quand deux experts des Nations Unies, l’Américain Michael Sharp et la Suédoise Zaida Catalan, ainsi que les quatre Congolais qui les accompagnaient, ont été enlevés et tués. Le procès qui s’est ouvert est indirectement lié à ces crimes, puisque le commandant Nsumbu Katende et son acolyte ont opéré dans le même mouvement insurrectionnel que les individus accusés d’avoir tué Michael Sharp et de Zaida Catalan : le Kamuina Nsapu. Les crimes jugés ont d’ailleurs eu lieu deux semaines avant l’enlèvement des deux experts. Si le procès ne prétend pas faire la lumière sur ces meurtres en particulier qui font l’objet d’un autre procès en cours, l’affaire ébranle sérieusement l’impunité des milices armées et pourrait ouvrir la porte à d’autres poursuites.
Ce procès s’ouvre à peine plus d’un an après que TRIAL International a ouvert son premier projet au Kasaï. C’est lors d’échanges avec les acteurs locaux que l’affaire a été portée à l’attention de l’organisation. En septembre 2020, TRIAL International a facilité une mission de documentation, pendant laquelle près de 300 victimes ont été identifiées. Grâce à ce complément d’enquête, le Procureur a considéré les preuves suffisantes pour clôturer son enquête et saisir le tribunal militaire de garnison de Kananga.
« Nous sommes ravis de cette évolution rapide du dossier », se réjouit Daniele Perissi, Responsable du programme Grands Lacs à Trial International. « Elle s’explique par l’excellente collaboration entre les autorités judiciaires du Kasaï-central et ses partenaires locaux et internationaux. » , ajoute-t-elle. Et prouve aux sceptiques que même dans les régions les plus affectées, l’impunité des crimes de masse peut être combattue.
TRIAL International collabore au Kasaï-central avec Physicians for Human Rights, une ONG qui utilise la preuve médicale pour documenter les violations des droits humains.