Lutte contre le Covid-19 dans les milieux sportifs : Le huis-clos imposé menace la survie du football congolais
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Par Armando Mananasi
Sur décision du gouvernement central et de la Fédération Congolaise de Football Association (Fécofa), toutes les rencontres sportives vont se jouer à huis-clos pour la saison 2020-2021. Cette mesure prise pour éviter des contaminations et la propagation à grande échelle de la maladie à coronavirus porte, cependant, préjudice à la survie du football congolais.
C’est pourquoi, pour compenser l’important manque à gagner ainsi occasionné, l’exécutif national, sur instruction de la Présidence de la République, a promis de prendre en charge certaines dépenses des clubs ainsi que celles des organisateurs des compétitions nationales.
Mais quand on connait la lenteur avec laquelle l’Etat congolais a tendance à s’acquitter de ses promesses à cause souvent de l’indisponibilité des fonds, il faut craindre que le football congolais finisse par être totalement bloqué dans son fonctionnement. Comme cela a été le cas pour les lieux des cultes, les bars et boîtes de nuit, certains observateurs estiment que l’Etat congolais devrait autoriser la fréquentation des stades par un public réduit tout en veillant sur le respect de certaines conditions ainsi que des « gestes barrières Covid-19».
De points de lavage des mains aux entrées
Comme il est observé un partout en RDC devant les entrées des édifices publics et privés, les organisateurs des compétitions et l’Etat congolais doivent penser à doter les stades des points d’eau ainsi que des désinfectants en nombre suffisant. A côte de ceci, il faudra aussi mettre à la disposition des contrôleurs, des thermomètres pour la prise de température obligatoire de chaque individu avant son accès à un quelconque stade.
Ainsi, bien avant l’achat de son billet, chaque supporter devra d’abord passer par le lavage des mains et la prise de sa température. En cas de manque de moyens, les organisateurs des compétitions peuvent faire appel aux sponsors et autres moyens publicitaires. Pour cela, il suffira d’ouvrir des espaces publicitaires aux différentes entreprises interessées qui, en retour, prendront en charge les frais nécessaires à la mise en place de ces dispositifs.
La distanciation sociale
Il a été constaté ces derniers temps une recrudescence des actes de vandalisme ainsi qu’une forme particulière de violence dans les stades lors de grandes rencontres des championnats ainsi que de la Coupe du Congo. A ce déficit criant de fair-play dans les rangs des supporters de certaines équipes bien identifiés, il faut ajouter l’inefficacité des agents chargés de la sécurité lors de matches comme principales causes des désordres tant décriés dans les stades, lors du déroulement des rencontres et dehors autour des périmètres des enceintes sportives, avant et après les matches.
Pour contourner cette menace, il y a lieu d’imposer une distanciation sociale de deux mètres entre chaque individu comme l’exige la règle Covid-19. Cette précaution contribuerait donc à renforcer la surveillance ainsi que le contrôle des supporters à l’entrée comme à la sortie des stades.
Cette mesure de distanciation pourra également réduire le nombre des supporters dans les gradins et décourager les inciviques qui profitent souvent de la masse pour poser des actes de vandalisme et des extorsions de biens de valeurs.
Port obligatoire des cache-nez, une source de recettes à exploiter
Aujourd’hui, il est clairement établi que la maladie à coronavirus se transmet par contact physique mais aussi par le canal de l’air ambiant. C’est à cause de ce dernier canal de contamination que le port des cache-nez est devenu obligatoire sur les places publiques partout en RDC.
Si les organisateurs de rencontres sportives permettent aux supporters d’assister ces dernières, le port des cache-nez devra être de rigueur et ne pas souffrir d’application. A côté de cet aspect sécuritaire, les organisateurs des événements sportifs pourraient aussi se servir de la vente des cache-nez pour maximiser les recettes.
Les organisateurs peuvent ainsi recourir à l’expertise d’une entreprise spécialisée, pour la vente des cache-nez aux effigies et couleurs des clubs aux entrées de chaque stade à travers le pays. Avec la sensibilisation des sectionnaires du football, chaque supporter pourra ainsi se protéger, arborer le symbole de son appartenance à une équipe, mais aussi participer à la survie financière du club qu’il supporte.
Au lieu de miser uniquement sur le soutien promis par l’Etat congolais pour sa survie, le football congolais peut donc profiter de cette particulière situation de pandémie pour diversifier ses sources de recettes, renforcer le contrôle ainsi que la protection de tous ces acteurs qui y prennent part.
Aux côtés des mesures citées ci-haut, il faudra également ajouter celles de la sensibilisation de la population congolaise concernant la pandémie de Covid-19. Car, le risque va bien au-delà du secteur sportif.