Déguerpissements de Mbobero, au Sud-Kivu : Le clan Kabila tente maladroitement de réparer la faute
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Outre la visite-éclair effectuée récemment à Bukavu par une délégation proche de l’ancien Chef de l’Etat, certains déguerpis auraient reçu une compensation ne correspondant pas à la valeur de leurs pertes
Par GKM
Une délégation proche de l’ancien Chef de l’Etat Joseph Kabila a effectué dernièrement une visite éclair à Bukavu, chef-lieu de la province du Sud-Kivu, pour lancer des négociations avec les victimes de déguerpissements effectués à Mbobero, localité très fertile située dans le territoire de Kabare, à quelques encablures de la commune de Bagira, afin de trouver une solution à l’amiable autour de l’indemnisation.
Une source proche du dossier indique que certaines victimes ont reçu 2 000 dollars. Ce qui est loin de satisfaire le Comité des déguerpis.
Pour le Comité des déguerpis de cette localité, cette tentative de négociations viserait à éviter une éventuelle procédure en justice, alors qu’une plainte a été déposée en juin 2020 dernier contre l’ancien président de la République Joseph Kabila.
Pour rappel, depuis 2016 et à en croire la société civile locale, un hôpital et quelques 300 maisons ont été détruits et une quarantaine d’autres restent enclavées au sein de concession querellée et attribuée à l’ancien chef de l’État congolais.
Pendant que certaines victimes de ces déguisements arbitraires soutiennent avoir refusé de rencontrer la délégation dépêchée par l’ancien Chef de l’Etat, celle-ci est aussi accusée d’avoir fait pression sur les ménages les plus démunis des victimes, afin de les convaincre à accepter leur proposition.
» Les gens avec qui ils ont négocié, ce sont des enfants, des gens du troisième âge. Jusque-là, nous ne comprenons rien et nous ne sommes pas d’accord avec cette négociation. Le sénateur à vie Joseph Kabila et nous lui demandons, s’il doit y avoir une négociation, que ce soit une négociation honnête. « , fait remarquer le comité des déguerpis de Mbobero.
Seuls certains habitants sur la quarantaine de maisons encore enclavées à l’intérieur de la clôture ont été approchés, indique Jean-Chrysostome Kijana de l’ONG Nouvelle dynamique de la société civile (NDSCI). Selon lui, il n’y a pas de volonté réelle de réparer le préjudice subi par la population .
Cafouillage
» S’ils ont opté de procéder par cette voie, je pense que c’est parce qu’ils savent qu’une nouvelle démolition, ne fusse que d’une petite cabane risque d’entraîner un tollé, d’écorcher encore l’image de l’ancien président de la République. Ils veulent recourir à cette voie décriée avec des négociations très déséquilibrées.
Qu’est-ce que 2 000 dollars peuvent faire pour soulager une victime qui a tout perdu dans dans une province comme le Sud-Kivu ? « , s’exclame cet acteur majeur de la société civile congolaise. Dans l’entourage de l’ancien Chef de l’Etat, chacun tire le drap de son côte en assurant que le Rais aurait acquis cette concession de manière régulière et a eu recours par le passé à la force publique pour faire respecter son droit.
Toujours selon cet entourage de l’ancien locataire du palais de la Nation, l’indemnisation de 2 000 dollars aurait été offerte à tous les foyers qui peuvent y prétendre. Comme on le voit, ce contentieux Mbobero qui a scandalisé la population du Sud-Kivu et l’opinion nationale est loin de connaître un dénouement heureux pour les nombreuses familles victimes de ces déguerpissements arbitraires.