Par GKM

Près de six cents personnes, se présentant comme victimes des massacres survenus les 28, 29 et 30 mars 2017, dans la commune de Nganza (Kananga) ont déposé plainte le lundi 3 août, auprès de l’Auditeur militaire Supérieur de l’ex- province du Kasaï Occidental.

Ces gens visent, dans cette plainte, deux généraux et autres officiers supérieurs de l’armée, qui étaient en service au moment des faits à Kananga. Mais, c’est surtout l’ancien vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur et de la Sécurité de l’époque, Emmanuel Ramazani Shadary, que les victimes tiennent à voir répondre devant la justice.

Barbarie

«Ces jours-là, des hommes dont certains d’entre eux étaient de taille courte et de teint sombre, habillés en tenues militaires et, pour d’autres, en celle de la Police Nationale Congolaise, lourdement armés et faisant partie du secteur opérationnel Grand Kasaï, du 2101ème régiment, du bataillon de l’unité de l’Etat-major des renseignements et de la légion nationale d’intervention, ont pris d’assaut les quartiers Nsele, Nganza nord, Nganza sud, Salongo Muimba, Tshikaji et le village Nkandi, dans la commune de Nganza», racontent ces victimes, agissant par le biais du collectif de leurs avocats.

Les plaignants ont indiqué que les hommes armés ont pénétré de force dans leurs maisons avec une brutalité insoupçonnée et leur ont exigé sous menaces, et une rare cruauté, de l’argent.»Ils ont tiré des balles réelles sur nos parents, frères et sœurs (…). Les cadavres des victimes étaient transportés non seulement dans les camions de l’office des routes, mais aussi ceux des militaires de marque Kamaz, puis enterrés dans les fosses communes au camp de l’école de formation des officiers au niveau de la localité Bakaji Ndumba et dans certaines parcelles des victimes», racontent-ils.

Victimes de viol collectif

Leur plainte précise que les femmes, qui ont survécu à ces massacres, ont fait l’objet de viols collectifs de la part de ces hommes en uniforme. Ils justifient leur plainte par les fonctions qu’occupaient dans la chaîne de commandement et au sein du Gouvernement de la République les uns et les autres. Ils pensent en outre que ces actes ignobles ont défié toute imagination et constituent de graves violations des droits de l’homme ainsi que des violations flagrantes du droit international humanitaire et souhaitent que justice leur soit rendue.

Parmi les généraux de l’armée cités dans la plainte, il y a les Marcellin Assumani Issa Kumba et Bertin Mputela, respectivement commandant du secteur opérationnel des Fardc et responsable de la 5ème région militaire au moment des faits. Pour rappel, les 28, 29 et 30 mars 2017, au plus fort de l’insurrection des miliciens Kamuina- Nsapu, une opération de traque des miliciens avait été menée par l’armée dans la commune de Nganza, considérée comme le bastion de la milice.

Selon plusieurs rapports d’ONG, plus de 300 personnes avaient été tuées. Au niveau international, les organisations comme Trial International suit de près la situation.
La Fédération Internationale des Ligues des Droits de l’Homme (FIDH), qui avait documenté les massacres du Kasaï central, reste attentive à cette plainte des victimes des massacres de Nganza.