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24 avril 1990-24 avril 2020 : Il y a 30 ans Mobutu restaurait à contrecœur le multipartisme en RDC

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24 avril 1990-24 avril 2020 : Il y a 30 ans Mobutu restaurait à contrecœur le multipartisme en RDC

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La date du 24 avril 1990 restera à jamais gravée dans l’histoire politique de la République Démocratique du Congo (à l’époque République du Zaïre). Ce jour-là, le Président du Zaïre, le maréchal Mobutu Sese Seko annonce, à la surprise générale, la fin du parti unique dans son pays, après l’avoir dirigé de main de maitre sans partage pendant près de 25 ans.

Une des dictatures les plus féroces de l’histoire de l’Afrique était en train de s’écrouler.
C’est après avoir subi une forte pression populaire incarnée par l’opposant historique Etienne Tshisekedi  et une pression internationale que le Président Mobutu décide le rétablissement du multipartisme.

Il revient ainsi à ce qu’il avait supprimé depuis la Constitution de 1967. En plus, ce n’est pas un multipartisme intégral qu’il rétablit : il instaure dans un premier temps un système à trois partis politiques, avant d’accepter le multipartisme intégral. Le moment le plus émouvant de son discours du 24 avril 1990 a été cette déclaration : « Je vous annonce que je prends ce jour congé du Mouvement Populaire de la Révolution, pour lui permettre de se choisir un nouveau chef devant conduire… ».

Il y a alors un silence de quelques secondes du Léopard, qui s’achève par trois petits mots devenus célèbres : « Comprenez mon émotion ». Des larmes coulent alors de ses yeux. Larmes de crocodile ou larmes sincères ? On ne le saura peut-être jamais. Le même jour, son plus farouche opposant, Etienne Tshisekedi qui était en résidence surveillée, est libéré.

Et les Zaïrois de l’époque ne se font pas prier pour investir cette nouvelle liberté. Juste après le discours de Mobutu, on fouille dans les greniers à la recherche de vieilles cravates et vestes ou de pantalons pour les filles, que l’on arbore avec fierté dans les rues de Kinshasa. Ces tenues ont été interdites du temps du Parti-État au nom de la politique de recours à l’authenticité instaurée en 1971-1972 par Mobutu.

Un rempart anticommuniste abandonné après la fin de la guerre froide

Mobutu doit sa longévité politique au soutien de l’Occident dans le contexte de la guerre froide. Il est un rempart anticommuniste en Afrique centrale et en Afrique australe. Mais la chute du mur de Berlin et l’effondrement du communisme à Moscou et en Europe de l’Est et du Centre changent complètement la donne de la géopolitique du monde.

Mobutu et d’autres dictateurs anticommunistes ne sont plus indispensables pour l’Occident capitaliste. Le danger que représentait le communisme pour ses intérêts n’existe plus. Mobutu pressent que le vent de l’histoire est en train de lui échapper et lâche du lest, mais sans vouloir quitter le pouvoir.

Soucieux de contenter l’Occident et de ne pas se laisser déborder à l’intérieur – des pillages menés par des militaires éclatent en 1991 et en 1993 -, il finit par accepter le principe d’une Conférence nationale souveraine, en prenant exemple du modèle béninois, qui doit permettre une transition en douceur vers la démocratie et une troisième République.

Le 7 août 1991, après bien des atermoiements, plus de 2 600 personnes venues de tout le pays prennent place à l’intérieur de l’imposant et austère palais du Peuple, à Kinshasa pour participer à la Conférence nationale. Sans crier gare, l’enceinte du Parlement devient la caisse de résonance des complaintes et des espoirs de changement des Zaïrois.

On en vient même – inimaginable il y a peu ! – à vilipender celui qui était il y a quelques mois le tout-puissant Président-Fondateur du MPR (Mouvement Populaire de la Révolution), Parti-Etat.
Surtout, la Conférence finit en août 1992 par élire l’opposant historique Étienne Tshisekedi au poste de Premier ministre de la transition. C’est le début d’un long bras de fer entre Mobutu et l’Opposition, qui s’achèvera par le limogeage du « Sphinx de Limete » en janvier 1993.

Mobutu a usé de la ruse et des manœuvres dilatoires pour se maintenir au pouvoir pendant 7 ans après son discours historique du 24 avril 1990. Il a fallu une guerre éclair de 7 mois menée par des Etats voisins (Rwanda, Ouganda, Angola, Tanzanie, Burundi) sous couvert de la rébellion de l’Alliance des Forces Démocratiques pour la libération du Congo (AFDL) sous la direction de Laurent-Désiré Kabila pour que Mobutu soit chassé du pouvoir le 17 mai 1997 avec la bénédiction de l’Occident.

Il laisse alors un non Etat car il a pratiqué la stratégie de terre brûlée. L’Etat n’est toujours pas encore restauré en RDC jusqu’à ce jour en RDC. Attendons voir ce que va donner l’actuel mandat de la coalition FCC-CACH au pouvoir.

Par Norbert TAMBWE

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