Haut-Katanga : 480 policiers et militaires « irréguliers » évacués
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La tension monte dans cette partie du pays suite à l’insécurité qui y persiste
Par YHR
Le gouverneur du Haut-Katanga, Jacques Kyabula, a remercié dans une lettre le président de la République, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, pour avoir déplacé près de 500 militaires et policiers » irréguliers » de cette province vers les bases de Kamina et d’ailleurs, pour un recyclage et une orientation plus tard.
Dans le courrier, Jacques Kyabula explique notamment que » la sécurité se portera sans doute mieux « . Il faut signaler que la tension ne cessait d’augmenter à Lubumbashi, voire Kolwezi, en raison de la hausse d’attaques armées dont la population soupçonne des policiers et militaires d’être auteurs ou à défaut complices.
Un passé trouble
Cette décision, qui concernerait quelque 480 hommes, évacués en deux vagues le week-end dernier du Haut-Katanga, fait suite à l’envoi dans cette province d’une commission d’enquête gouvernementale, conduite par le Vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur Gilbert Kankonde) ainsi que le ministre de la Défense Aimé Ngoy Mukena. Ce dernier avait, dans les années 2000, décerné au rebelle Gédéon Kyungu le grade de général de brigade, la chargeant de la sécurité à Mulongo.
Cette commission d’enquête, chargée de » faire la lumière sur la violence des miliciens » Bakata Katanga « , qui obéissent à …Gédéon Kyungu, a rendu son rapport le lundi 20 avril.
Les Bakata Katanga avaient attaqué, de manière coordonnée, plusieurs villes katangaises le 28 mars dernier. Leur projet avait été contrarié par les forces de l’ordre, qui avaient abattu plusieurs dizaines d’entre eux. Un bilan provisoire fait état de 32 morts, dont un policier.
Série de braquages à Lubumbashi et Kolwezi
Des courants pro-sécessionnistes – voire des pêcheurs en eaux troubles utilisant les sécessionnistes – ont, depuis lors, voulu présenter ces miliciens comme de » pacifiques » militants sécessionnistes ou » qui marchaient les mains nues et revendiquaient leurs droits « , comme n’a pas craint de l’affirmer une lettre écrite le 19 avril par la » Coordination des Communautés de l’Espace katangais » à Kinshasa. Des vidéos montrent pourtant que plusieurs Bakata Katanga, le 28 mars, portaient des armes modernes. Et leur milice a un passif d’attaques cruelles et meurtrières, à l’arme blanche, contre des villages katangais.
Populations excédées
La tension à Lubumbashi s’était accrue, depuis lors, avec la recrudescence récente du grand banditisme. Ainsi, le 16 avril, des tirs avaient retenti à la Ruashi, quand des bandits armés avaient attaqué un kiosque, blessant un motard. Ses collègues avaient ensuite manifesté leur colère devant l’incapacité des forces de l’ordre à empêcher ces braquages.
Le lendemain, les habitants d’un quartier de la commune de Katuba se sont soulevés après que des bandits aient tué un homme et enlevé sa fille à la faveur de la nuit, alors que plusieurs maisons étaient cambriolées.
La police avait dû faire appel à des éléments des Forces Armées de la RD Congo (FARDC) pour ramener l’ordre dans la population.
Transfert des officiers ayant passé plus de cinq ans dans la province
Le même jour, à Kolwezi (province du Lualaba), des bandits s’étaient embourbés après avoir attaqué de nuit des maisons du Quartier Latin. La population, éveillée, avait provoqué leur fuite et les délinquants avaient abandonné véhicule, butin et une femme soupçonnée d’être la complice de policiers.
Le 19 avril, nouveaux affrontements entre police et population au Quartier Katuba II, à Lubumbashi.
La population a saccagé un bureau de la Direction des recettes et refusé de laisser entrer les policiers après une attaque de bandits, qui ont tué un jeune homme, avenue Pierre Mubaya. Seuls des militaires ont été autorisés à pénétrer dans la zone, en raison de soupçons de complicité entre policiers et braqueurs.
Outre l’évacuation du Haut-Katanga des policiers et militaires irréguliers, le commandant de la 22ème Région militaire et son adjoint chargé des Renseignements ont été rappelés à Kinshasa. De plus, les officiers ayant passé plus de cinq ans dans la province doivent être permutés.