Le calvaire des étudiants délogés de l’UNIKIN
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Un pagne, des babouches et un T-shirt… C’est tout ce qu’a pu récupérer une étudiante après son départ précipité de l’Université de Kinshasa (UNIKIN) la semaine dernière. Cela fait plusieurs jours qu’avec ces quelques effets, elle passe la nuit avec une dizaine d’autres étudiantes dans son cas dans un hangar, servant par ailleurs d’église, dans la commune de Limete à Kinshasa.
Rencontrée dans une famille où elle a été accueillie le temps d’un repas, l’étudiante explique : « On passe la nuit toujours par terre. Les conditions de vie sont catastrophiques. On ne sait plus quoi faire. On vient chez une mama de l’église… Je ne sais pas comment je vais manger ». « On ne sait pas comment on va faire. On va tomber malades. Nos parents sont là-bas, moi je viens de Gemena. Ils n’ont pas assez de moyens pour qu’on puisse vivre », se lamente l’une d’elles.
Logées dans un hangar
Jacques Nkanku pour sa part s’est trouvé un logement près du centre-ville, pour un loyer mensuel de quelques 75 dollars, bien qu’il ait de la famille à Kinshasa. Concernant les décisions du gouvernement, le jeune homme a un jugement très sévère : « …On a vu le compte-rendu du ministre… C’est tout creux. Ils n’ont rien dit à propos de notre situation ». D’autres s’entraident, mais l’attente pourrait être longue, avant de regagner les résidences de « La colline inspirée ».
Une délégation d’étudiants de l’UNIKIN a été reçue par le président Félix Tshisekedi, dans la nuit de samedi 11 à dimanche 12 janvier. Au cours d’un tête-à-tête avec ce comité estudiantin, le chef de l’Etat a réitéré les décisions prises lors du conseil des ministres.
Les frais resteront inchangés…
Les frais resteront inchangés et les activités suspendues de l’UNIKIN jusqu’à l’identification des « vrais étudiants ». Il sera par ailleurs lancé les travaux de réhabilitation des homes insalubres et délabrés de l’Université, avant tout relogement. Quant à la question des étudiants sans abris depuis l’évacuation du campus, elle devrait être abordée ce lundi à l’occasion d’une rencontre avec le ministre ayant en charge les Affaires humanitaires, Stève Mbikayi, lequel va se concerter avec le comité estudiantin aujourd’hui lundi 16 janvier pour trouver une solution à leurs problèmes.
Le campus en ébullition
Pour rappel, tout est parti de la décision des autorités de quasiment doubler les frais académiques à l’université. Rendu furieux par cette hausse des tarifs, les étudiants avaient manifesté leur mécontentement en commettant des dégradations au sein de leur campus le lundi 6 et le mardi 7 janvier 2020. L’intervention de la police n’avait fait qu’envenimer la situation, au point d’occasionner des blessés et au moins un mort.
Des forts soupçons d’infiltration de la manifestation estudiantine ont poussé les autorités, en conseil des ministres, à décider la suspension de toutes les activités à l’UNIKIN, le délogement de tous les étudiants du campus, le temps de procéder à la vérification de l’identité de toutes les personnes logeant dans les divers homes, ainsi que des enquêtes pour retrouver les auteurs des violences.
Par YHR