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Le chef rebelle Frédéric Masudi Alimasi condamné à perpétuité

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Le chef rebelle Frédéric Masudi Alimasi condamné à perpétuité

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Le procès du seigneur de guerre Masudi Alimasi  alias « Koko-di-Koko » a été clôturé le mardi 19 novembre 2019, par la condamnation du prévenu principal, à une peine de prison à perpétuité, et deux de ses consorts à une peine variant entre 15 et 20 ans.

Après un  marathon judiciaire au chevet des victimes de Kabikokole, Kamungini, Keba, Wameli, Bimpanga et bien d’autres villages du territoire de Shabunda, les efforts de la Fondation Panzi ont fini par porter des fruits. En couronnement du long processus amorcé depuis le mois de février 2018, et qui fut corsé vers le milieu de la même année par divers organismes humanitaires, la Fondation Panzi a été présente dans le procès opposant les parties civiles issues des villages Kabikokole, Kamungini, Keba, Wameli, Bimpanga … toutes victimes des atrocités perpétrées par diverses factions du mouvement Mai-Mai Raiya Mutomboki , avec en tête de série, le groupe Raiya Mutomboki Koko-di-Koko.

Une sauvagerie sans merci

Dans son jugement, le Tribunal Militaire de Garnison de Bukavu a reconnu les trois insurgés, Masudi, Samitamba et Mwilo, coupables des chefs d’accusation tels que crime contre l’humanité par viol, crime contre l’humanité par esclavage sexuel, crime contre l’humanité par meurtre, crime contre l’humanité en infligeant des douleurs ou/et souffrances aigües, crime contre l’humanité par réduction en esclavage, crime contre l’humanité par disparition forcée, crime contre l’humanité par emprisonnement et crime contre l’humanité par autres actes inhumains.

Pour le chef de bandes Masudi Alimasi alias « Koko-di-Koko », le Tribunal a retenu la peine la plus sévère selon le Statut de Rome, qui régit la Cour Pénale Internationale. En fonction de tous ces griefs mis à sa charge, « Koko-di-Koko » a été condamné à une peine de prison à perpétuité.  Dès ce jour, l’homme dont le nom donne des cauchemars aux habitants de Kabikokole, a eu la confirmation de pouvoir passer le reste de sa vie en prison. Par ailleurs, si les deux autres Raiya mutomboki ne seront pas détenus à perpétuité, ils ne sont pas non plus près de leur relaxation.

Pour Samitamba Mekese alias Kaburi Wazi, la prison sera son antre pendant 20 ans. Ce natif du Maniema a été recruté de sa province d’origine pour servir au sein du mouvement Mai-Mai, en territoire de Shabunda.  Après une bonne période passée dans l’entourage du chef d’Etat-major du mouvement, Kenge Omari Donat, dont il était un garde du corps, Kaburi Wazi fut affecté à la brigade dirigée par Masudi Alimasi, qu’il accompagna dans toutes ses sales besognes. Masudi Alimasi reconnait avoir été à Kabikokole accompagné par son AdmLog, Samitamba Mekese.

Quant à Mwilo Katindi, il devra endurer la prison pendant 15 ans. Il a été mis à charge de cet élément, appartenant à la brigade du chef rebelle Ndarumanga pour les mêmes chefs d’accusation que ses deux consorts. Mwilo Katindi alias « Masunzu » avait été arrêté à Keba, en flagrant délit de viol, après une expédition qu’avait dirigée leur brigade à Keba et à Bimpanga.

Campant sur la position du déni depuis le début de l’instruction, prétextant avoir un problème d’érection, Mwilo fut confus quand, à Kigulube, il fut confronté à la toute dernière victime qu’il a violée avant son arrestation. La suite de l’instruction finira même par révéler que Mwilo est père d’enfants, par opposition à l’argument d’impuissance sexuelle qu’il a toujours allégué.

Faute d’éléments de preuves, Mukulukilwa Mubake et Shabani Munganza Nonda ont été acquittés et immédiatement libérés. Ces deux familiers avaient été abusivement assimilés aux forces du seigneur de guerre « Koko-di-Koko », chose qui ne sera jamais prouvée tout le long de l’instruction du dossier.

La responsabilité de l’Etat congolais établie

Comme cela a été demandé par les conseils des parties civiles, l’Etat Congolais n’a pas été disculpé de ce dossier. Bien au contraire, les moyens de défense du conseil de la RDC ont été balayés d’un revers de la main par les juges du Tribunal militaire de garnison. Le civilement responsable, RDC reconnu coupable de  négligence lors de la commission des diverses attaques contre les populations civiles, alors qu’il était bel et bien alerté par les populations en détresse.

A cet effet, la République Démocratique du Congo est condamnée, en solidarité avec les trois Raiya mutomboki, au paiement des dommages et intérêts, en termes de réparation, aux diverses victimes qui se sont constituées parties civiles. Par ailleurs, il faut noter que le montant des dommages et intérêts réservé à chaque partie civile a été établi selon le préjudice lui causé.

La réparation, une obligation à l’égard de l’Etat

Pour les conseils des parties civiles, la condamnation de l’Etat congolais est très significative et nécessite la mobilisation des avocats des victimes. « L’Etat congolais vient d’être condamné conjointement avec les auteurs de ces dits crimes, et donc nous sommes satisfaits », a confié Me David Bugamba, conseil des parties civiles et coordinateur de la Clinique juridique de la Fondation Panzi.

Pour Me David Bugamba, le collectif  ne ménagera aucun effort afin de s’assurer que l’Etat congolais a rendu effective la réparation des préjudices causés aux victimes. « L’idéal est de voir ces victimes-là recouvrer leurs droits. C’est d’avoir la réparation pour tous les faits qui ont été commis à l’égard de toutes ces victimes… Nous sommes ravis parce que la décision se résume à ce que les victimes recouvrent leurs droits mais aussi qu’elles soient prises en charge psychologiquement », s’est réjoui Me Bugamba.

L’arrestation de « Koko-di-Koko », et de son lieutenant Kaburi Wazi, s’ajoutant à celle de Mwilo, ont donné place à une série d’audiences foraines à Kitutu et à Kigulube, qui ont conduit la justice militaire à être éclairée sur le contexte dans lequel ont été commis tous ces forfaits.  Au sein de la Task-Force, plusieurs organisations ont apporté leur contribution pour la matérialisation de cette œuvre de justice. C’est le cas de la Fondation Panzi, de TRIAL International, du PNUD, du Bureau Conjoint des Nations Unies aux Droits Humain …

Par GKM

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