Inga III : nouvelle révélation : Le projet de méga-barrage bloqué par la discorde entre Chinois et Espagnols
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De sérieuses dissensions entre promoteurs chinois et espagnols, à propos de leurs rôles respectifs dans cette entreprise pharaonique, paralysent son évolution. Il y a un an, le gouvernement congolais avait annoncé la signature d’un accord avec deux consortia, chinois et espagnol, pour le développement du projet de centrale et de barrage d’Inga III.
Selon le site lalibre.be, les autorités avaient simultanément annoncé que le méga-projet serait réalisé par un consortium unique, issu de la fusion des deux groupes précédents et que sa taille (11 000 mégawatts) serait près de trois fois supérieure au projet initial, dans un premier temps soutenu par la Banque Mondiale (4 800 MW et d’une valeur de 14 milliards de dollars).
Mais dans un courrier à l’en-tête de la China Three Gorges International Corporation, adressé le 20 septembre à Bruno Kapandji, le chargé de mission de l’Agence pour le développement et la promotion du projet Grand Inga, Wang Yu, le représentant du Groupement Chine d’Inga III , annonçait que le consortium chinois et le consortium dirigé par la société espagnole Actividades de Construccion y Servicios (ACS) – appartenant à Florentino Pérez, le médiatique président du club de football du Real Madrid– n’ont pas pu parvenir à la formation d’un consortium unique, à cause de « graves différends » entre eux.
Désaccord sur la division des parts dans le projet de chaque promoteur
Selon Wang Yu, le consortium ProInga – dont le chef de file est ACS et qui comprend aussi Andritz,le fabricant allemand de turbines, la firme allemande l’Australienne Project Finance Macquarie et une autre société espagnole AEE Power – voulait séparer la phase de « coopération exclusive », portant sur la conception du projet et les études de faisabilité d’une part, et de l’autre, la phase de concession à développer en BOT (Build, Operate, Transfer). Mais pour la partie chinoise, le projet doit être développé comme un tout.
Un autre désaccord porte sur la division des parts dans le projet de chaque promoteur. Les Espagnols, dans la première phase, veulent conserver une participation de 50% dans le consortium et exigent que toutes les questions majeures fassent l’objet d’un consensus entre les deux parties, acceptant que leur investissement, dans la phase de construction et de concession soit moindre, ce qui révulse les Chinois.
Du coup, Wang Yu invite l’Etat congolais à « réfléchir comment effectuer la prochaine étape ». Bref, le démarrage des travaux, initialement annoncé pour avant la présidentielle de 2016, risque de continuer à être encore repoussé pendant longtemps.
Opacité
La révélation de cette impasse émane des auteurs d’un rapport paru ce 28 octobre, intitulé « Inga III : un projet gardé dans l’ombre », provenant du Congo Research Group, de l’Université de New York et de l’ONG basée à Bruxelles, Resource Matters, dont l’objectif déclaré est de mieux comprendre et surmonter la pauvreté économique dans les pays riches en ressources naturelles.
Outre le fait que le projet prenne du retard, les deux ONG s’inquiètent de la manière dont il et mené. Elles expriment des préoccupations concernant sa transparence, sa gestion et l’information du public, relayant ainsi les craintes d’organisations de la société civile congolaise.
Les griefs sont nombreux. Inga III serait trop tourné vers l’extérieur, alors que 80% des Congolais n’ont pas accès à l’énergie électrique, et viserait principalement l’exportation d’électricité vers l’Afrique du Sud, voire plus tard vers le Nigeria et l’Angola. Selon le schéma de développement prévu, moins d’un tiers de l’électricité générée serait utilisé en RD Congo et une grande partie de celle-ci serait absorbée par l’industrie minière.
En définitive, préconisent les ONG, le projet devrait être revisité, pour s’assurer que la population congolaise en bénéficie. Les principaux promoteurs du projet promettent que les retombées seront principalement d’ordre fiscal. Mais le niveau de corruption dans le pays incite les observateurs au doute.
Doutes légitimes
Le déficit de gouvernance au sommet de l’Etat est indexé. Les deux ONG rappellent que le retrait, en 2016, de la Banque Mondiale du projet était dû à la volonté du président d’alors, Joseph Kabila Kabange, de soustraire Inga III au contrôle du Gouvernement pour le placer sous la tutelle exclusive de la Présidence de la République. Cette décision a fortement affaibli la position de Kinshasa et retardé le processus, constatent les ONG, qui invitent le nouveau gouvernement et le président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo à se saisir rapidement du dossier et « à faire preuve d’un esprit d’inclusion et de transparence » (sic).
Par YHR