Crash préalablement situé au Maniema : L’épave de l’Antonov 72 retrouvée à Kole
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Selon des recoupements, le mauvais temps n’a pas permis au vieil aéronef russe de tenir avec un étrange équipage
Par YHR
L’épave de l’avion affrété par la Présidence de la République, qui s’était crashé le jeudi 10 octobre, aurait été localisée hier dimanche, selon le député provincial Justin Omokala, dans le village d’Okoto, secteur de Bakutshu Lokenye, 75 km de Kole-centre, dans la nouvelle province du Sankuru, issue du démembrement de l’ex Kasaï Oriental. Des villageois auraient trouvé trois corps noirs et un blanc, ainsi que huit fusils AK47 et 50 balles.
Selon le président de l’Assemblée provinciale du Sankuru, se confiant hier à Radio Top Congo, relayant les propos de son collègue député Justin Okfundu Ohoto, un colonel de la Police Nationale Congolaise(PNC) a été dépêché depuis Kole-centre vers les lieux du crash pour y faire le constat et ramener des données réelles. Une autre source a expliqué que les autorités locales se sont déplacées sur place pour « s’enquérir de la situation », précisant que c’est le vendredi 11 octobre que l’avion été localisé. On disait préalablement que l’avion s’était écrasé dans le Maniema. L’abbé Gerry Lokela, prêtre au diocèse de Kole, appartenant à la société civile locale, a signalé pour sa part l’épave entre Kole et Lodja.
Quant à Stanislas Oyono, ministre provincial du Sankuru chargé de la Justice et de la Fonction Publique, il a indiqué que la population avait peur d’approcher des restes de l’avion. Si des corps brûlés ont été découverts, selon certaines sources, l’avion n’est pas calciné. Quant au véhicule blindé du chef de l’Etat, il serait enfoncé dans le sol. Pour le ministre, l’aéronef s’est égaré et les pilotes ont cherché à atterrir à l’endroit le plus proche.
Et c’est le village d’Okoto qui est le proche quand on vient de la province du Maniema. La localisation du lieu du crash de l’aéronef de marque Antonov ne fait plus l’ombre d’aucun doute. Sans attendre le retour de la mission dépêchée sur les lieux par les autorités locales, Catholic Relief Services confirme la présence d’une épave de l’appareil avec du matériel et personnel de la Présidence aux alentours d’Okoto situé dans le secteur de Bakutshu Lokenye.
Le chef de ce secteur qui a dû ordonner l’inhumation de 4 corps trouvés sur place en décomposition très avancée. Alerté par des habitants du village Okoto qui avaient vu les débris de l’aéronef et des corps sans vie, il se rendit sur place avec les éléments de la police. Les investigations doivent continuer à l’intérieur de l’appareil, du fait qu’une forte odeur gagne tout le lieu du drame.
Une cellule de crise créée
D’après un communiqué officiel, il a été mis en place une cellule de crise formée de délégués de la Présidence, du service du Conseiller Spécial du Chef de l’Etat en matière de sécurité, de l’Agence Nationale des Renseignements (ANR), des Forces Aériennes (FARDC), de la Direction générale des migrations (DGM), des Renseignements Militaires, de la Régie des Voies Aériennes et de l’Autorité de l’aviation civile.
La MONUSCO a fait savoir qu’elle était « en train de se prépositionner à Kananga en vue de faire un vol de reconnaissance et intervention hélicoptères », mais la météo n’a pas facilité la tâche. Le numéro un de la Mission onusienne en RDC, Leïla Zerrougui, a assuré le Président de la République de tout son soutien pour « alléger la peine des Congolais ».
La MONUSCO prête assistance
Les recherches, qui ont débutés, ont dû être interrompues suite aux mauvaises conditions météorologiques enregistrées dans la province du Maniema. Les enquêtes en cours seront en mesure de déterminer les causes réelles de l’accident et de dégager les responsabilités. Selon le communiqué de l’autorité de l’aviation civile du 10 octobre, à bord de l’appareil, se trouvaient quatre membres d’équipage, trois membres de la garde rapprochée du chef de l’Etat et son chauffeur personnel, affectueusement surnommé « Maréchal ».
En soutien aux autorités nationales, la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la Stabilisation en République Démocratique du Congo (MONUSCO) a appuyé les opérations de recherche et de secours. Parti de Goma à 13h32 (temps universel), l’aéronef à perdu le contact avec le Centre de Contrôle en Route (CCR) aux environs de 15h soit 59 minutes après son décollage. L’Antonov 72 aurait dû atterrir à Kinshasa, à 16h43 temps universel.
L’avion assurait la logistique du récent voyage présidentiel dans l’Est de la RD Congo. Jusqu’au dernier moment, l’espoir subsistait. Ainsi Tharcisse Kasongo Mwema Yamba Yamba, porte-parole du Chef de l’Etat, twittait le samedi 12 octobre : « profondément affecté et très peiné par la tragédie de l’Antonov de la logistique présidentielle, garde encore un mince espoir, tant que l’épave n’a pas été retrouvée. Mais le PR veut 1 inspection régulière de tous les vieux «coucous» parcourant l’espace aérien du pays. »
Un étrange équipage
Selon le quotidien belge La libre Belgique, le site d’information Crime Russia, qui dénonce la corruption en Russie, a révélé l’identité des deux pilotes russes décédés, présentés d’abord comme des Ukrainiens. L’un est un militaire, Vladimir Sadovnichy, condamné en 2011 à huit ans et demi de prison au Tadjikistan pour « trafic, traversée illégale de frontière et violation des règlements internationaux en matière de transport ». Sa peine avait ensuite été revue et Sadovnichy avait été libéré en vertu d’une amnistie. L’autre pilote, selon Crime Russia, citant des sources diplomatiques russes, s’appelait Vitaly Shumkov.