Tout en proposant la RDC comme solution aux multiples défis de l’humanité, le président congolais réclame plus de considération pour le continent et préconise la réforme globale du système des Nations-Unies, notamment du Conseil de sécurité et des Agences du système des Nations-Unies
Par Lucien Kazadi T.

Le Président de la République Démocratique du Congo, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, s’est exprimé, hier jeudi, à la tribune de l’Organisation des Nations-Unies, dans le cadre de sa 74ème Assemblée générale. Le numéro 1 congolais qui est intervenu pendant 35 minutes, a pratiquement parlé en défenseur de la cause africaine, dans un langage ferme mais courtois, les nations du monde, surtout les plus développées, les exhortant à plus de justice dans les actions.

Face aux nombreux problèmes qui minent l’humanité dans son ensemble, particulièrement celui lié à l’environnement, le numéro un rd-congolais a présenté son pays comme étant parmi les solutions. C’est ainsi qu’il a profité pour brosser la situation de la RD Congo depuis son investiture jusqu’à présent, soit plus de 8 mois depuis son avènement à la tête du pays.

Le successeur de Joseph Kabila a, à cet effet, témoigné la reconnaissance de son pays aux Nations-Unies et au Secrétaire-général Antonio Guterres pour les efforts que celui-ci ne cesse d’entreprendre pour trouver des solutions aux différents problèmes qui menacent la paix, la stabilité, la sécurité et la prospérité dans le monde, particulièrement en RD Congo. Il a cité à titre d’exemple le récent séjour du Secrétaire général Antonio Guterres en RD Congo pour apporter son soutien à l’éradication de la maladie à virus Ebola qui sévit depuis plus d’une année à l’Est du pays.

«Dynamiser les efforts multilatéraux pour l’éradication de la pauvreté, l’éducation de qualité, l’action contre le changement climatique et l’inclusion» constitue le thème de la 74ème session de l’Assemblée générale de l’ONU qui se tient présente à New-York, aux Etats-Unis d’Amérique. Une occasion que le Président de la RD Congo a mise à profit pour rappeler que ces assises se tiennent à une période où les Etats sont préoccupés par l’«Agenda du développement à l’horizon 2030», qui prévoit la réalisation des Objectifs du développement durable, la mise en œuvre du Programme d’actions d’Addis-Abeba sur le financement du développement et l’atteinte des objectifs fixés dans l’Accord de Paris pour le climat.

Défenseur de la cause africaine

Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo n’a pas manqué de relever la situation actuelle à travers le monde, caractérisée, selon lui, par des inégalités et des sentiments d’exclusion qui sont à l’origine des principales menaces sur la paix, la stabilité et le développement harmonieux au monde. Une situation qui, selon le chef de l’Etat congolais, alimente les flux migratoires incontrôlés des peuples entiers à la recherche d’un meilleur avenir. Cela aussi bien dans les pays du nord comme dans ceux du sud. Selon FATSHI, cela accentue  les reflexes xénophobes, la montée en force du populisme ainsi que la radicalisation des laissés-pour-compte. Il a donné, à cet effet, l’exemple des récents évènements tragiques déplorés en Afrique du Sud.

Le président congolais est allé plus loin en faisant remarquer que ces situations ont créé des mouvements de frustration dans certaines régions qui vont jusqu’à nourrir le terrorisme et prennent en otage les débats, empêchant ainsi aux responsables de chercher des solutions concertées aux problèmes qui affectent le monde dans son ensemble. C’est pourquoi il a appelé le monde à l’unité, la solidarité, la tolérance et la coopération internationale qui, selon lui, sont des valeurs essentielles souhaitées par les «Pères fondateurs» et reflétées dans «la Charte» des Nations-Unies. Et d’affirmer : «aucun pays dans le monde ne peut, seul, faire face à ces défis».

Réforme souhaitée du système des Nations Unies

Le Président rd-congolais est allé jusqu’à préconiser «la réforme globale du système des Nations-Unies, notamment du Conseil de sécurité et des Agences du système des Nations-Unies». Un processus de réforme du système du Conseil de sécurité doit être mené, selon lui, à son terme et prendre en compte la position commune africaine énoncée notamment dans la «Déclaration de Sirte».
C’est dans ce cadre qu’il a soutenu qu’il n’est pas juste de voir l’Afrique demeurer la seule région au monde sans représentation permanente au sein du Conseil de Sécurité des Nations-Unies, alors que l’essentiel des enjeux démographiques, sociaux et environnementaux de la planète sont liés à ce continent.

Félix Antoine Tshisekedi qui est aussi Vice-président de l’Union Africaine a également profité de la tribune de l’ONU pour porter la voix du continent en demandant notamment que la configuration du Conseil de sécurité des Nations-Unies soit juste et équitable, plus représentative des peuples du monde dans leur diversité et comptable des actes.

Les défis de la RDC

Pour le numéro 1 congolais, malgré le ferme engagement pris au plus haut niveau dans le monde d’ici l’horizon 2030, près d’un milliard de personnes vivent encore dans la faim, la malnutrition et l’extrême pauvreté. Ces personnes seront exposées à la sécheresse, aux inondations et à la chaleur en Afrique d’ici l’horizon 2030. Pour éviter l’échec de ces engagements dans le cadre de l’éradication de la faim, la RD Congo, a-t-il indiqué, peut faire partie de solution avec ses 80 millions d’hectares des terres arables et ses eaux abondantes capables de nourrir plus de 2 milliards d’individus.

Le Président rd-congolais s’est attelé sur la situation de son pays et a souligné son idée de ne «laisser personne pour compte» à travers un engagement bien connu par les Congolais: «Le peuple d’abord» ! Il a présenté, à cet effet, les priorités de son mandat à la tête de la RD Congo. Il s’agit de la gratuité de l’enseignement, conformément à la constitution du pays, rendue effective depuis le début de l’année scolaire 2019 – 2020 lancée le 2 septembre dernier. Ce qui porte la part de l’enseignement congolais dans le budget de 8% à 20%, un niveau proche de standard reconnu par l’Unesco.

Il entend, en outre, faire progresser le chantier de la couverture santé universelle dès l’année prochaine aux nombreux Congolais qui auront accès à un système efficace de couverture maladie. Aussi, la RD Congo, selon son Président, circonscrit son Plan national du numérique dont la mise en œuvre impactera l’ensemble des secteurs de la vie nationale. Cela même dans le progrès pour la lutte contre la corruption.
Il a par ailleurs parlé du vaste programme d’urgence de développement communautaire devant servir de levier pour supprimer les inégalités socio-économiques.

Un programme multisectoriel et intégré, qu’il a qualifié, de spécial que Félix Antoine Tshisekedi entend piloter personnellement en vue de rattraper rapidement la marche du pays vers la réalisation des Objectifs durables de développement. Le Président rd-congolais a même laissé entendre que ce programme va bénéficier de l’appui des partenaires au développement et des Nations-Unies, afin de permettre l’accès l’électricité avec plus de 700 sites déjà identifiés visant le développement du capital humain et la connectivité des territoires du pays.

Le Président Tshisekedi n’a pas manqué de parler de l’environnement. Selon lui, l’Afrique est devenue le pivot de la durabilité dans le monde. Il a relevé les 47% des forêts dont est dépositaire son pays par rapport à l’ensemble du continent. Ce qui fait de la RDC parmi les responsables majeurs de la survie de la planète.

La part que le monde doit à l’Afrique sur le climat

C’est pourquoi il a, du haut de la tribune de l’ONU,  demandé qu’on mette à la disposition de l’Afrique des nouvelles sources d’énergies, nouveaux modes de production compatibles avec la conservation de l’environnement. «Nous sommes résolument engagés dans la préservation de nos forêts, cependant la conservation des nos ressources naturelles ne peut se faire au détriment de notre développement», a-t-il martelé.

Pour lui, il est incompréhensible que les bassins du Congo qui sont les mieux conservés au monde ne captent qu’1% des financements disponibles. Félix Antoine Tshisekedi a ainsi émis le vœu de voir les Nations-Unies intégrer cette donnée pour apporter à la RD Congo le financement nécessaire dans le cadre de ses efforts pour la préservation de l’environnement.

Reconnaissance envers les Nations-Unies

Tout en relevant la reconnaissance de la RD Congo envers les Nations-Unies, le Président congolais a déploré le fait que durant de nombreuses années, les actions des Nations-Unies ont souvent déçu. Il a évoqué, à titre d’exemple, l’assassinat  de patrice Lumumba, le décès d’un Secrétaire général des Nations-Unies en mission en RD Congo, et le récent assassinat de deux experts onusiens. Il a rappelé le bilan mitigé de la Monusco après 24 ans de présence en RDC. Tout en restant favorable au maintien de cette mission onusienne, Félix Antoine Tshisekedi a demandé que soient réadaptés les objectifs de cette Mission onusienne. Cela surtout face aux grands défis de paix, sécurité et stabilité.

C’est dans ce cadre que le président congolais a plaidé pour la création dans la sous-région de l’Afrique centrale d’une coalition pour lutter efficacement contre le terrorisme. Une situation qui a toujours semé la désolation dans la partie Est de la RD Congo orchestrée de l’extérieur comme de l’intérieur par des groupes armés.

Le numéro 1 congolais a également évoqué la maladie à virus Ebola qui sévit à l’est de son pays et salué le savoir-faire de l’équipe dirigée par un digne fils Congolais, le professeur Jean-Jacques Muyembe, pour contrer cette épidémie. Un travail qui se fait avec le concours de certains partenaires tels que l’OMS, l’UNICEF, MSF, et d’autres encore.

FATSHi n’a pas manqué d’évoquer l’alternance démocratique que vient de connaître pour la première fois son pays, au terme des élections organisées en le 30 decembre dernier et qui se sont soldées par son élection à la tête du pays. Une élection qu’il présente comme la victoire du peuple congolais et pour laquelle Félix Tshisekedi a également remercié la communauté internationale pour avoir oeuvré à cet aboutissement apaisé.