Hommages à Johnny Clegg, « Zoulou blanc » chanteur engagé contre l’apartheid
Partager
Le musicien sud-africain est mort suite à un cancer du pancréas, connu notamment pour son titre « Asimbonanga », écrit en soutien à Nelson Mandela, alors emprisonné.
Les Sud-Africains sont en deuil après la disparition du chanteur Johnny Clegg, le mardi 16 juillet à Johannesbourg. En avril 2017, l’artiste avait annoncé souffrir d’un cancer du pancréas, détecté en 2015.
Il était pour le grand public probablement le musicien sud-africain le plus connu, notamment pour ses chansons « Asimbonanga » et « Scatterlings of Africa », chantées en anglais et en zoulou. Il utilisait d’ailleurs cette langue bantoue et avait épousé la culture de ce peuple guerrier d’Afrique du Sud. Pour lui, chanter fut d’abord un acte de militance contre le régime raciste de Pretoria.
Une enfance au Zimbabwe
Fils d’un militaire et d’une chanteuse, Jonathan Clegg est né le 7 juin 1953 à Bacup, dans le nord-ouest de l’Angleterre. Ses parents divorcent quelques mois après sa naissance. Sa mère retourne alors vivre au Zimbabwe (alors la Rhodésie du Sud), où elle a été élevée, avant de s’installer en Afrique du Sud. Elle y rencontre son second mari, journaliste et militant antiapartheid.
Adolescent, Jonathan Clegg, que tout le monde commence à appeler « Johnny », s’initie à la guitare. Ce qui lui permet de rencontrer un musicien de rue zoulou qui jouait près de chez lui, Mntonganazo Mzila. Malgré la barrière du langage, il s’ensuit deux années durant lesquelles Clegg apprend les rudiments de la musique zouloue, accompagnant Mzila dans tous les « hostels », ces centres d’hébergements de travailleurs migrants, enfreignant l’interdiction des Noirs et des Blancs de franchir la limite des secteurs réservés.
À la même époque, Sipho Mchunu quitte sa terre zouloue natale pour devenir jardinier à Durban. L’homme s’étant taillé une réputation de bon guitariste, et attiré par l’espoir d’un plus haut salaire, il décide de monter vers la grande ville, où il entend parler pour la première fois d’un garçon blanc au talent de musicien zoulou. Il se trouve que le quartier de Johnny est également celui où travaillait Sipho. Cela mène à l’inévitable rencontre des deux musiciens.
Un musicien blanc et son ami noir jouant ensemble en plein apartheid
Les deux compères font secrètement la tournée de tous les foyers de travailleurs migrants, enjoignant aux autres musiciens de se mesurer à eux. En plein apartheid, cette association improbable provoque une forte agitation, aussi bien artistique que politique, partageant ceux qui condamnent cette multi-culturalité et ceux qui l’encouragent.
En 1976, Johnny Clegg et Sipho Mchunu décrochent leur premier vrai contrat, sous le nom Johnny et Sipho et s’ensuit la sortie de leur premier album Woza Friday (Come Friday). C’est là que commence le concept de Johnny Clegg de réunir des paroles anglaises et des mélodies occidentales à la musique zoulou.
En 1979, le duo change de nom pour devenir Juluka dont le premier album, malgré l’acclamation des critiques, est censuré en Afrique du Sud, toujours sous la coupe de l’apartheid. Leur deuxième album, « African Litany », est leur premier gros succès national, avec notamment leur premier hit « Impi ». Enfin, le quatrième album marque leur percée sur la scène mondiale.
Cinq disques de Juluka deviennent disques d’or et deux, disques de platine.
En 1985, l’aventure Juluka se termine avec le départ de Sipho, retourné apporter de l’aide à sa communauté. Johnny forme ainsi son second groupe Savuka. Clegg et Sipho Mchunu ne perdront jamais contact et décideront par la suite de refaire une tournée et un nouvel album ensemble.
Le premier album de Savuka, » Third World Child « , ( » Enfant du Tiers-Monde « , titre qui annonce son engagement), est un très gros succès, avec plus de deux millions d’exemplaires vendus dans le monde et les titres-phares. Il aura vendu au cours de quarante-deux ans de carrière plus de 5 millions d’albums.
Par YHR