Élection du Bureau définitif de la Chambre haute, Perchoir du Sénat : vers un duel Bahati – Thambwe !
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Le candidat du FCC étant loin de faire l’unanimité au sein de la plate-forme dirigée par Joseph Kabila, une victoire de l’élu du Sud-Kivu samedi prochain n’est pas à exclure
Par DMK
C’est confirmé ! Les sénateurs composant la nouvelle Chambre haute du Parlement se rendront aux urnes le samedi 27 juillet 2019 pour élire le Bureau définitif de cette institution. Ainsi en a décidé la Commission Nationale Electorale (CENI) qui vient de publier le calendrier dudit scrutin.
La campagne électorale pour les différents postes du Bureau du Sénat intervient dans une ambiance tendue et dont le dénouement promet des surprises, quand on sait que la rupture est désormais consommée entre le Regroupement AFDC-A (2ème force politique en termes d’élus issus des dernières législatives nationales, provinciales et sénatoriales)que dirige le sénateur Modeste Bahati Lukwebo et le Front Commun pour le Congo (FCC)dont l’autorité morale n’est autre que l’ancien Président de la République, Joseph Kabila.
De l’avis de nombreux observateurs, ce divorce ne manquera pas d’influer sur la course au perchoir de la Chambre haute du Parlement, quand on sait que le climat malsain qui règne au FCC a amené le sénateur Modeste Bahati à annoncer et maintenir sa candidature à la présidence du Sénat, alors que l’autorité morale du FCC a préféré choisir l’ex-rebelle Alexis Thambwe Mwamba comme candidat du FCC à ce poste!
On s’achemine donc vers un duel serré entre Bahati Lukwebo et Thambwe Mwamba, deux candidats sur lesquels les 108 membres de la Chambre haute du parlement (sans compter le sénateur à vie Joseph Kabila) devront se prononcer en âme et conscience, et la voie des urnes) !
La décision de Modeste Bahati de briguer, au nom de son Regroupement Alliance des Forces Démocratiques du Congo et Alliés (AFDC-A), la présidence du Sénat a valu à l’élu du Sud-Kivu son exclusion du FCC et même des menaces de toutes sortes, intrigues, intimidations, le débauchage de quelques élus membres de l’AFDC-A, et même des déclarations incendiaires de la part de certains cadres du FCC à l’endroit du sénateur Bahati.
Ces actes ont été dénoncés par Modeste Bahati (président habilité à engager le Regroupement politique AFDC-A vis-à-vis des institutions et des tiers) au cours de la conférence de presse qu’il a animée le 16 juillet 2019 dans la salle Kasaï du Palais du Peuple (siège du Parlement), devant des médias nationaux et internationaux, en présence de plusieurs députés, sénateurs et cadres de son Regroupement politique.
Des » méthodes staliniennes » !
Évoquant devant la presse sa suspension à durée indéterminée du FCC depuis le 15 juillet 2019 et » sans avoir reçu la moindre demande d’explication de la Conférence des chefs de regroupements de cette plate-forme politique « , l’autorité morale et sénateur AFDC-A a attribué cela au fait » qu’il ait dénoncé pour la énième fois la violation de la charte du FCC quant au respect des critères de poids politique et de concertation préalable dans la répartition des responsabilités »
Selon l’élu du Sud-Kivu, » l’injustice, la méchanceté, la haine, l’égoïsme à outrance, le chantage médiatique, la jalousie, les intriques et les règlements de compte sont devenus le mode de gestion de la plate-forme FCC « . L’élu du Sud-Kivu a également condamné les comportements » politiciens » de ceux qu’il considère désormais comme ses » ex-camarades du FCC » dont il a notamment dénoncé les » méthodes staliniennes » consistant à débaucher les élus et cadres AFDC-A en violation de la Charte du FCC.
Pour Bahati, » il est inconcevable qu’un regroupement comme l’AFDC-A, deuxième force politique du pays, qui apporte au FCC 145 élus dont 44 députés nationaux, 70 députés provinciaux, 2 gouverneurs de province (Kasaï Central et Sud-Kivu),7 vice-gouverneurs (Tshopo, Tshuapa, Tanganyika, Equateur, Maniema, Kasaï et Kasaï Central), 13 sénateurs et des membres des bureaux des Assemblées provinciales, soit privé de la direction d’une institution au profit d’un indépendant qui vient seul et dont la candidature n’a fait l’objet d’aucun débat » !
AFDC-A convertie en Plate-forme politique
Au cours de la conférence de presse animée au Palais du Peuple, le professeur et sénateur Modeste Bahati a également fait savoir qu’ » en réalité, l’AFDC-A est combattu pour son projet progressiste luttant pour la véritable démocratie en RDC, la bonne gouvernance, et l’amélioration des conditions de vie de la population « .
Telle est, selon l’élu du Sud-Kivu, la raison ayant amené le Regroupement AFDC-A de se constituer désormais en plate-forme politique autonome dans la Majorité parlementaire, tout en lançant un appel à toutes les autres forces politiques soucieuses du bien-être de la population et du développement économique et social de la RDC de se joindre à elle pour l’atteinte de ces objectifs. Ainsi, à l’instar du FCC, du CACH et de Lamuka, l’AFDC-A devient aussi une plate-forme politique que toutes les institutions de la République se doivent de prendre aussi en compte.
Une plainte à la Cour de Cassation !
A en croire le candidat AFDC-A à la présidence du Sénat, la dissidence dont on parle au sein de ce Regroupement politique est le fait d’un groupuscule manipulé et qui n’a pas qualité pour engager l’AFDC-A vis-à-vis des tiers ni des institutions. Aussi a-t-il pointé un doigt accusateur sur les députés Steve Mbikayi et Néné Nkulu qui, de l’avis de Modeste Bahati, ignorent les dispositions statutaires et règlementaires du Regroupement politique AFDC-A, selon lesquelles l’Autorité morale Modeste Bahati est le seul habilité à engager le Regroupement AFDC-A auprès des tiers suivant le mandat lui donné par la Conférence des présidents des partis et personnalités politiques dudit Regroupement.
Devant l’agitation entretenue par ces frondeurs en quête des postes ministériels, le sénateur Bahati a lancé un appel au Président de la République Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo ainsi qu’au CNSA, les exhortant » à garantir le bon fonctionnement du Regroupement AFDC-A et à interdire toute ingérence extérieure « .
Le Regroupement politique dirigé par le sénateur Modeste Bahati dit aussi attendre du nouveau Premier Ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba » l’accélération de l’identification de la nouvelle Majorité en considérant la nouvelle plate-forme AFDC-A et d’entamer les consultations pour la composition du nouveau gouvernement » sic.
En attendant, le Regroupement politique AFDC-A a décidé de confier la présidence de son Groupe Parlementaire à l’Honorable princesse Adèle Kahinda qui remplace ainsi à ce poste la dissidente Néné Nkulu.
Par ailleurs, on apprend que l’AFDC-A vient d’adresser une plainte au Procureur Général près la Cour de Cassation à charge de quelques cadres du FCC, entre autres, contre Mme Néné Nkulu Ilunga, J.P Tshimanga Buana, Steve Mbikayi, Néhémie Mwilanya, et Patrick Djanga Katakala.
Dans cette plainte datée du 18 juillet 2019 et signée par son autorité morale et président national, le Regroupement politique AFDC-A demande au PGR près la Cour de Cassation » d’engager des poursuites contre ces personnes, pour usurpation de pouvoir, abus de pouvoir, débauchage, faux en écriture, menaces, insultes, trouble de quiétude, et imputations dommageables « .
Comme on le voit, la candidature de Modeste Bahati à la présidence du Sénat soulève des vagues au sein du FCC dont certains cadres redoutent désormais une dispersion des voix qui, le jour du vote, risque d’être fatale au candidat choisi par l’ancien Président de la République Joseph Kabila. Un tel scénario, la Chambre haute du Parlement l’a vécu en 2007, lorsque l’inattendu Léon Kengo wa Dondo a réussi à se faire élire à la présidence du Sénat, au grand dam du candidat Léonard She Okitundu qui avait pourtant le soutien total de Joseph Kabila, alors autorité morale du PPRD et Président de la République.
Modeste Bahati serait-il bien placé pour s’imposer face à Thambwe Mwamba et succéder ainsi à Léon Kengo au perchoir de la Chambre haute ? Les urnes ne manqueront pas de trancher le samedi 27 juillet 2019.
Pour rappel, dans sa configuration actuelle, la Chambre haute du Parlement compte 109 sénateurs dont 13 sont identifiés comme membres du Regroupement politique AFDC-A.