Violences pré-électorales en RDC : Le Haut-commissariat de l’ONU s’inquiète et exige une enquête
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Depuis Genève, la Haut-commissaire des Nations Unies aux Droits de l’homme a exprimé sa grande inquiétude face aux violences perpétrées contre des partisans de l’Opposition dans au moins trois provinces de la République démocratique du Congo avant la tenue des élections présidentielle et législatives prévues le 23 décembre prochain.
Face à ces dérapages dangereux, Mme Bachelet demande aux autorités de veiller à ce que ces incidents fassent rapidement l’objet d’une enquête, et que « les droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique, conditions essentielles pour assurer la crédibilité des élections, soient pleinement protégés ».
Un monitoring sérieux
Dans son monitoring, l’ONU rappelle que le 11 décembre, au moins trois hommes ont été tués et plusieurs autres blessés après que la police ait tiré à balles réelles et utilisé des gaz lacrymogènes et des canons à eau contre un rassemblement de l’Opposition à Lubumbashi, dans la province du Haut-Katanga. Le convoi du candidat à la présidence Martin Fayulu aurait également été attaqué par la police, regrette la cheffe des droits de l’homme de l’ONU.
Au cours des affrontements qui ont suivi entre partisans de différents partis, Mme Bachelet note que sept véhicules, dont un appartenant à la Police nationale congolaise, ont été détruits et le bureau du procureur a été incendié. Un jour après, soit le 12 décembre, l’ONU relève dans son monitoring que la campagne de Martin Fayulu a de nouveau été interrompue, cette fois à Kalemie, dans la province du Tanganyika. Et à cette occasion, ajoute la même source, une jeune femme a été tuée et au moins neuf autres personnes ont été blessées, dont deux par balles.
A Mbuji-Mayi, dans la province du Kasaï Oriental, le gouverneur de cette province, M. Alphonse Ngoyi Kasanji, a déployé des soldats et des policiers sur plusieurs routes pour empêcher la population d’aller accueillir un autre candidat à la présidence, Félix Tshisekedi. Ici, un garçon âgé de 16 ans aurait été tué par un soldat des Forces Armées de la République démocratique du Congo (FARDC), rapporte la Haut –Commissaire des Nations Unies aux Droits de l’homme.
« Je suis profondément préoccupée par les informations faisant état d’un usage excessif de la force, y compris des balles réelles, par les forces de sécurité contre les rassemblements de l’opposition », déclare la Haut-commissaire.
« Les rapports indiquant l’utilisation des discours incendiaires par les dirigeants politiques m’inquiètent également », regrette–t- elle.
«A seulement quelques jours des élections cruciales qui se tiendront en République démocratique du Congo, il est primordial que les autorités veillent à ce que les droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique soient pleinement protégés et qu’elles prennent toutes les mesures possibles pour prévenir les actes de violence. Il s’agit notamment de veiller à ce que tous les candidats soient en mesure de tenir des réunions et des rassemblements pour faire campagne en faveur de leur élection », conseille-t-elle.
Les groupes armés aussi indexés
Mme Bachelet déclare également s’inquiéter des rapports faisant état de l’ingérence des groupes armés dans les campagnes électorales. Elle rappelle les menaces qui ont été proférées contre des partisans de plusieurs partis politiques, notamment ceux appartenant à la majorité présidentielle, en particulier au Nord-Kivu et au Sud-Kivu. Des partisans de l’Opposition auraient également perturbé les réunions de campagne organisées par les candidats de la majorité présidentielle dans les provinces du Kwilu et du Kasaï. Un certain nombre d’incidents visant des partisans de l’Opposition ont aussi été enregistrés dans la province du Maniema.
« Dans un environnement électoral déjà tendu, j’exhorte le gouvernement à faire clairement comprendre que les menaces et la violence contre les opposants politiques ne seront pas tolérées », a-t-elle déclaré. « J’appelle le gouvernement de la République démocratique du Congo à faire en sorte que tous ces incidents fassent l’objet d’enquêtes rapides et efficaces et que leurs auteurs soient tenus responsables », a demandé la cheffe des droits de l’homme de l’ONU.
Mme Bachelet a demandé à toutes les parties concernées de ne pas recourir à la violence et a exhorté les forces de sécurité à rester impartiales.
Par GKM