A quelques jours des élections en RDC, Sanctions de l’UE : HRW dit non à la levée !
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Dans une correspondance adressée aux ministres des Affaires étrangères des 27, l’ONG américaine Human Rights Watch plaide pour le renouvellement et l’élargissement desdites sanctions, afin de mettre la pression sur Kinshasa en vue des élections crédibles
Bénédicte Jeannerod et Ida Sawyer, respectivement Directrice en France et Directrice adjointe de la division Afrique à Human Rights Watch(HRW), ont adressé le lundi 3 Décembre 2018 une lettre aux ministres des Affaires de l’Union Européenne pour exiger le renouvellement et l’élargissement des sanctions de l’Union européenne à l’encontre de certains officiels congolais.
« Nous vous écrivons pour exhorter votre gouvernement à soutenir le renouvellement et l’élargissement des sanctions ciblées de l’Union européenne à l’encontre d’officiels de haut rang de la République démocratique du Congo responsables de la répression violente et d’autres violations graves des droits humains dans le pays.
Nous croyons comprendre qu’une décision au sujet du renouvellement des sanctions contre 16 individus congolais, imposées en décembre 2016 et mai 2017, sera prise lors de la séance du Conseil des Affaires étrangères de l’Union européenne prévue le 11 décembre 2018 », notent Bénédicte Jeannerod et Ida Sawyer dans leur missive.
HRW appelle également l’UE à étendre les sanctions ciblées afin de renforcer la pression sur Joseph Kabila et d’autres hauts responsables pour un environnement propice à la tenue d’élections crédibles. Pour l’ongdh étasunienne, les sanctions ciblées de l’UE, ainsi que celles imposées par les États-Unis et le Conseil de sécurité de l’ONU, la menace de nouvelles sanctions contre des collaborateurs du président congolais Joseph Kabila et les fortes pressions exercées par les dirigeants angolais, sud-africains et d’autres dirigeants de la région ont manifestement joué un rôle crucial pour convaincre le président Kabila de s’engager à organiser des élections pour son successeur.
Cette mesure, note l’ONGDH, faisait suite à près de quatre ans de répressions contre ceux s’opposant à ses tentatives de rester en fonction au-delà de la limite constitutionnelle de deux mandats en décembre 2016. L’organisation américaine signale que parmi les individus visés par les sanctions de l’UE, nombreux sont ceux qui n’occupent plus la même fonction. Certains ont été promus à des postes plus élevés, d’autres ont été mutés à des postes d’importance comparable, et d’autres encore continuent de jouer un rôle dans la stratégie plus globale de répression, mais de manière moins officielle.
A en croire HRW, aucune des 16 personnalités visées par les sanctions européennes n’a fait l’objet d’une enquête ni n’a été traduite en justice pour implication présumée dans les graves violations des droits humains, regrette HRW dans sa lettre adressée aux ministres des Affaires Étrangères de l’UE.
« Dans ce contexte, la levée des sanctions signifierait que l’UE tolère l’impunité et encourage purement et simplement les hauts responsables et autres proches de Kabila à poursuivre leur répression violente », font remarquer Jeannerod et Sawyer dans leur correspondance.
Vers des élections chaotiques
L’ONGDH fait également part à l’UE de l’inégalité d’accès aux médias et des irrégularités dans le fichier électoral avec potentiellement pour résultat jusqu’à six millions d’« électeurs fantômes », selon un audit de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Compte-tenu de ces enjeux, HRW dit craindre l’embrasement et avertit que dans ce contexte la RDC se dirige vers des élections chaotiques, répressives et frauduleuses.
Selon HRW, L’UE devrait « insister sur la nécessité de veiller à ce que tous les Congolais puissent exercer leurs libertés de réunion et d’expression pacifiques, de voter librement, et de garantir la transparence et la confiance dans les procédures de vote et de dépouillement ». Pour Human Ritghts Watch, la reconduction des sanctions ciblées de l’UE contre les hauts responsables congolais impliqués dans la répression violente de ces dernières années montrerait que les réactions contre une telle répression persisteront jusqu’à ce que les abus cessent et soient dûment traités.
Les attentes de HRW à l’endroit de l’UE
L’organisation américaine de défense et de promotion des droits de l’homme exhorte par ailleurs l’UE à faire pression sur les autorités congolaises afin qu’elles prennent les mesures visant à libérer les prisonniers politiques et les activistes détenus et pour que ceux en exil soient autorisés à rentrer au pays. HRW dit attendre des 27 pays de l’UE leur implication, afin que les forces de sécurité et les services de renseignement de la RDC puissent mettre fin aux arrestations arbitraires des activistes et des opposants politiques, ainsi qu’au recours à la torture, aux mauvais traitements et aux disparitions forcées.
« Les forces de sécurité doivent faire preuve d’impartialité et ne pas utiliser de force excessive lors des rassemblements et manifestations politiques, ni s’immiscer dans la campagne et les élections par des actes d’intimidation ou de violence », conseille HRW.
HRW espère également voir l’UE prendre les dispositions pour que tous les dirigeants politiques et activistes de la société civile puissent se réunir, s’organiser, se déplacer, battre campagne librement, et faire en sorte que les médias soutenant l’opposition puissent être rouverts.
L’organisation étasunienne exhorte enfin l’UE à veiller à ce que les observateurs indépendants soient déployés dans tout le pays, afin de rendre compte de manière indépendante des résultats des élections, des irrégularités et des allégations de fraude ou de violence. HRW espère voir l’Union européenne indiquer clairement qu’elle n’acceptera pas d’élections non conformes aux normes internationales, ni n’approuvera pas un processus frauduleux, et que toute répression et tout abus de ce type auront de réelles conséquences (sic) !
Par GKM