Soutien logistique de la MONUSCO aux élections 2018 : Les Congolais acceptent, le Gouvernement refuse !
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Selon le ministre Lambert Mende, la RD Congo est prête à accepter le soutien des Nations Unies
dans d’autres secteurs et non dans celui des élections pour préserver sa souveraineté
Par la voix de Lambert Mende Omalanga, porte-parole du Gouvernement et ministre de l’Information et des Médias de son Gouvernement, la RDC a indiqué hier mardi que, pour préserver sa souveraineté, elle est disposée à accepter l’aide des Nations Unies dans des secteurs autres que celui des élections.
Les autorités congolaises répondaient ainsi au Conseil de Sécurité des Nations Unies qui, la veille, a réaffirmé sa détermination à aider le peuple congolais à aller aux élections libres, équitables et crédibles se traduisant par une démocratie durable.
Cette position semble en contradiction avec les attentes de la population et le vœu sans cesse exprimé par les forces politiques et sociales acquises au changement appelant à l’implication de la communauté internationale dans l’accompagnement du processus électoral en cours en RDC, en vue des élections crédibles, transparentes et apaisées que ce vaste pays au cœur de l’Afrique doit organiser le 23 décembre prochain.
Cet accompagnement de la communauté internationale, les Congolais qui aspirent à une vraie alternance démocratique veulent le voir se traduire par un soutien logistique au regard des défis multiples auxquels la Commission électorale nationale indépendante (CENI) doit faire face dans l’organisation de ces scrutins. Pour rappel, c’est grâce à l’appui logistique de la MONUSCO que la CENI a réussi à déployer les kits et les agents électoraux à travers le pays, lors de l’opération d’enrôlement des électeurs.
A quatre mois de la tenue des scrutins, les inquiétudes planent sur le respect du calendrier électoral au regard des moyens logistiques et financiers que le Gouvernement a promis de mettre à la disposition de la centrale électorale, mais qui ne suivent pas. C’est sans doute ce qui a amené le Conseil de Sécurité à tirer la sonnette d’alarme tout en exhortant l’ONU à aider la RDC en termes de logistiques. Curieusement, au lieu de saluer cette disponibilité de la communauté internationale, le Gouvernement congolais préfère repousser cette aide.
Cette réaction des autorités congolaises est en contradiction avec les attentes de la population qui ne jure que par la tenue des scrutins le 23 décembre prochain.
Pour preuve, Radio Okapi, une chaîne supervisée par la Mission de l’ONU pour la Stabilisation du Congo (MONUSCO), a pris soin de recueillir les avis des observateurs de la scène politique de la République Démocratique du Congo sur l’offre de transport et de la logistique que le Conseil de sécurité des Nations Unies propose à la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) pour l’organisation des élections prévue le 23 décembre 2018 dans ce pays d’Afrique Centrale.
Selon les résultats de ce sondage, 79% de personnes interrogées, soit 820 sur un total de 1 036, estiment que le Congo Démocratique doit accepter cette offre ; 15%, soit 156 personnes interrogées, pensent que la RD Congo est en mesure de financer seule ses élections ; 6%, soit 68 interviewés soutiennent que la RD Congo peut accepter en partie cette offre.
Mais, pour sa part, le Gouvernement, à travers son porte-parole et ministre de l’Information et des Médias de son Gouvernement, soutient que, pour préserver sa souveraineté, la RDC est disposée à accepter l’aide des Nations Unies dans des secteurs autres que celui des élections !
Le Congo Démocratique a ainsi répondu au Conseil de sécurité des Nations Unies qui, la veille, avait exprimé leur détermination à aider le peuple congolais à aller aux élections libres, équitables et crédibles se traduisant par une démocratie durable.
Les six questions de l’ONU
Saluant le fait que le Chef de l’Etat Joseph Kabila s’est officiellement abstenu de briguer un troisième mandat, les Nations Unies ont néanmoins relevé les « signaux rouges et les questions restées sans réponse » à quatre mois seulement de la tenue de ces scrutins. « Comment la CENI transportera-t-elle le matériel électoral dans plus de 90 000 bureaux de vote ?
Y aura-t-il suffisamment des machines à voter ou les autorités congolaises vont-elles prolonger le vote de plusieurs jours, voire de plusieurs semaines ? Les autorités congolaises peuvent-elles recharger les machines à voter avec seulement une autonomie de 12 heures ? Les organisateurs des élections ont-ils largement testé les machines à voter ? Les électeurs qui, en grande majorité, n’ont jamais utilisé un écran tactile, sauront-ils l’utiliser ?
Les organisateurs des élections préparent-ils des bulletins de vote en papier en guise d’un plan alternatif si les machines à voter échouent ? » Voilà autant d’interrogations qui préoccupent les Nations Unies. Pour la communauté internationale, ces questions valent leur pesant d’or, mais il y a des solutions. C’est pourquoi les Nations Unies ont encouragé les autorités congolaises à accepter l’offre de la MONUSCO qui dispose déjà d’actifs qu’elle est prête à déployer. Enfin, les Nations Unies ont émis le vœu de voir la RD Congo voter avec les bulletins comme en 2006 et 2011, avec le soutien de la Mission Onusienne.
Par Marcel Tshishiku