Survivant de la chanson « Indépendance Cha Cha » : Armando Brazzos lutte entre la vie et la mort !
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Le Gouvernement National et la Socoda interpellés afin de venir au secours de cet artiste de 85 ans
Le guitariste bassiste Armando Brazzos, un de deux survivants de la chanson « Indépendance Cha Cha » composée et exécutée par l’orchestre African Jazz à la Table-ronde politique de Bruxelles en 1960, âgé à ce jour de 85 ans d’âge, se trouve face à son destin et lutte entre la vie et la mort. Son état de santé, très critique, se détériore de plus en plus, à en croire les dernières nouvelles parvenues par la bouche de son compère batteur Yantula Bobina dit Petit Pierre.
« Lors de ma dernière visite effectuée à son domicile, il ne me reconnaissait plus. Il a perdu la raison. Une perte de mémoire caractérisée, des maux de jambes et fortes douleurs dorsales qui empêchent sa mobilité… Il manque d’argent pour l’hospitalisation et son entretien », a-t-il révélé.
A l’instar de Kabasele Tshamala dit Grand Kallé Jeef, Roger Izeidi Mokoy, Vicky Longomba, Nico Kasanda wa Mikalay alias Docteur Nico, Dechaud Muamba, qui ont quitté la terre des hommes bien longtemps, les deux rescapés sont considérés comme les pères fondateurs de la rumba congolaise à la Table-ronde de Bruxelles, un moment historique, un rendez-vous qu’il ne fallait à tout prix manquer, tirent aujourd’hui le diable par la queue.
Armando Brazzos en chômage depuis des lustres, s’est mis en retraite en sa résidence de fortune localisée sur la rue Wombo 12 à Bandal Bisengo. Sa dernière apparition publique, rongé par la maladie, était lors du jumelage anniversaire de l’émission « Masolo mpe Mabina Souvenirs Souvenirs » de la RTNC2 Développement et l’ETAM à l’espace « 1,2,3 Mama Kulutu », sanctuaire de l’OK Jazz de Luambo Makiadi où il a reçu un diplôme d’honneur. Tandis que Petit Pierre est fonctionnaire de l’Etat, chef du quartier Singa Mopepe dans la commune de Lingwala.
Des voix s’élèvent …
– Shaka Kongo, coordonateur de l’Asbl « Artistes en danger » : « C’est écœurant de voir qu’un artiste de ce niveau soit abandonné. Les comités d’assistance naissent lorsqu’il y a mort d’homme… ». – Jeannot ne Nzau Diop ( journaliste, critique d’art, musicologue, historien et homme de culture ) :
«On se rappelle qu’en juin 2015, le Chancelier des Ordres Nationaux, sur demande du ministre de la Culture, feu Banza Mukalayi, avait décoré plus de 90 artistes, sauf les pionniers de la chanson « Indépendance Cha Cha », considérée comme l’hymne des indépendances africaines jouée dans plus de 17 pays africains en 1960.
Nous continuons à réclamer la décoration de sept d’entre eux à titre posthume et de deux survivants. Il faut noter qu’un film malien sur les anciens combattants de l’armée française, intitulé « Tasuma, le feu » dont le générique est l’ « Indépendance Cha Cha », a été plébiscité meilleur film africain. Toutes mes correspondances adressées aux autorités sont demeurées lettre morte. Sinon, la Socoda est obligée de payer les droits d’accompagnement, droits d’auteurs et voire mécaniques de Brazzos, l’un des premiers animateurs de l’OK Jazz, pour les différentes chansons exécutées.
*Portrait d’Armando Brazzos
De son vrai nom Armando Mwango Fwadimaya, Brazzos est né à Kinshasa le 21 avril 1934. Guitariste formé par Bill Alexandre (élève du célèbre guitariste Diango Reinhard) qui l’avait également surnommé « Brazzos », entendez « l’homme aux bras des os », il débute sa carrière à la Compagnie d’Enregistrements folkloriques africaine (Cefa) en 1953 comme guitariste accompagnateur aux côtés de Roger Izeidi, Roitelet Moniania et Vicky Longomba.
En 1956, Brazzos fait partie de la première équipe avec son ami Vicky Longomba lors de la création de l’OK Jazz, l’orchestre cher à François Dieudonné Luambo Makiadi. En 1959, pour agrémenter la soirée de la Table-ronde qui a conduit à la prise de l’Indépendance de la République Démocratique du Congo avec la chanson « Indépendance Cha Cha », à la demande de Kalle Jeef, Brazzos intègre l’African Jazz avec Vicky Longomba à l’insu de leur groupe OK Jazz. Ensuite, il rejoindra à plusieurs reprises l’OK Jazz tout en prêtant main forte à l’orchestre du saxophoniste camerounais Manu Dibango.
Par Franck Ambangito