Refus d’octroi de visas par des ambassades occidentales en RDC, Kinshasa-Schengen : les relations se détériorent davantage
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Le gouvernement congolais choisit d’appliquer la « loi du Talion » pour « corriger » les pays occidentaux qui refusent d’accorder des visas humanitaires ou pour des soins médicaux aux ressortissants de la RDC
Dans un message à tous les ambassadeurs de la RD Congo à travers le monde, qui a fait le tour des réseaux sociaux, le ministre délégué des Congolais de l’Etranger, Emmanuel Ilunga Ngoie Kasongo, déplore le refus d’octroyer des visas humanitaires ou pour des soins médicaux aux ressortissants rd congolais par des ambassades et représentations diplomatiques occidentales basées en RDC.
Cette situation s’observe depuis la fermeture de la Maison Schengen par les autorités congolaises. C’est ainsi que dans ce document, le ministre a exhorté tous les ambassadeurs de la RDC à appliquer les mêmes dispositions aux ressortissants de ces pays, par principe de réciprocité.
Donc, l’homme tient à appliquer la « loi du Talion », « œil pour œil, dent pour dent », pour « corriger » les pays occidentaux qui refusent d’octroyer des visas humanitaires ou pour les soins médicaux aux ressortissants de la RDC. Il a cité dans son message notamment la France et la Belgique, comme si la RDC gardait une dent contre ces pays à cause de leurs exigences pour le retour à l’ordre constitutionnel en RDC par l’organisation des élections crédibles et inclusives.
Lamentation d’Emmanuel Ilunga
Le ministre délégué des Congolais de l’Etranger n’est pas clair dans son message. Dans un pays riche, où la population croupit dans une misère noire, à cause de la mégestion de son gouvernement, quel Congolais moyen peut s’offrir le luxe de se faire soigner en Europe, s’il n’est pas de la famille des dignitaires de ce régime. En effet, depuis la fermeture de la Maison Schengen, les Congolais sont contraints d’entreprendre des formalités dans un pays tiers afin d’obtenir leur visa pour le territoire de l’Union Européenne.
Pourtant, cette représentation consulaire, commune à dix-sept pays de l’UE et à la Norvège, gérée par la Belgique, a été fermée par Kinshasa en réaction à la décision de Bruxelles de réorienter son aide à la RD Congo après la répression brutale et sanglante de la marche pacifique du 31 décembre 2017 organisée par le Comité Laïc de Coordination (CLC), une structure reconnue par l’Archidiocèse de Kinshasa, pour exiger la mise en application de toutes les dispositions intégrales de l’Accord du centre interdiocésain, obtenu grâce aux bons offices des évêques catholiques membres de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO).
Le gouvernement belge avait, en effet, annoncé l’octroi de 25 millions d’euros, qui devaient être gérés par le gouvernement congolais, pour les confier à des acteurs humanitaires ou de développement. Il s’agissait pour Bruxelles de protester ainsi contre la fermeture de l’espace politique et la répression des manifestations.
Dans un communiqué publié une semaine après la fermeture de la Maison Schengen à Kinshasa, l’UE et les dix-huit Etats participant à cette représentation consulaire se sont dits ouverts au dialogue, mais laissaient au gouvernement de la RDC « le choix souverain de refuser, à leurs ressortissants, la délivrance de visas au Congo pour l’espace Schengen ».
En fermant la Maison Schengen, Kinshasa voulait créer des divisions au sein de l’Union européenne et isoler ainsi la Belgique. Pour l’UE, la Maison Schengen est un instrument de mise en œuvre de la politique commune de visas de l’Union européenne géré par Belgique au Congo, avec le financement de l’Union européenne, comme c’est le cas pour la France, qui le fait dans 25 autres pays africains.
Le message du ministre Emmanuel Ilunga aux ambassadeurs de la RDC constitue pour certains un aveu d’impuissance, qui prouve que la diplomatie congolaise n’est pas à la hauteur de sa mission.
Par GKM