Présidentielle 2018 : Les pressions s’accentuent sur Joseph Kabila
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A quelques jours du dépôt des candidatures, la marge de manœuvres du président sortant se rétrécit, alors que ce dernier entretient encore le flou sur son ambition de briguer un troisième mandat que lui interdisent la Constitution et l’Accord obtenu sous la médiation des Evêques de la CENCO
Dans moins de six mois, soit le 23 décembre 2018, la République Démocratique du Congo doit organiser les élections présidentielle, législatives provinciales et nationales. C’est dire que les jours sont désormais comptés pour la tenue de ces scrutins importants et auxquels l’actuel chef d’Etat congolais (qui a déjà épuisé ses deux mandats constitutionnels) ne devrait pas prendre part, selon la Constitution en vigueur et le contenu de l’Accord politique conclu le 31 décembre 2016 sous la médiation des Evêques catholiques.
Plus les jours passent en cette seconde moitié de l’année, plus l’opinion nationale et internationale suit désormais de très près les faits et gestes du président Joseph Kabila. Surtout quand on sait que l’opération de dépôt de candidatures pour la présidentielle et les législatives nationales interviendra le 25 juillet 2018, selon le calendrier publié par la Commission électorale nationale indépendante (CENI).
A l’approche de cette date, la pression s’accentue davantage sur le président sortant, tant de la part de l’opposition congolaise et de la société civile que de la communauté internationale, pour rappeler à Joseph Kabila dont le second et dernier mandat a expiré depuis le 19 décembre 2016 qu’il n’a plus qualité pour briguer un autre mandat à la magistrature suprême. Histoire de respecter la Constitution en vigueur et l’Accord du 31 décembre 2016.
Mais, à quelques mois des élections, l’actuel chef d’Etat congolais continue à entretenir un flou sur ses ambitions par rapport à la présidentielle du 23 décembre 2018, alors que les voix fusent au sein de l’opinion nationale et de la communauté internationale pour appeler Joseph Kabila à déclarer clairement qu’il ne briguera pas un troisième mandat, synonyme d’une violation de la Constitution.
C’est d’ailleurs dans ce cadre sans doute que le Secrétaire Général des Nations Unies, M. Antonio Guterres, s’apprêtait à effectuer, cette semaine, une visite officielle à Kinshasa, en compagnie de M. Moussa Faki Mahamat, Président de la Commission de l’Union Africaine (UA), pour rencontrer le président congolais et d’autres autorités du pays.
Visite qui vient d’être malheureusement annulée, à la demande du Gouvernement congolais. De là à donner raison à ceux qui soupçonnent Joseph Kabila de vouloir briguer un troisième mandat, le pas est encore franchi dans plusieurs états-majors de l’Opposition congolaise et même dans certains milieux diplomatiques.
Des options envisageables s’affrontent
Répondant, à ce sujet, à une question de nos confrères de RFI le mercredi 11 juillet 2018 sur la réaction de la Communauté internationale et des Etats-Unis en cas d’une éventuelle troisième candidature de Joseph Kabila, Bob Kabamba, professeur à l’Université de Liège, en Belgique, a évoqué plusieurs pistes envisageables, sans exclure l’option d’une intervention militaire sur le sol congolais pour rétablir l’ordre constitutionnel en RDC et éviter le chaos qui profile à l’horizon.
« Au niveau de l’Union Africaine, il va de soit que lorsqu’il y a coup d’Etat ou renversement de l’ordre constitutionnel, il y a toujours une option demandant aux pays membres d’intervenir pour rétablir l’ordre constitutionnel », a rappelé le Professeur Bob Kabamba, au cours de l’entretien avec le journaliste Christophe Bouabouvier de RFI.
Le professeur a également fait allusion à d’autres options, dont celle d’une transition sans Kabila, pour l’organisation des élections ou des actions populaires de protestation en cas d’une candidature confirmée de l’actuel chef d’Etat congolais. Surtout que ce dernier n’a pas encore annoncé le nom de son dauphin, alors que la communauté internationale exige qu’il lève l’équivoque sur sa non représentation au prochain scrutin.
De l’avis du professeur Bob Kabamba, le refus de Kabila de rencontrer le Secrétaire Général des Nations Unies et le Président de la Commission de l’Union Africaine, constitue un aveu de l’autorité morale de la MP de ne pas vouloir répondre aux questions qui fâchent, notamment sur sa participation aux prochaines élections présidentielles et sur le consensus autour de la machine à voter.
Le pouvoir à Kinshasa croirait avoir à gagner en optant pour l’isolement face à une communauté internationale dont l’apport en RDC n’est pourtant plus à démontrer. Un tel choix serait suicidaire. Les Mobutistes qui entêtaient l’ancien dictateur jusqu’à sa chute en savent quelque chose.
Tel est le spectacle auquel on semble assister aujourd’hui avec la Majorité actuellement au pouvoir à Kinshasa. Certains ténors de cette famille politique refusent de prendre en compte les souffrances grandissantes de la population dont les conditions de vie se dégradent chaque jour.
Ces flatteurs ne jureraient que par une nouvelle candidature de Joseph Kabila aux présidentielles du 23 décembre 2018, alors que les conditions de vie de la population sont déjà chaotiques. Pour preuve, manger à sa faim ne fût-ce qu’une fois par jour à Kinshasa et dans plusieurs provinces de l’arrière-pays relève désormais d’un miracle.
Curieusement, cette misère grandissante n’interpelle pas ceux qui veulent pousser l’actuel chef d’Etat à la faute et qui laissent entendre que Joseph Kabila a le droit de se représenter comme candidat indépendant en 2018 !
Par GKM et DwD