A travers son appel d’hier : Le CLC maintient la pression sur Kabila
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« Jusqu’au bout Nous irons! », tel est le message contenu dans un appel lancé par le Comité Laïc de Coordination (CLC) organisateur des marches pacifiques exigeant la mise en application de toutes les dispositions pertinentes de l’Accord du 31 décembre 2016.
Dans son appel d’hier, le CLC se réjouit de résultats récoltés lors de ces trois actions lancées à travers le pays avec dix victoires surtout pour avoir réussi à éveiller les consciences de la population congolaise.
Le Comité Laïc de Coordination appelle les Congolais à participer à la messe qu’elle organise en mémoire de morts du 25 février 2018, le vendredi 16 mars à 10 Heures à la cathédrale Notre Dame du Congo.
Les Congolais sont exhortés à relancer le concert de casseroles avec la sonnerie des cloches, tous les jeudis à 21 heures dans toutes les paroisses, de Kinshasa et de nos provinces, accompagnée des sifflets, klaxons et autres bruits de casseroles.
APPEL DU COMITE LAIC DE COORDINATION JUSQU’AU BOUT NOUS IRONS!
Au terme des trois grandes actions organisées par le Comité Laïc de Coordination (marches du 31 décembre 2017, 21 janvier et 25 février 2018) faisons tous ensemble, croyants, hommes et femmes de bonne volonté, au pays et dans la diaspora, un arrêt pour évaluer ensemble ces petites victoires qui constituent le principal acquis de ces manifestations.
Notre première victoire est une victoire sur notre propre peur. Oui, il nous a fallu braver nos peurs individuelles et communes pour nous mettre debout et crier haut et fort que nous n’acceptions plus ce mode de gestion inhumain que le régime imposait à toute notre nation. Chapelets, croix, bibles, rameaux en mains; chants et prières sur nos lèvres; des corps physiques en offrande aux canons d’armes qui crachent le feu; bras et mains tournés vers le Très-Haut, symboles des êtres prêts pour l’Ascension et l’Assomption ; les manifestants ont, à chaque fois, courageusement, attendu la mort des mains de leurs propres frères et sœurs rendus aveugles et sourds par un pouvoir en délire.
Notre deuxième victoire, c’est d’avoir transféré la peur dans le camp de nos dirigeants politiques, militaires, policiers et autres agents des services de sécurité. Les manifestations de cette peur sont nombreuses avant, pendant et après chaque manifestation :
Panique dès l’annonce d’une marche; organisation de réunions multiples et coûteuses pour contrecarrer les manifestations pacifiques; approvisionnement en arme létale, gaz lacrymogènes et autres balles; mobilisation de nos frères communicateurs de la Majorité qui, souvent, ne savent pas par où prendre les organisateurs des marches; menaces officielles avec, pour la première fois dans notre pays, des mandats de justice pour de simples organisateurs de marches pacifiques; érection des barrières pour intimider la population ; tracasseries et autres confiscations de téléphones mobiles de jour comme de nuit; profanation des lieux de cultes et visites impromptues des résidences des prêtres, religieux, religieuses et laïcs ; humiliations, arrestations arbitraires, empressement d’emporter les corps des victimes pour cacher leurs forfaitures, etc.
Notre troisième victoire c’est d’avoir révélé l’existence des divisions au sein du pouvoir en place. Ce mur qui se lézarde trouve son expression dans: la fin du mutisme du Président de la République, particulièrement sa prise de parole ironique au sujet de sa candidature ou non, lors des prochaines échéances électorales; l’ouverture du débat sur son dauphin, un moment qui cache mal le combat que se livrent en interne les candidats potentiels; les divisions de jour en jour plus perceptibles au sein de l’armée, de la police et Notre quatrième victoire est d’avoir mis à nu un régime dictatorial qui s’acharnait à se cacher derrière une démocratie de façade. Aujourd’hui, à bout de souffle, ce régime va jusqu’à instrumentaliser nos jeunes à qui, 20 ans durant, il n’a offert, ni maison, ni école, ni soins de santé, ni nourriture, ni emploi et pire ni culture, ni valeurs, ni avenir.
A coup de promesses mensongères d’argent, le régime tente vainement d’opposer les enfants des quartiers pauvres pour les amener à s’entretuer et donner ainsi quelques jours de sursis au pouvoir. Le régime s’acharne à leur donner une nouvelle identité de violents en cachant par des bonnets couleurs rouge-sang des corps de jeunes sans lendemain.
Notre cinquième victoire ce sont ces lignes qui bougent sur le plan politique. Pour preuve, le spectacle des ballets diplomatiques dont les contenus varient certainement entre protection des intérêts des uns et des autres, et capacité du régime en place d’en assurer la protection. La case étant secouée de l’intérieur, le monde des intérêts qui n’a pas d’amis serait sans doute en train de négocier, en douce, l’issue de la crise.
Mais notre peuple, désormais debout, laisse le temps au temps car à chaque conquête son temps. Notre peuple a beaucoup appris de ces années de dictature et de démocratie de façade. Il faudra plus que «l’alternance pacifique» pour l’endormir demain.
Notre sixième victoire est l’adhésion des Congolaises et Congolais à la mobilisation du Comité Laïc de Coordination. Tous, comme un seul homme, ont libéré la parole qui sauve. Tous, hommes, femmes, jeunes et vieux de toutes confessions religieuses, organisations socioprofessionnelles et politiques, des mouvements citoyens; tous à Kinshasa et dans toutes nos provinces et au sein de la diaspora en Afrique, Asie, Europe, Canada, USA, etc. ; tous ont exprimé leur volonté de construire au cœur du continent « un Congo plus beau qu’avant ! ».
Notre septième victoire est cette église debout dont les bergers sont constamment à l’écoute de la misère du peuple et prennent la décision de l’accompagner dans la matérialisation de son être prophétique. Avant, pendant et après les trois marches, le partage fraternel et quotidien de la souffrance à travers les nombreux moments de répressions est devenu la confirmation de l’existence d’une église-famille de Dieu qui étonne par sa relation de communion interreligieuse, et entre laïcs et clergé; une église qui prend corps dans la persécution mais surtout dans le don de la vie et du pardon que célèbrent toutes nos eucharisties consacrées à nos morts; une église, enfin, qui force l’admiration de tous dans le monde, comme le témoignent les nombreuses marques de soutien.
Notre huitième victoire est cette espérance têtue qui continue à nous mobiliser et à refuser les nombreuses manipulations et autres tentatives de nous démobiliser ou de nous diviser. Les infiltrés parmi nous ne comprennent pas l’engouement de notre peuple pour le changement. Ils ne nous font plus peur parce que Judas, ce n’est pas nous qui l’avons inventé et il n’a pas empêché le Christ d’accomplir sa mission.
Que ceux qui ont reçu mission de s’infiltrer accomplissent leurs tâches. Notre force c’est notre spiritualité pacifique, non violente et nos moments de prière qui constamment nous rappellent que l’humain est sacré. Notre neuvième victoire ce sont nos héros de la démocratie. Ils ont un nom, un visage, un âge. Ils sont morts ; ils sont vivants ; enterrés en cachette ou non ; dans des tombes connues ou inconnues; avec une croix portant le nom de chacun ou pas.
Ils continueront à nous exiger une participation citoyenne rigoureuse et désormais active pour éviter de retomber dans une dictature nouvelle coûteuse en vies humaines. La démocratie pour laquelle ils ont marché et pour laquelle ils ont donné leur vie est celle qui repose sur les valeurs d’égalité, de participation, de liberté et de justice.
Notre dixième victoire c’est le rêve commun que nous partageons aujourd’hui comme celui des enfants d’Israël qui, sous la conduite de Moïse, se dirigeaient vers la Terre Promise. Cette terre promise pour nous est celle de la liberté et de l’indépendance réelle et non fictive.
Une liberté qui nous permettra de choisir nous-mêmes nos dirigeants, de mettre en place une économie de communion et de solidarité au service de notre bien-être à tous, de développer des idées et des pensées propres à nous qui seront à la base d’une nouvelle manière d’agir et de vivre ensemble. Cette terre promise pour nous est celle de la démocratie véritable et non d’une démocratie de façade.
En conclusion, demeurons ensemble mobilisés pour des actions futures de réarmement moral et spirituel par :
• la participation à la messe de morts des martyrs du 25 février 2018, le vendredi 16 mars à 10 Heures à la cathédrale Notre Dame du Congo;
• la sonnerie des cloches, tous les jeudis à 21 heures dans toutes les paroisses, de Kinshasa et de nos provinces, accompagnée des sifflets, klaxons et autres bruits de casseroles ;
• la poursuite assidue des formations à la non-violence évangélique active dans nos différentes paroisses de Kinshasa et de l’intérieur du pays;
• l’organisation des prières, sermons et autres prêches de réarmement spirituel pour continuer à porter notre croix, passage obligé vers la résurrection de la nation congolaise;
• les actions diplomatiques en direction des nombreux partenaires de notre pays avec l’aide de nos compatriotes de la diaspora.
Fait à Kinshasa, ce 12 mars 2018.