CNSA-CENI-Gouvernement : Vers la validation de la position de Nangaa
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Le président de la Centrale électorale a largué une bombe pour orienter les débats et repousser plus loin l’organisation des élections en RDC
C’est depuis le 14 octobre 2017 que les travaux de la tripartite – CNSA-CENI Gouvernement sont ouverts à Kinshasa, pour évaluer et déterminer la suite du processus électoral en République démocratique du Congo.
Normalement, Corneille Nangaa devrait présenter aux participants le niveau auquel il se trouve pour offrir au peuple congolais les élections attendues depuis décembre 2016. De son côté, le gouvernement dont la CENI attend le financement du processus, devrait faire un état des lieux par rapport à la tâche qui lui incombe. Et au CNSA d’évaluer pour qu’ensemble, ils tirent une conclusion, se référant, bien entendu, à la Constitution et à l’accord signé sous les bons offices des évêques catholiques.
Bizarrement, bien avant la tenue de ces assises, le président de la Commission électorale nationale indépendante, Corneille Nangaa, a, à partir de l’étranger, largué une bombe dont les conséquences se font sentir jusqu’à présent, au point d’avoir une influence nocive sur la tripartite.
Les 504 jours sollicités par le président de la Ceni, à dater de l’enrôlement du dernier électeur, pour organiser finalement les élections, constituent assurément le nœud et le centre de cette rencontre. Une question qui doit être traitée avec beaucoup de délicatesse car, si l’on n’y prend garde, elle risque d’allumer le feu que l’on aura du mal à éteindre.
Corneille Nangaa a donc devancé l’objet de la tripartite, prenant ainsi Olenghankoy à contre pied. Comme le fameux Cnsa est une caisse de résonnance du pouvoir en place, de même que l’exécutif que dirige Bruno Tshibala, les trois institutions finiront par valider la position de la Ceni afin d’éloigner le plus possible les élections.
Nangaa oublie que c’est depuis décembre 2011 que le gouvernement et la Ceni savaient très bien qu’ils avaient la précieuse tâche d’organiser les élections dans cinq ans. Ce n’est donc pas à partir du dialogue de la Cité de l’Union africaine (septembre 2016) ou celui du Centre interdiocésain (décembre 2016) qu’ils ont eu la mission de conduire les Congolais aux urnes. Qui plus est, à la Cenco, il a signé l’accord qui exige la tenue des élections à la fin de l’année 2017.
En 2003, après le dialogue de Sun City, le gouvernement 1+4 et la Cei de Malu Malu ont réussi ce pari en trois ans, soit de 2003 à 2006. Ngoy Mulunda n’a eu besoin que de quelque 9 mois, après avoir pris la place de Malu Malu, pour faire de 2011 une année électorale. Pourquoi Nangaa se montre-t-il incapable de rééditer le même exploit ? Ca sent des pesanteurs politiques.
D’abord, il était prévu de se rendre à Kasangulu au Kongo Central pour tenir cette tripartite. Faute de moyens, cela n’a plus eu lieu chez les Ne Kongo. Preuve que l’exécutif n’entend nullement financer des activités susceptibles de favoriser l’alternance au sommet de l’Etat. Bien avant cela, une première tripartite était tenue à Kananga, sans que Joseph Olenghankoy n’en soit informé, selon ses propres termes.
De 504 à 190 jours
Aussitôt la bombe tombée dans leurs oreilles, les cadres du Mouvement de Libération du Congo se sont réunis d’urgence pour donner leur avis face à cette question. Après plusieurs jours des travaux, le MLC a estimé que dans 190 jours, on peut avoir des élections dans ce pays. Derrière ce timing, on sent la touche du professeur Jacques Djoli, ancien vice-président de la Ceni de Ngoy Mulunda, un technicien en la matière qui maîtrise excellemment bien la question liée aux élections en République démocratique du Congo.
Il est encore possible avant le 31 décembre
Balayant d’un revers de la main la proposition de Nangaa faite sur une terre étrangère, Delly Sessanga, coordonnateur de l’Alternance pour la République (AR) et président de l’Envol, estime qu’il est encore possible de tenir la présidentielle cette année, avant le 31 décembre. Avec une dose de volonté politique, ajoute-t-il, on peut y arriver.
Nangaa doit partir
Pour Martin Fayulu de l’Ecidé, vu l’incapacité démontrée par Corneille Nangaa de conduire la République démocratique du Congo aux élections, ce dernier doit purement et simplement rendre le tablier et céder le bâton de commandement à ceux-là qui seront capables de remplir cette mission avec succès dans le respect de la Constitution et de l’Accord de la Cenco.
Par LM