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Conseil des Droits de l’homme de Genève : Tous contre la candidature de la RDC

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Conseil des Droits de l’homme de Genève : Tous contre la candidature de la RDC

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157 ONGDH congolaises invitent les Etats membres à s’opposer à l’intégration du Congo-Kinshasa au sein de cette instance des Nations-Unies. HRW estime quant à elle que la prétention congolaise devrait être rejetée lors du vote prévu le 16 octobre 2017 à New York

Dans un communiqué conjoint daté du 12 octobre 2017, 157 ONGDH congolaises invitent les Etats membres des Nations-Unies à ne pas soutenir la candidature de la RDC au Conseil des Droits de l’Homme.

« Les Etats membres des Nations-Unies, y compris les membres du Groupe des Etats Africains, ne devraient pas voter en faveur de la République démocratique du Congo qui a posé sa candidature pour devenir membre du Conseil des Droits de l’Homme à Genève, car ceci enverrait un mauvais signal pour un pays qui est loin d’être exemplaire en matière de respect et de promotion des droits humains et ne remplit pas les conditions pour être élu au Conseil », déclarent, dans un document, 157 organisations congolaises de défense des droits humains.

Elles fondent leur motivation sur les graves violations des droits de l’Homme commises par les représentants du gouvernement et les forces de sécurité congolaises, constituant des atteintes graves à la mission dévolue aux membres du Conseil des droits de l’Homme, celle de consolider la protection et la promotion des droits de l’homme à travers le monde.

« Le gouvernement congolais devrait renverser la tendance sur son territoire en matière de respect et de promotion des droits de l’Homme en assurant que les auteurs des violations graves des droits humains à tous les niveaux répondent devant la justice, au cours des procès transparents et équitables afin de mettre fin à l’impunité », a déclaré Me Jonas Mulumba, de Justicia Asbl.

«Les atrocités commises dans la région du Grand Kasaï qualifiées récemment par la haute commissaire adjointe aux droits de l’homme de pire crise humanitaire dans le monde avec la présence de 87 fosses communes, 5000 morts et 1,6 millions des déplacés et réfugiés en l’espace d’un an, est le tableau que présente aujourd’hui la RDC », martèle-t-il.

Recul regrettable

Depuis janvier 2015, les ONGDH notent que le gouvernement congolais a enregistré un recul regrettable en matière de protection des droits civils et politiques, assurant une répression brutale à l’encontre de tous ceux qui se sont soulevés contre toute tentative de prolonger le maintien au pouvoir du président Kabila dont le mandat a expiré depuis décembre 2016, au-delà des limites fixées par la Constitution congolaise.

« La RDC qui a été placée sous surveillance par le Conseil des Droits de l’Homme en septembre 2016 suite aux violences commises dans le contexte des élections, notamment l’usage disproportionné de la force contre les manifestants exigeant le départ du président Kabila au terme de son second et dernier mandat le 19 décembre 2016, et les restrictions croissantes aux libertés fondamentales, ne peut avoir la prétention de siéger audit Conseil », a déclaré Me Jean Claude Katende de l’ASADHO. « Alors que des enquêtes sur sa responsabilité dans ces violations sont en train d’être menées par des enquêteurs du Comité des Droits l’Homme, la RDC ne peut être juge et partie », poursuit-il.

Elles déplorent de voir que le gouvernement de la RDC n’a pas pris, devant le Conseil des Droits de l’Homme, suffisamment d’engagements, notamment celui de poursuivre les auteurs de graves violations des droits de l’homme, pour faire respecter et protéger les droits de l’homme sur toute l’étendue de son territoire, comme le font en principe les pays qui se portent candidat au Conseil.

Plusieurs médias ont été fermés ou ont vu leur signal coupé, des journalistes et des agents humanitaires expulsés du pays ou ont vu leur visa non renouvelé sans motif convaincant. Ainsi donc, ces organisations congolaises et internationales de défense de droits humains signataires de ce communiqué conjoint appellent les Etats-membres des Nations-Unies à examiner la candidature de la RDC avec responsabilité et à ne pas voter pour la RDC, mais plutôt pour les pays qui font des efforts en matière de promotion et de protection des Droits de l’Homme.

L’Etat policier

 Par ailleurs, les organisations signataires déplorent le fait que les libertés de réunion et de manifestation soient suspendues sur la quasi-totalité du territoire national afin de restreindre l’exercice d’un droit fondamental garanti dans la législation congolaise. Les violences se sont accrues à travers le pays ces derniers mois, faisant des centaines de morts, y compris dans les provinces des Kasaï, du Tanganyika, Nord-Kivu, Kongo-Central et dans la capitale Kinshasa. De graves incertitudes face à l’avenir des droits de l’homme en RDC persistent au regard de la tendance croissante de la restriction de l’espace politique, des arrestations arbitraires et de la répression des manifestations pacifiques dans les prochains mois.

HRW : pas da place pour la RDC au Conseil des droits de l’homme

Human Rights Watch qui enfonce le clou, estime que la candidature congolaise devrait être rejetée lors du vote prévu le 16 octobre 2017 à New-York. Pour cette organisation, les Etats-membres de l’ONU ne devraient pas voter en faveur de la République démocratique du Congo lors de prochaines élections du Conseil des droits de l’homme, en raison des violations généralisées des droits humains commises par le gouvernement et de son manque de coopération avec les mécanismes des Nations-Unies dans le domaine des droits humains, a déclaré  Human Rights Watch dans un communiqué daté du vendredi 13 octobre 2017.

En effet, les élections annuelles pour pourvoir les 47 sièges du Conseil des droits de l’homme se tiendront à l’Assemblée générale des Nations Unies, à New York, le 16 octobre 2017. « Accepter la candidature de la RD Congo porterait atteinte aux principes fondateurs et à la crédibilité du principal organe des droits humains de l’ONU et à sa capacité à promouvoir le respect de ces mêmes droits », a déclaré Louis Charbonneau, directeur de plaidoyer auprès de l’ONU à Human Rights Watch. « Ce serait aussi un affront cinglant aux innombrables victimes des exactions du gouvernement et au travail des courageux activistes congolais. »

Liste fermée

La RDC, l’Angola, le Sénégal et le Nigéria figurent sur la « liste fermée » (« closed slate ») en vue de pourvoir les quatre postes réservés au Groupe africain au sein du Conseil, ce qui garantit pratiquement un siège à chacun. Cependant, dans la mesure où la majorité des suffrages exprimés est nécessaire pour être élu, la RD Congo pourrait se voir refuser un siège si la moitié des Etats-membres participant au vote s’abstiennent de voter en sa faveur, a fait remarquer HRW.

Par GKM

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