Le Syndicat des enseignants du Congo boycotte la rentrée scolaire
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Le SYECO demande aux parents d’élèves de garder leurs enfants à la maison pour raison de sécurité. Elle demande aussi aux Eglises d’être au milieu du village et aux enseignants de prendre leurs responsabilités en respectant le mot d’ordre. Toutefois
Le Syndicat des enseignants du Congo (SYECO) vient de déclarer « la non reprise des enseignements le lundi 4 septembre 2017 sur toute l’étendue de la République démocratique du Congo et ce, jusqu’à nouvel ordre ». L’information ressort de la déclaration syndicale à l’issue de l’Assemblée générale organisée, le mercredi 30 août dernier au siège national du syndicat basé à Kinshasa. Un seul point a été à l’ordre du jour, à savoir la situation socioprofessionnelle des enseignants et personnel de l’éducation à la veille de la rentrée scolaire 2017-2018.
La déclaration qui a été lue par la Secrétaire générale, Cécile Tshiyombo, entourée de trois Secrétaires généraux adjoints, dénonce le non respect de la promesse faite par le Premier ministre, Bruno Tshibala, de payer les salaires des fonctionnaires, enseignants et personnel de l’éducation au taux de 1452 FC le dollar dès la paie du mois de juillet devant les élus du peuple ; la persistance de nombreux enseignants non payés (NP) et de nouvelles unités (NU) à travers le pays ; la non sécurisation des salaires des enseignants payés par Caritas cas de Lubero, Rutshuru, Fizi, Punia et ailleurs et le non versement des fonds alloués à la Mutuelle de santé des enseignants de l’Enseignement Primaire, Secondaire et Professionnel (MESP).
Notons que le mot d’ordre a été lancé, après échanges entre les responsables du SYECO et les enseignants réunis en Assemblée générale. Tous ensemble, ils ont constaté « la mauvaise foi manifeste du Gouvernement de prendre à bras le corps leurs revendications légitimes », peut-on lire dans la déclaration. Toutefois, le SYECO reste ouvert à un dialogue constructif, indique la Secrétaire générale Cécile Tshiyombo.
Parents, églises, enseignants…interpellés
A l’issue de cette Assemblée générale, le SYECO a également lancé un mot d’ordre en demandant aux parents d’élèves de garder leurs enfants à la maison pour raison de sécurité parce qu’ils risquent d’être à la merci de la rue.
Concernant les Eglises, le syndicat veut qu’elles soient au milieu du village en privilégiant des solutions durables aux problèmes récurrents des enseignants par le gouvernement au lieu de soutenir la prise en charge des enseignants par les parents. Un système que le SYECO a qualifié d’odieux et de diabolique qui, malheureusement, a terni l’image de l’enseignement Congolais.
Aux enseignants, ils doivent prendre leur responsabilité en respectant le mot d’ordre de leurs syndicats respectifs et de rester à la maison. Cependant, le SYECO exhorte aux gestionnaires d’écoles d’éviter d’intimider les enseignants car le droit de grève est garanti et reconnu par la Constitution de la République en son article 39. S’agissant des associations des parents «sans base légale», note le SYECO, elles doivent cesser de s’interposer dans les problèmes des enseignants.
Une seule voix
Lors de cette Assemblée générale, les enseignants ont été, unanimes à reconnaitre la médiocrité de leur condition sociale. Ils ont souligné le non respect de la promesse du gouvernement d’ajouter la modique somme de 20.000 FC à leur paie du mois d’août 2017. Curieusement, l’engagement n’a pas été honoré, et craignent que cela ne soit plus payé. Ils ont notamment soutenu que ce petit montant proposé n’était qu’une insulte à leur égard.
« Nous pensons que les enseignants ont compris le mot d’ordre lancé par le SYECO. La situation des enseignants demeure très critique par rapport aux mensonges que le gouvernement a faits autrefois concernant l’indexation des salaires des enseignants au taux de 1452FC. C’est pour cette raison que nous avons décidé de ne pas reprendre le travail le 4 septembre prochain.
C’est une décision salutaire parce qu’aucun d’entres-nous n’a préparé la rentrée scolaire pour ses enfants. Nous sommes harcelés par nos bailleurs et il y a de divorce dans nos familles, la femme d’un côté, les enfants de l’autre. Comment reprendre le travail dans un tel état d’esprit ? Avec 100.000 FC de salaire, nous allons reprendre le travail pour quel intérêt ? », a déclaré Nkoy Belly, membre de SYECO.
Le SYECO qui soutient que le meilleur défenseur d’un droit, c’est le détenteur lui-même, promet des actions sur terrain. Pour la Secrétaire générale du syndicat, leur mouvement de grève reste légal étant donné que la procédure a été respectée. « Un préavis de grève avait été lancé au gouvernement en vue de lui permettre de trouver des solutions durables aux préoccupations des enseignants et personnel de l’éducation.
Malheureusement depuis lors jusqu’à ce jour aucune solution n’est apportée à ces problèmes », a-t-elle déclaré. Notons que c’est le 15 septembre prochain que le syndicat procédera à l’évaluation du mouvement de grève lancé à travers le pays.
Par Tantia Sakata