Après avoir été à la tête d’une délégation de l’Organisation des Nations Unies et de l’Union Africaine (UA), du 19 au 27 juillet dernier en République Démocratique du Congo et au Nigéria, la Vice-secrétaire générale de l’ONU, Mme Amina J. Mohammed, a rendu compte la semaine dernière au Conseil de sécurité de l’ONU. Cette mission était « la première en son genre » puisqu’elle était centrée exclusivement sur la problématique des femmes, de la paix, de la sécurité et du développement.

Lors de son intervention au Conseil de sécurité, Mme Mohammed a souligné que la RDC et le Nigéria ont de faibles niveaux de participation des femmes à la vie politique et se heurtent à des conflits caractérisés par des niveaux élevés de violences sexuelles. « En RDC, la violence sexuelle est généralisée.

Dans le nord du Nigéria, les enlèvements, les mariages forcés et l’utilisation des femmes pour commettre des attentats suicides ont de lourdes conséquences et, dans les camps, l’exploitation sexuelle, y compris sous la forme de nourriture contre des faveurs sexuelles, est une nouvelle tendance alarmante », a-t-elle relevé.

Crises humanitaires

En parlant de crise humanitaire, l’oratrice a fait savoir que la RDC et le Nigéria se heurtaient tous deux à de graves crises humanitaires. En RDC, sept millions de personnes ont besoin d’assistance et 3,8 millions sont déplacées, dit-elle. Et de préciser « il s’agit de la population déplacée la plus nombreuse en Afrique et l’une des pires situations au monde ». Tandis qu’au Nigéria, déclare Mme Mohammed, un conflit de huit ans dans le nord-est du pays a suscité un risque de famine et provoqué le déplacement de 1,9 million de personnes et elles sont 8,5 millions à dépendre désormais d’une assistance.

Malgré les engagements pris au cours de la Conférence d’Oslo, la Vice-secrétaire générale s’inquiète du fait que ces crises ne puissent trouver de réponse de la communauté humanitaire dans ses efforts suite à l’insuffisance des ressources disponibles. Au-delà des besoins immédiats, des solutions politiques intégrées au niveau régional seront nécessaires dans la mesure où ces deux crises sont enracinées dans les conflits, la pauvreté et les défis politiques, a préconisé Mme Mohammed.

Des violences perpétrées

Selon Mme Mohammed la situation en RDC était à la fois complexe et fragile, marquée par des violences perpétrées aussi bien par des acteurs étatiques et non étatiques. Ces derniers sont également responsables de trafic illicite de ressources naturelles et de tensions politiques. L’instabilité politique risque de s’approfondir sous peine d’une mise en œuvre intégrale de l’accord conclu le 31 décembre 2016, a observé Mme Mohammed. Elle a rappelé aux parties que l’ONU était prête à les soutenir à cet égard.

Évoquant l’avenir des femmes de Goma, alors que le camp de personnes déplacées qui s’y trouve vient d’être fermé, la Vice-secrétaire générale a dit avoir été informée que l’ONU n’avait pas les moyens ou la capacité de passer d’une phase d’assistance humanitaire à une phase de soutien aux communautés de réinsertion.

Pour rappel, ladite mission était composée des quatre Africaines, à savoir la Directrice exécutive d’ONU Femmes, Phumzile Mlambo-Ngcuka, la Représentante spéciale de l’ONU pour la violence sexuelle dans les conflits, Pramila Patten, et de l’Envoyée spéciale de l’Union africaine (UA) sur les femmes, la paix et la sécurité, Bineta Diop. L’objectif a été de promouvoir la paix en promouvant l’égalité, l’autonomisation et le bien-être des femmes.

La mission menée par la Vice-Secrétaire générale a également permis d’approfondir le partenariat entre l’ONU et l’UA dans la perspective de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de l’Agenda 2063 « L’Afrique que nous voulons ».

Par TSM