Evasions massives des prisonniers : LUCHA accuse Kinshasa
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Dans un document partagé avec la presse, la Lutte pour le Changement (LUCHA) s’interroge sur les causes des évasions massives et spectaculaires des prisonniers observés ce dernier temps à Kinshasa, dans la Prison centrale de Makala, au cachot du parquet de Matete, à Kasangulu ainsi qu’à Beni.
Ce mouvement citoyen tient le gouvernement congolais pour responsable de ces évasions et appelle la population à la vigilance.
Le gouverneur du Nord-Kivu, Julien Paluku, a annoncé dimanche 11 juin 2017 l’évasion de 930 prisonniers sur les 966 que comptait la prison de Kangbayi, dans la ville de Beni, au Nord-Kivu.
Parmi eux, des centaines de rebelles ougandais Adf-Nalu, redoutables criminels militaires et civils, membres des groupes Maï-Maï…
Un bilan macabre de 11 personnes tuées dont huit policiers affectés à la garde de la prison a été avancé. Pour la Lutte pour le Changement (LUCHA), il est difficile de comprendre comment des assaillants quels qu’ils soient ont-ils pu attaquer une prison censée être sous haute sécurité, en pleine journée.
L’attaque de la prison centrale de Beni a eu lieu dimanche vers 15h30, dans une ville aussi hypermilitarisée que Beni où des milliers de militaires FARDC et des Casques Bleus de la MONUSCO prétendent être en opération, regrette ce mouvement citoyen.
Comment autant de prisonniers et leurs » libérateurs » ont pu traverser la ville et s’évanouir dans la nature, tels des écoliers dans une cour de récréation?
Alors, quand Julien Paluku parle de » prisonniers libérés » et non évadés, on est forcément porté à le croire, s’interroge-t-il.
Kinshasa donne le go
Il y a quelques jours, deux cachots de Kinshasa-Matete étaient vidés de détenus après l’attaque d’un commissariat de la police et d’un parquet par » des hommes armés non autrement identifiés « .
Toujours à Kinshasa, il y a trois semaines, les habitants s’étaient réveillés en apprenant qu’entre cinq mille et six mille prisonniers s’étaient mystérieusement échappés de la Prison centrale de Makala, malgré la présence d’au moins deux camps militaires dans les environs.
Le ministre de la justice, Alexis Thambwe Mwamba, avait menti publiquement en donnant un bilan d’une cinquantaine d’évadés.
Le jour suivant, c’était au tour de soixante-dix détenus de la prison de Kasangulu, à une quarantaine de kilomètres de Kinshasa, dans la province du Kongo-Central, de prendre le large.
Des prisonniers « libérés » par qui et pour quelle fin ?
Pour LUCHA, les évasions des prisonniers et détenus sont très courantes en RDC. Mais jamais elles n’ont eu une telle ampleur en nombre d’individus et de villes touchées, dans l’intervalle de quelques semaines.
» Nous nous posons la question de savoir si ce phénomène est anodin, ou s’il s’agit d’un autre des nombreux moyens mis en œuvre pour créer ou amplifier le chaos sécuritaire à des fins politiques « , s’interroge LUCHA.
A en croire cette structure, » un président de la République et un gouvernement responsables auraient rendu des comptes, sanctionné les manquements manifestes, et pris des mesures préventives appropriées « .
Et d’ajouter : » un parlement démocratique et soucieux de la sécurité des citoyens aurait usé de tous les moyens pour exiger des comptes.
Une justice au service du peuple aurait mené des enquêtes sérieuses sur ces évasions massives dont on verrait déjà les résultats. Mais jusqu’alors, rien de tout cela ne s’est produit « .
Pour la LUCHA, les plus hautes autorités du pays doivent être tenues pour responsables de ces actions criminelles.
Par Godé Kalonji