Grâce au financement du Fonds Mondial, VIH/SIDA: lancement du projet pilote en faveur des jeunes
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Le ministre de la Santé publique, Dr Only Ilunga Kalenga a procédé le vendredi 2 juin 2017 à Kinshasa au lancement du projet pilote portant sur la réduction de la vulnérabilité des adolescentes et des jeunes femmes au VIH en République Démocratique du Congo. Le slogan retenu pour ce faire est «lève ta voix, engage-toi contre les violences et le VIH/Sida chez les adolescents et les jeunes femmes».
Ce projet est le résultat de l’enquête démographique et de santé (EDS) 2012-2013 démontrant que la prévalence du VIH double chez les femmes entre 25 et 30 ans. Il s’avère donc que l’adolescence et le début de la vingtaine (particulièrement la période allant de 15 à 24 ans) sont des périodes cruciales pour la prévention du VIH. Face à ces statistiques, le ministre de la Santé publique soutient que tout le mondedoit être interpellé afin de pouvoir agir.
Il s’agit du pouvoir public, les partenaires de la RDC et particulièrement les professionnels de la santé, et les experts. Le patron de la Santé en RDC, reconnaît que le lancement du projet marque une nouvelle ère dans la mise en œuvre du Programme National de Lutte contre le VIH/Sida (PNLS) depuis sa mise en place, en 2001.
Le Dr Ilunga a noté, par ailleurs, la vulnérabilité de la femme face à la pandémie du Sida, avant de marteler sur la sensibilisation de cette catégorie d’âge, et aussi de demander aux personnes présentes à la cérémonie à devenir des acteurs engagés pour accompagner ledit projet.
« Les chiffres avancés illustrent également l’ampleur du défi pour le gouvernement de la République qui s’est engagé à conduire le pays sur la voie des générations sans Sida », a-t-il informé. Selon lui, il y a également la nécessité d’éliminer la transmission du virus de la mère à l’enfant.
C’est dans le cadre de sa stratégie de lutte contre les inégalités et barrières liées au genre que le Fonds Mondial (FM) de lutte contre le Sida, la Tuberculose et le Paludisme s’est engagé à financer le projet pour un montant estimé à 2,5 millions de dollars américains au cours de la première année, et prévoit un prolongement pour les trois années à venir, soit de 2018 à 2020.
Son Régional Manager, Michael Byrne a précisé que le FM s’est investi pour protéger les jeunes, surtout les femmes qui sont les plus touchées par le Sida. Et d’ajouter « nous devons lutter ensemble afin d’amener le changement de mentalité, donner des opportunités et améliorer la qualité de vie de cette population ».
Le Responsable VIH pour la RDC au FM, Mme Bintu Toure reste optimiste quant à la continuité dudit projet après les trois années d’exécution, tout en espérant sur l’augmentation du budget concernant les années à venir. La dame a mis l’accent sur l’information et la sensibilisation des personnes concernées pour prévenir les inégalités et les violences basées sur le genre. Il est également question d’assurer la santé mentale et physique des jeunes filles et garçons.
Le médecin Directeur du PNLS, Franck Fwamba qui a fait parler les statistiques, mentionne une inquiétude s’agissant des adolescents et des jeunes filles qui sont plus contaminées que les garçons.
Un mémo des jeunes de la RDC
Au cours de la cérémonie, les jeunes Congolais ont adressé leur mémorandum au gouvernement ainsi qu’aux différents partenaires. A travers ce document, ils exigent notamment la modification de la loi 08/011 du 14 juillet 2008 portant protection des droits des personnes vivant avec le VIH/Sida et des personnes affectées, précisément dans ses articles 37 et 39 sur le dépistage afin d’améliorer l’accès des adolescents et des jeunes femmes dans des services adaptés pour eux ; la formation des prestataires sur l’approche adaptée aux adolescents et jeunes pour leur prise en charge spécifique ; la réduction des violences basées sur le genre en milieu scolaire et professionnel, et d’augmenter le nombre des mécanismes juridiques pour la prise en charge des victimes de viol.
Plusieurs activités annoncées
Dans un premier temps, ce projet pilote sera exécuté dans la ville de Kinshasa par CORDAID/RDC et au Kasaï Oriental par SANRU. Ce choix se justifie par rapport à la prévalence au VIH de femmes dont l’âge varie entre 15 et 24 ans.
A en croire l’Assistante chargée des questions des violences sexuelles basées sur le genre et communication à CORDAID, Mme Jeannette Kamuisi, ils vont travailler premièrement avec trois zones de santé à savoir Kintambo, Makala et Kalamu 1.
Ainsi, les victimes de viol vont bénéficier d’une prise en charge médicale, juridique et psychosociale. « Nous disons aux jeunes et à la communauté de dénoncer le viol parce que c’est ça le début de la prise en charge. En faisant le lien entre le viol et le VIH, nous disons que c’est l’une des violences sexuelles qui est à la base de la transmission du virus de Sida. C’est pourquoi, les jeunes filles violées ne peuvent pas se taire, mais doivent plutôt dénoncer dans les 72h, après le viol, pour une assistance médicale. La victime qui arrive dans ce délai, réduit les risques de la contamination au VIH», a-t-elle insisté.
Mme Kamuisi a fait savoir qu’une série d’activités sera organisée pour sensibiliser cette jeunesse du fait qu’il y a une maladie qui la guette. Son Organisation, déclare-t-elle, travaillera avec des écoles, des églises et des structures des soins parce que ces milieux regorgent la tranche d’âge sexuellement active.
Une grande rencontre avec des jeunes
Le samedi 3 juin, le stade Velodrome de Kintambo a abrité une grande rencontre de sensibilisation et de communication à l’intention des jeunes. Plusieurs musiciens et comédiens de la capitale ont agrémenté cette journée. Un numéro gratuit 472222 a été mis à leur disposition afin de dénoncer d’éventuels bourreaux.
Le Coordonnateur Provincial de PNLS, le Dr Ntangu Paul a sollicité l’implication de ces jeunes et fait savoir que le VIH/Sida est une réalité. « Ce projet vous concerne, à vous de le capitaliser par votre engagement sans lequel, il n’y aura pas de réussite », a-t-il dit.
Le bourgmestre de la commune de Kintambo, Didier Tenge Te-Litho, ayant lancé à son tour les activités du projet dans sa juridiction, a mis les jeunes face à leur responsabilité. Avant de leur recommander la prudence, il leur a conseillé de pouvoir dénoncer et refuser les mauvais conseils de leurs amis pouvant les amener à contracter la maladie.
S’agissant des jeunes interrogés, ils ont promis leur engagement et comptent dénoncer le viol et le harcèlement sexuel dans leur milieu. « Ma participation sera de dénoncer les violences dans mon milieu parce que je compte apporter mon aide aux gens subissant la violence », a informé un élève Nathan Mbiya.
Notons que les ministères du Genre, de la famille et de l’enfant et de la Jeunesse et de la nouvelle citoyenneté ont été également associés à ce projet pilote.
Par Tantia Sakata