Après l’ouverture des investigations sur Clément Kanku : Le PGR poussé à se saisir de tous les dossiers sensibles
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L’ACAJ qui exhume ces révélations, souhaite que le Parquet général s’en saisisse avec diligence. Des scandales mis sur la place publique par des journaux locaux doivent également faire l’objet d’enquêtes
La précipitation avec laquelle le dossier Clément Kanku a évolué, attire l’attention de plusieurs observateurs. Au lendemain de la parution de New-York Times, le Procureur général de la République a immédiatement annoncé l’ouverture d’une enquête pour vérifier si, effectivement, ce député national est trempé dans les massacres du Kasaï et du meurtre des deux experts de l’ONU.
Pourtant, bien des dossiers sensibles sont passés inaperçus au parquet, sans qu’il y ait des réactions immédiates comme c’est le cas avec cet ancien ministre de Coopération et de développement sous Samy Badibanga. Dans un communiqué hier mercredi 24 mai 2017, l’Association congolaise pour l’accès à la justice (ACAJ) a pris note de l’annonce faite par le Procureur Général de la République de l’ouverture d’une enquête sur les révélations du quotidien américain New-York Times impliquant le député Clément Kanku dans les exactions commises au Kasaï.
L’ACAJ rappelle au Procureur Général de la République la nécessité d’enquêter aussi sur les révélations faites par les mêmes médias, il y a plusieurs mois, sur les Panama Papers, détournements des fonds publics à la BGFI Bank ainsi que l’affaire des passeports congolais.
« Le Procureur Général de la République a l’obligation légale de mener les enquêtes indépendantes et exhaustives sur toutes les révélations de détournements, corruption et blanchiment des capitaux et poursuivre devant les cours et tribunaux surtout ceux qui en portent la plus haute responsabilité », déclare Me Georges Kapiamba, président de l’ACAJ. « Ne pas agir c’est commettre une abstention coupable et gravement préjudiciable à la Nation », a-t-il conclu.
L’opinion rappelle que même des journaux locaux prennent souvent des risques de mettre sur la place publique des dossiers aussi sensibles, mettant en cause des dirigeants du pays, responsables d’entreprises, autorités militaires… sans que le Procureur général n’accorde une attention particulière comme c’est le cas avec ce média étranger.
Plusieurs syndicalistes ont révélé des catastrophes financières dans lesquelles versent certains patrons d’entreprises publiques, sans que la justice ne s’en émeuve. Des députés nationaux dénoncent également plusieurs abus, sans suite favorable. Pourtant, le Procureur devrait se saisir de tous ces cas pour ouvrir des enquêtes et avoir toute la lumière.
La tristement célèbre histoire de la fosse commune de Maluku n’a jamais connu d’issue, alors que plus de 450 personnes y sont entassées en toute illégalité. Des Congolais versent leur sang à l’Est quasi tous les jours, les assassins circulent paisiblement dans cette partie du pays.
Que désignent les Panama Papers
Pour rappel, les Panama Papers désignent la fuite de plus de 11,5 millions de documents confidentiels issus du cabinet d’avocats panaméen Mossack Fonseca, détaillant des informations sur plus de 214 000 sociétés offshore et les noms des actionnaires de ces sociétés. Parmi eux se trouvent notamment des hommes et femmes politiques de la RDC, soupçonnés d’avoir commis des actes de détournement et blanchiment des capitaux.
Les 29 et 30 octobre 2016, le journal belge « Le Soir » paru sous n° 254 a révélé les noms de plus hauts responsables de la CENI, de la Banque Centrale et de la Gécamines qui auraient joué un rôle indispensable dans la corruption, détournement des fonds publics à la banque BGFI Bank. L’ACAJ avait prié le Procureur Général de la République à y enquêter suivant sa lettre n° 81/ACAJ/PN/GN/2016 du 31 octobre 2016.
Le 19 avril 2017, l’ACAJ a prié le Procureur Général de la République, par sa lettre n° 32/ACAJ/CP/VK/2017, d’enquêter sur les révélations faites par l’Agence Reuters sur les détournements relatifs à la vente de passeport congolais.
Par LM